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Pulvérisation optimisée avec buses et micronisation

Le changement de buse automatique nécessite une calibration pointue pour garantir une micronisation homogène dans toute la parcelle.

Optimisation de traitement : buses et micronisation

L’accompagnement  pour  améliorer   l’efficacité d’un traitement ne doit pas passer par des recettes toutes faites  et  trop  souvent  simplistes.  Une  buse à induction d’air ne garantit pas forcément une réduction de dérive, tout comme une buse à fente classique, quelle que soit son modèle, n’impose pas une qualité de couverture suffisante. Les confusions entre bas-volume et réduction de dose continuent de se propager tandis que l’on attend des technologies et automatismes qu’ils compensent nos lacunes en pulvérisation. Traçons ensemble les règles fondamentales qui gouvernent le choix de la combinaison buse-pression-vitesse-volume.

Lorsque vient le moment de régler la pression du pulvérisateur, bon nombre d’applicateurs se  réfèrent au tableau de débit de buses ou aux applications mobiles des constructeurs.  S’il  l’on  suit  l’exemple du tableau de débit Teejet ci- après  : un opérateur qui souhaite appliquer 150L/ha à la vitesse  de  8 km/h avec des buses  bleues  (calibre  03)  s’impose de positionner son manomètre à un peu plus de 2 bars. Dans le cas fréquent ou la régulation DPAE va contrôler le débit dans la  parcelle, l’application est donc assurée sans erreur de dosage. Cependant, rien ne garantit que la qualité de couverture soit suffisante pour  le mode d’action du produit. De plus, par cette approche, nous ignorons si la dérive est correctement contrôlée pour atteindre les exigences réglementaires à  proximité des eaux de surface.

Désolé, la taille ça compte

Les préconisations de choix de pression devraient d’abord s’axer selon  la  taille  des  gouttes  désirée. C’est à l’opérateur de déterminer ce critère en fonction du mode d’action du produit et des conditions d’applications. Lorsque le  vent  est  sage et l’hygrométrie généreuse, il  est  alors  possible de viser une taille  de  gouttes  comprise  entre  200 et 300 µm de diamètre. Cette taille moyenne est classée selon une normalisation internationale ASABE s572.1 (voir tableau ci- après). Retenez dans ce cas de traitement favorable qu’il s’agit d’une micronisation de gouttes située entre les classes M (Medium) et C (Coarse). Si le vent se lève au- delà de 10 à 15 kilomètres à l’heure et que la pulvérisation n’est pas différable, on cherchera  à  former des gouttes de  plus  de  400  µm  de  diamètre,  soit la taille VC (Very Coarse). Enfin, certains produits racinaires, dont l’efficacité dépend plus de l’humidité du sol que de la densité d’impact, pourront être  appliqués avec des gouttes de classes VC à UC selon les conditions météorologiques et les respects de ZNT imposées. En reprenant l’exemple de l’applicateur précédent, son traitement aurait été réalisé avec une taille de gouttes surement trop généreuse, au- dessus de 600 µm (classe UC).

Dans ce tableau, le busier présente le débit d’un seul modèle de buse à induction d’air. La taille de gouttes est indiquée par une couleur et une lettre en fonction de la pression de chaque calibre

On obtiendra donc une micronisation inférieure à 400 µm (classe VC) avec la même buse à 6.5 bar, si l’accroissement de vitesse est possible au- delà de 14 km/h. Dans le cas contraire, c’est le calibre qui devra être modifié pour viser une pression de bars avec une buse 025 de couleur  lilas. Dans ce dernier cas, l’objectif de traitement de150 L/ ha à 8 km/h est toujours respecté. 

La normalisation internationale ASABE classifie la taille des gouttes formées pour chaque buse selon sa pression d’utilisation.

Le choix de calibre lors de l’achat de buses n’est pas à prendre à la légère. Bien au-delà des seules contraintes de vitesses et de volumes appliqués, c’est surtout la plage de taille de gouttes réalisables qui doit prévaloir. Lors de sessions de formations à l’optimisation de traitement, des échantillons de buses me permettent de comparer des pressions, volumes, et vitesses habituellement pratiquées par les agri- culteurs présents. Le débat est souvent centré sur le volume ou le modèle de buse idéal. L’utilisation de papiers hydrosensibles me permet de comparer ces conditions d’applications et d’illustrer l’importance du choix de la pression pour un même calibre de buse. Il est fréquent d’entendre qu’une buse homologuée pour la réduction des ZNT sera aussi couvrante qu’une buse classique en accroissant sa pression d’utilisation. J’entends encore quelques opérateurs assurer que la dérive d’une buse à fente classique peut être compensée par un volume de bouillie plus important. Quelles que soient nos croyances, je vous  laisse comparer vos tableaux de buses pour y retrouver les tailles de gouttes adéquates. Les étonnements ou déceptions sont malheureusement souvent confirmées par des tests sur papiers hydrosensibles.

Vos papiers s’il vous plait

La comparaison d’un même volume par hectare ou d’un même calibre permet de visualiser directement l’impact sur la qualité de couverture

La qualité d’un traitement dépend principalement de la densité d’impacts de gouttes sur chaque cm² de la cible. Seuls les produits fongicides de contacts exigent un taux de couverture supérieur à 15 ou 20% pour garantir une protection suffisante. Les insecticides et désherbants systémiques présentent des efficacités suffisantes si la totalité de la bouillie est appliquée sur le feuillage à plus de 30 à 40 impacts par cm². En excluant la dérive, cet objectif peut être atteint avec des gouttes de plus de 300 µm (classe C et VC). Pour les produits fongicides et herbicides de contacts, la densité devra dépasser les 70 à 80 impacts par cm². Dans ce cas, il est donc plus efficace de viser une taille de gouttes inférieure à 250 µm en réglant une pression qui place la buse en classe M. La micronisation est alors plus exposée à la dérive. C’est encore et toujours les conditions climatiques qui primeront sur la qualité de vos traitements. Pour s’assurer que vos buses et manomètres répondent à ces exigences, il est important de contrôler la couverture par l’utilisation de papiers hydrosensibles. Avec de l’eau claire sur un sol nu, il est possible de prédire la réussite ou l’échec d’une application dès les premiers tours de roues. Grâce à ces feuilles réactives, il n’est plus nécessaire d’attendre plusieurs jours ou d’allumer un cierge pour savoir si le traitement est réussi.

Le placement des papiers de contrôle sur jalons permet de simuler une cible verticale (épi) pour des traitements contre la fusariose par exemple.

La technologie assiste mais ne remplace pas

Les pulvérisateurs bénéficient de nombreuses innovations depuis plusieurs années. La prise en compte des enjeux environnementaux et économiques ont amené les utilisateurs à améliorer leurs pratiques liées aux pesticides. Les porte-buses à commandes pneumatiques ou électriques sont un bel exemple d’adaptabilité aux contraintes de ces chantiers exigeants. Le changement d’un calibre de buse en cours d’application adapte la pression désirée en fonction du spectre de taille de goutte optimale. On améliore considérablement la plage de vitesse possible ou de volume /ha pulvérisé. Même si tous les constructeurs et busiers proposent des solutions pour améliorer la micronisation et donc la couverture du traitement, il est souvent difficile de lutter contre les limites de dérive et d’évaporation. Même avec les automatismes les plus évolués, l’étalonnage de la plage de pression régulée devra être imposé par vous opérateur, pour conserver vos exigences de taille de gouttes.

Auteur: Julien Herault

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