Petits par la taille, mais grands par les dégâts engendrés, les insectes peuvent grandement pénaliser le rendement de votre maïs. Rappel sur la prévention et les interventions pour limiter les risques.
Alors que pour les adventices, seul le début de cycle est une période où la culture peut être pénalisée, face aux insectes, le début comme la fin de cycle peuvent être perturbés. En début de cycle, ce sont les insectes du sol, taupins et géomyzes qui peuvent causer des dégâts. En fin, ce sont les insectes foreurs, pyrales et chrysomèles, qui sont à craindre.
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Réussir son maïs grain pour la campagne 2024
Les larves de ce coléoptère s’attaquent aux organes souterrains, pénalisant fortement le rendement. Arvalis estime que des dégâts sur 10% des pieds entrainent une perte de 5 à 10 q/ha. Il n’y a pas de traitement curatif. L’arsenal de protection s’est beaucoup réduit. Il se limite désormais aux micro-granulés à base de pyréthrinoïdes (cyperméthrine et lambda-cyhalothrine).
Pour une bonne efficacité, il est nécessaire de les appliquer avec le diffuseur proposé par le fournisseur de micro-granulés. De plus, il faut veiller à la bonne installation du diffuseur, qui est propre à chaque marque et à chaque semoir. Cette bonne installation assure une répartition optimale des micro-granulés pour protéger la semence, mais aussi les collets des plantules, qui sont la zone d’attaque des larves de taupins.
À noter que les produits à base de lambda-cyhalothrine apportent également une certaine protection dans les parcelles exposées à des risques de scutigérelles, à condition d’être utilisés en combinaison avec des méthodes agronomiques (sol rappuyé, engrais starter).
Les géomyzes sont des petites mouches principalement présentes en Bretagne et dans l’ouest (Pays de la Loire et Basse-Normandie). Une seule solution est à ce jour homologuée, le traitement de semences Lumiposa (cyantraniliprole). Celui-ci a obtenu à nouveau une dérogation pour une utilisation pour les semis 2023. Il ne peut être utilisé sur les parcelles drainées ou dans des périmètres de protection des captages. Des essais en Bretagne ont démontré l’intérêt de cette protection face à des attaques de géomyzes, avec des efficacités allant de 50 à 65%. Ce traitement de semences est efficace uniquement sur géomyzes, son intérêt n’ayant pas été mis en évidence face aux taupins. Contrairement à l’usage de micro-granulés avec diffuseurs ayant une efficacité sur les deux ravageurs.
Le traitement de semences Lumiposa a également montré son efficacité contre les mouches du semis, ou oscinies.
En fin de cycle, ce sont les papillons foreurs, pyrales et sésamies, qui sont à craindre. En creusant des galeries, leurs larves causent des dégâts, qui affaiblissent les pieds et consomment les épis. De plus, leurs galeries sont des portes d’entrée pour les champignons du genre fusarium. La première étape de lutte débute lors de la campagne précédente par le broyage et l’enfouissement des cannes.
Les bulletins de santé du végétal donnent une idée des vols de pyrale zone par zone, ce qui permet d’organiser la lutte contre la 1ʳᵉ génération pour limiter les dégâts et le nombre d’insectes, donc la nuisibilité, de la 2ᵉ génération.
Au tout début des vols de pyrales, le lâcher de trichogrammes permet de limiter la proportion d’œufs viables. Cette protection en biocontrôle consiste à déposer de minuscules guêpes, qui vont pondre leurs œufs dans ceux des pyrales, les empêchant d’éclore. En complément, dans les zones à fort risque, il est recommandé d’appliquer des insecticides foliaires (Coragen ou pyréthrinoïdes), au pic de vol pour viser les œufs et jeunes larves. Une fois que les larves ont pénétré dans la tige, il n’y a plus de solution curative.
Le risque sésamies est essentiellement localisé au sud d’une ligne Vendée / Drôme. Les régions plus au nord sont, pour l’instant, protégées par la sensibilité des sésamies aux températures froides de l’hiver.
Face aux sésamies, la lutte est plus délicate car les papillons déposent leurs œufs dans les gaines des feuilles, où ils sont difficilement accessibles aux produits. Il est recommandé d’intervenir dès les observations de vol de la 1ʳᵉ génération, pour limiter la nuisibilité de la 2ᵉ génération, qui arrivera à un stade limite pour le passage du tracteur. Une seule application d’insecticides peut suffire, mais le fractionnement est en général plus efficace car le vol de la 1ʳᵉ génération est souvent assez étalé. Les traitements efficaces contre les pyrales ont l’avantage d’avoir aussi une action face aux sésamies.
En Alsace et dans certains secteurs de Rhône-Alpes (marais de Bourgoin-Jallieu, vallée du Grésivaudan et Combe de Savoie), les populations de chrysomèle sont désormais abondantes. Leurs larves vont occasionner des dommages au système racinaire, ce qui augmentera l’exposition de la plante au stress hydrique et à un risque de verse.
Leur surveillance doit être réalisée à l’aide de pièges chromatiques – ou pièges jaunes – afin de piloter les interventions selon le risque de chaque parcelle. Si les captures sont comprises entre 0,5 et 5 adultes/piège/jour (soit environ 60 à 630 adultes sur les 6 semaines de suivi) avec 3 pièges chromatiques, une protection insecticide au semis est nécessaire.
Parallèlement à la lutte directe, il convient d’adapter l’itinéraire technique du maïs pour que les dégâts occasionnés par les larves aient une nuisibilité limitée. Il faut favoriser la vigueur racinaire : préparation du sol soignée, semis précoce et apport d’engrais starter. Il est recommandé de ne pas cultiver de maïs dans une parcelle où les captures ont dépassé 5 adultes/piège/jour (soit plus de 630 captures au total pour 3 pièges et 6 semaines de surveillance) l’année précédente. L’arrêt de la monoculture du maïs, au moins une fois tous les quatre ans, reste la meilleure prévention. En effet, les larves ont besoin de consommer des racines de maïs pour accomplir leur développement. En absence de maïs au cours du printemps qui suit les pontes déposées l’été précédent, la population de chrysomèles sera détruite.