La FNSEA et Chambres d’Agriculture France débutent l’année avec un agenda d’ores et déjà chargé. Outre les nombreux dossiers d’actualité à traiter « pour stopper le déclin de l’agriculture française, et de l’élevage en particulier », les deux institutions vont enchainer deux campagnes électorales : celle des élections européennes qui se dérouleront le 6 juin prochain puis celle des élections des représentants des Chambres d’agriculture du début de l’année prochaine.
Au mois de juin prochain, la France élira pour cinq ans 81 députés sur les 720 qui siègeront au Parlement européen de 2025 à 2029. Une fois élus, ils se répartiront entre les différentes commissions de l’assemblée.
« Mon vœu est qu’il y ait le plus possible d’élus français compétents pour traiter des sujets agricoles au Parlement européen et au sein de la commission Agriculture et développement rural, quelle que soit leur obédience politique », a déclaré Arnaud Rousseau, président de la FNSEA lors de la première conférence de presse de l’année. Aussi, il veillera à ce que les différents partis présenteront des candidats sensibilisés par les questions agricoles.
A Dunkerque, les 26, 27 et 28 mars prochains, les élections européennes seront du reste au menu des débats du prochain congrès de la FNSEA, à moins de 250 km du Parlement européen de Bruxelles!
Sébastien Windsor, président Chambres d’Agriculture France (ex Assemblée permanente des chambres d’agriculture – APCA) comptent sur la mobilisation des agriculteurs pour élire des députés européens qui défendront leurs intérêts.
A ce jour, la Commission Agriculture et développement rural du Parlement européen comprend 48 membres. Présidée par Norbert Lins, député allemand membre du PPE (droite), elle comprend quatre députés européens français (par ordre alphabétique) : François Biteau (Verts/ALE), Jérémy Decercle (Renew/Renaissance ; ancien président Jeunes Agriculteurs), Gilles Lebreton (ID/Rassemblement national) et Anne Sander (PPE/Les Républicains).
Christophe Clergeau (S&D/Parti socialiste), Claude Gruffat (Verts/ALE), Irène Tolleret (Renew/Renaisssance) sont des membres suppléants de la commission Agriculture et développement rural.
Au cours de la prochaine législature 2025-2029, le Parlement européen devra négocier et voter le prochain cadre financier pluriannuel pour la période 2028-2033 de l’Union européenne et la réforme de la Politique agricole commune post 2027. Aujourd’hui, le budget agricole représente 30 % du budget européen.
Pendant la prochaine mandature, la prochaine Commission européenne entamera aussi les négociations d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. Or la production agricole du pays équivaut à un quart de la production agricole des Vingt-sept Etats membres et les normes en vigueur ne sont très éloignées de celles qui sont appliquées par les Vingt-sept pays membres.
Selon Arnaud Rousseau, il faudra 100 milliards d’euros pour intégrer l’Ukraine dans le marché agricole européen. « Mais sans remettre en question l’adhésion du pays, il n’est pas question de sacrifier le budget de la Pac pour financer l’entrée de ce 28ème état membre ! », prévient-il.
Dès son entrée en fonction, le prochain Parlement européen aura aussi en charges des dossiers qui n’ont pas été réglés sous la présidence espagnole de l’Union européenne et durant toute la mandature qui s’achève: les NBT (nouvelles technologies génétiques), le traité d’échanges commerciaux sur le Mercosur, le loup, les clauses miroirs, l’accord commercial avec l’Australie ou encore la directive IED sur les émissions industrielles.
Dans quelques semaines, Chambres d’agriculture France et la FNSEA présenteront chacune une plateforme à tous les partis qui présenteront des listes de candidats aux prochaines élections européennes.
La Plateforme de la FNSEA sera plus politique alors que celle ce Chambres d’Agriculture France portera davantage les actions des Chambres d’Agriculture d’accompagnement et de conseil des agriculteurs. Il faut aussi relancer l’élevage. Toutes les filières animales sont en perte de vitesse. Or ce que les Français et les Européens ne consomment pas, ils l’importent. En France, si on veut que les prairies ne soient pas retournées pour stocker du carbone organique, il faut rendre l’élevage plus attractif ! Les prairies sont préservées là où il y a des éleveurs de ruminants. Si elles ne sont plus pâturées dans les régions où les agriculteurs ont abandonné l’élevage, ces derniers les transforment en champs de céréales….elles ne stockent plus alors de carbone organique.
Selon les deux présidents de la FNSEA et de Chambre d’Agriculture France, le Green Deal devra être revu car ses objectifs définis en 2019 s’inscrivent en contradiction avec les objectifs de souveraineté et de compétitivité affichés par la Commission européenne depuis la crise de la Covid, l’entrée en guerre de l’Ukraine et la flambée des cours des matières premières. « La baisse de 15 % de la production agricole européenne est complètement incongrue, affirme Arnaud Rousseau. Le taux de jachère de 4 % est inaudible ! ».
A peine les élections européennes passées, les syndicats agricoles et Chambres d’Agriculture France embrayeront une nouvelle campagne électorale, celle des représentants des Chambres d’agriculture réélus tous les six ans.
Les dernières élections se sont déroulées en 2019. L’enjeu de ces élections du mois de janvier 2025 est la représentation des syndicats au sein des assemblées des chambres d’Agriculture. Un projet de décret prévoit d’exclure du vote les agriculteurs à la retraite depuis plus de douze ans. Ils ne pourraient plus élire leurs représentants au collège « anciens exploitants ». Par ailleurs, une nouvelle clé de répartition des fonds alloués pour financer le fonctionnement des syndicats agricoles au cours des six prochaines années est à l’étude: 50 % des soutiens seraient alloués en fonction du nombre de voix obtenus et 50 % en fonction du nombre d’élus. Jusqu’à présent, elle cette clé de répartition était 75 %- 25 %.
Chambres d’Agriculture France et la FNSEA comptent sur une grande participation des agriculteurs à ces élections professionnelles. L’ex-APCA pourrait s’appuyer sur son ouvrage « 100 projets pour demain » pour offrir offrant un panorama des réalisations les plus innovantes et durables initiées par les entités départementales et régionales.
Ce livre sera publié prochainement à l’occasion des 100 ans des Chambres d’Agricultures créées en 1924 (https://100ans.chambres-agriculture.fr/).
Les Chambres d’agriculture entameront leur second siècle d’existence dans l’ère du numérique avec des assemblées départementales, régionales et nationales renouvelées au début de l’année prochaine pour six ans.
Légende photo de tête: Sébastien Windsor, président de Chambres d’Agriculture France (@Chambres d’Agriculture France)