dry and cracked ground texture

Quel stress !

Il y a les insectes, les acariens, les maladies cryptogamiques, les mauvaises herbes… Les événements climatiques extrêmes de 2022 nous ont rappelé qu’à ces risques pour la santé des cultures, s’ajoutent une cohorte de stress non biologiques dits « abiotiques ». Ce sont les excès de sécheresse, mais aussi de chaleur, de froid, d’eau, de pH, d’aluminium ou de sel… Ces stress sont appréhendés de longue date. Les champs qui subissent l’hydromorphie sont drainés. Les excès de pH sont corrigés par des apports de calcium. Les terres salinisées sont amendées de gypse, l’irrigation s’est déployée… Cependant, le champ des réflexions au sujet des stress abiotiques s’élargit. De nouvelles connaissances ont par exemple montré que le potassium joue un rôle de protection et de récupération des plantes en cas d’inondation. On sait aujourd’hui que les plantes ont développé des formes d’intelligence et de communication pour pouvoir s’adapter à leur environnement, par exemple en cas de sécheresse. Les plantes sont notamment capables d’entendre l’eau couler, comme l’a bien démontré cette nouvelle science, baptisée neurobiologie végétale. Lorsqu’on isole phoniquement les drains, ceux-ci ne sont plus obstrués par les racines. Les premières découvertes en neurobiologie végétale pourraient ouvrir un boulevard d’applications pour favoriser la santé des cultures aux stress abiotiques. Des bouleversements non moins importants sont attendus du côté de l’étude des microbiotes, des semences, des tiges, des feuilles, des fleurs, des racines et du sol… Le marché des biostimulants propose déjà des solutions pour accroître la résistance des cultures aux sécheresses par exemple. Même s’il est difficile de se repérer dans un marché aussi bouillonnant qu’opaque, les mécanismes de stimulation des défenses naturelles des plantes ou de stimulation des sols reposent sur des bases scientifiques. La capacité des plantes à mycorhizer peut permettre aux plantes d’accéder à des réservoirs d’eau et de nutriments inaccessibles aux racines. Comme l’explique le microbiologiste français Marc-André Selosse dans son récent livre « L’origine du monde », les premiers végétaux terrestres n’avaient pas de vraies racines, mais des tiges étalées en symbiose avec des champignons. Depuis lors, les systèmes racinaires des plantes ont continué d’évoluer en partenariat avec les champignons des sols. Même si les crucifères et la betterave ont perdu cette capacité de mycorhization, le reste des plantes cultivées mérite qu’on y porte attention.

Dans les années à venir de nouvelles pratiques et de nouveaux outils sont donc amenés à se déployer encore sur le terrain dès lors qu’ils auront fait leur preuve. Les ETA qui accompagnent depuis toujours le déploiement de l’innovation en agriculture pourraient alors avoir un rôle à jouer. Des initiatives ont déjà eu lieu en ce sens. 


Alexis Dufumier
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