proteger cultures

Protégez vos cultures

Chaque année vos cultures sont soumises à la pression des ravageurs et des maladies. Quelques conseils pratiques pour préserver votre rendement.

Ravageurs

Les oiseaux, le 1er ravageur du tournesol

Corvidés et pigeons sont les ravageurs majeurs des premiers stades du tournesol. Les plantules sont sensibles aux attaques des oiseaux jusqu’à l’émergence de la première paire de feuilles. Les corvidés consomment les graines, les pigeons les cotylédons. Ces oiseaux peuvent causer d’importants dégâts obligeant régulièrement à re-semer. Face à ces volatils, il n’y a pas de parade infaillible. Il faut donc actionner plusieurs leviers. Le premier est de grouper les semis pour éviter que les oiseaux ne se concentrent sur une seule parcelle. Pour avoir une levée rapide et homogène, ces semis auront lieu dans un sol suffisamment réchauffé (8°C à 5 cm). Aucun répulsif n’est autorisé en protection des semences. Pour éloigner les oiseaux, on peut placer des effaroucheurs sonores et visuels. Il faudra les déplacer régulièrement car les oiseaux s’y habituent. Passer dans ses parcelles pendant la phase de sensibilité aide à faire fuir les oiseaux.

Pour limiter les risques, Arvalis teste des alternatives comme le semis sous couvert, avec un couvert d’orge ou de féverole, implanté 40 jours avant le semis de tournesol. Au semis, le couvert sera détruit chimiquement. Cette technique semble efficace en cas de pression modérée de pigeons, mais reste délicate à mettre en œuvre, car il faut des conditions d’implantation favorables à la fois pour le couvert puis pour le tournesol.

Les oiseaux présentent également des risques de dégâts en fin de cycle. Pour les limiter, il est recommandé de récolter dès la maturité atteinte.

Des limaces à l’appétit féroce

Les limaces sectionnent les jeunes tiges, consomment les cotylédons et les jeunes feuilles, causant des dégâts qui vont amoindrir le rendement. Les limaces peuvent causer des dégâts jusqu’au stade 3 à 4 feuilles. Les 1ers dégâts sont les plus pénalisants, il faut donc protéger le tournesol dès la levée. La protection débute dès la préparation du sol, en évitant les sols creux, motteux. Au semis, il faudra veiller à bien refermer le sillon.

La présence de limaces avant le semis est à suivre par des observations et des piégeages. Il y a plus de risques dans les parcelles avec beaucoup de résidus de cultures et en cas de conditions humides. Si la présence de limaces est avérée, un traitement sera nécessaire au semis ou juste après. Si des dégâts sont observés, il faudra envisager une 2ème application. Attention la reprise d’activités des limaces peut être échelonnée en cas de retour de l’humidité.

Miser sur les auxiliaires pour réguler les pucerons

C’est le puceron vert du prunier qui est la principale espèce causant des dégâts sur le tournesol. La salive injectée lors des prises alimentaires entraine une crispation du feuillage, qui peut aller jusqu’à une déformation sous forme de cloques. La nuisibilité reste souvent modérée mais il faut rester attentif aux risques de maladies opportunistes qui vont se développer, comme les maladies fongiques dans les parties recroquevillées plus humides. Le tournesol est sensible aux attaques de pucerons de la levée jusqu’à la formation du bouton floral. Une culture avec une croissance dynamique sera moins impactée.

Les auxiliaires, comme les coccinelles, les chrysopes, les syrphes, aident à contenir les populations de pucerons. Si leur arrivée est trop tardive ou si l’infestation est explosive juste avant l’apparition du bouton floral, un traitement insecticide peut être nécessaire. L’intervention se décidera selon le nombre de plantes attaquées. Si moins de 10 % présentent de légers signes de crispation, il n’est pas utile d’intervenir mais il faut continuer à surveiller. Si les signes de crispation sont forts, cela indique que les pucerons semblent s’installer, il faudra alors contrôler l’évolution tous les 2, 3 jours pour pouvoir intervenir rapidement si nécessaire. Si plus de 10 % des plantes sont touchées, il est préférable d’intervenir avec un insecticide, contenant du pirimicarbe. Une intervention ne se justifie plus après l’apparition du bouton floral.

Moins de taupins qu’en maïs mais un ravageur qu’il faut surveiller

Il y a moins d’attaques de taupins sur tournesols que sur maïs, car le tournesol semble moins appétent pour les larves et que la durée du stade sensible est plus courte. Sur le tournesol, elle s’étend de la germination à la levée. Pour autant, 5 à 10 % des parcelles subissent un risque de taupins : antécédents d’attaques sur maïs, précédents favorables (prairies, cultures fourragères ou légumineuses).

Les larves de taupins consomment les graines en cours de germination et les parties souterraines des plantules levées, entrainant des pertes de pieds. Comme il n’existe pas de traitement de semence, en cas de risques forts, il faut augmenter la densité de semis pour compenser les pertes de pieds.

Dans les situations les plus à risques, un traitement insecticide à base de lambda-cyhalothrine sera apporté au semis. Ces micro-granulés à base doivent être enfouis à 4 cm de profondeur.

Maladies

Mildiou, le problème n°1

La pression mildiou est variable selon les conditions climatiques mais semble en hausse depuis 5 ans. Cette maladie peut pénaliser le rendement. Sans un choix variétal optimal, les pertes peuvent atteindre 1,5 à 2,5 q/ha par tranche de 10 % de plantes touchées. Les attaques sont d’autant plus graves qu’elles sont précoces. La protection commence par des mesures agronomiques. L’inoculum se conserve jusqu’à 10 ans dans le sol. En allongeant la rotation, avec un retour du tournesol sur la même parcelle au maximum tous les 4 ans, on limite les risques de recontamination. Il faut aussi veiller à la totale élimination des espèces pouvant héberger le mildiou (repousses de tournesol, ambroisie, xanthium…)  et éviter les plantes hôtes en interculture (tournesol, niger, sylphie). Pour faciliter le démarrage de la culture, le semis doit se faire sur un sol bien ressuyé et réchauffé. Si de fortes pluies sont annoncées, il est préférable de retarder le semis.

Deux autres piliers de protection sont le choix variétal et le traitement de semences. Plusieurs gènes limitent la sensibilité des variétés au mildiou. Il faut les alterner pour éviter les risques de contournement. Idéalement dans les situations à forte pression, il faudrait miser sur des variétés cumulant plusieurs gènes de résistance. De même, il existe deux molécules utilisables en traitement de semences, qu’il faudra alterner dans les situations à fort risque.

Attention au verticillium dans le Sud-Ouest

Le verticillium est un champignon du sol, qui cause des flétrissements de la végétation. Très présent dans le Sud-Ouest, il a tendance à remonter vers le Poitou-Charentes et le Centre.
Cette maladie fongique peut causer d’importants dégâts. Par tranche de 10 % de plantes touchées, les pertes moyennes sont de 2q/ha et de 0,3 point de teneur en huile. Dans les zones touchées, même si la maladie n’a pas été observée dans la parcelle, il est recommandé de diversifier sa rotation en allongeant le délai de retour. L’optimum est d’avoir un tournesol 1 an sur 4. 

La tolérance variétale est le principal moyen de lutte car il n’y a pas de traitement fongicide à ce jour. Pour les parcelles ayant déjà subies des dégâts, mieux vaut choisir des variétés Très Peu Sensibles, voire Peu Sensibles.

Le phomopsis est présent sur l’ensemble du territoire

La première mesure de prévention est d’éviter les semis trop précoces et les densités de peuplement trop élevées. Comme l’inoculum se maintient dans les cannes infectées l’année précédente sur des parcelles voisines, le broyage et l’enfouissement limitent les risques de dissémination. La tolérance variétale est le premier moyen de lutte. Ce choix variétal sera complété, en cas de symptômes, par un traitement fongicide en végétation, qui peut se faire en même temps qu’un apport de bore. Le traitement contre le phomopsis agit aussi contre le phoma.

Attention au phoma

Le phoma peut entrainer jusqu’à 50 % de pertes de rendement en cas d’attaques précoces. Pour diminuer la pression, il faut broyer et enfouir les cannes dans lesquelles les spores s’accumulent. Le choix variétal ne permet pas, à ce jour, de lutter contre le phoma. La lutte fongicide se justifie dans les situations où de fortes attaques ont été observées les années précédentes. Comme les solutions phytosanitaires sont les mêmes contre le phoma que contre le phomopsis, il faut raisonner le traitement selon le risque phomopsis qui est le plus nuisible. Cette protection fongicide n’est efficace que contre les attaques foliaires, elle n’a pas d’action au niveau du collet.

Contre le sclérotinia, combiner agronomie et choix variétal

Cette maladie est présente sur tout le territoire. Ses attaques peuvent prendre plusieurs formes : collet, bouton, feuilles, capitule. Les attaques les plus nuisibles sont souvent observées sur les récoltes tardives. Il est donc recommandé de viser une récolte début septembre en adaptant la date de semis et la précocité variétale. Il n’existe pas de solution de lutte fongicide en végétation. Pour limiter les risques, il faut donc combiner lutte agronomique et variétés résistantes. Les sclérotes se conservent dans le sol pendant plusieurs années. Le broyage et l’enfouissement des résidus de récolte perturbent leur cycle. Une application de Lalstop Contans WG permet de détruire une partie des sclérotes, par une application en présemis ou sur des résidus de récolte sur des parcelles touchées.

Les variétés ne disposent pas de résistances génétiques à toutes les formes de sclérotinia en même temps. Une variété peut être peu sensible aux attaques sur capitule mais sensible au sclérotinia du collet. Il faut faire son choix selon les antécédents de chaque parcelle.

Le cas particulier de l’orobanche

L’orobanche Cumana est une plante parasite qui détourne les nutriments en s’implantant sur les racines des tournesols. Elle peut impacter très fortement le rendement. Pour l’instant, elle n’est présente que dans le Sud-Ouest, en Poitou-Charentes et en Vendée.

Dans les zones à risques, on peut réduire la pression en allongeant le délai de retour du tournesol, de 3 à 5 ans. Il est aussi recommandé d’intégrer à la rotation des cultures « faux hôtes » qui stimulent la germination sans que l’orobanche ait la possibilité de se fixer sur une plante, donc de terminer son cycle : soja, sorgho, maïs, avoine, colza. Pour limiter la dissémination des spores, les parcelles infestées seront récoltées en dernier, les cannes enfouies dès la récolte.

En présence d’orobanche, il est judicieux de semer une variété Clearfield peu sensible et d’appliquer un herbicide en post-levée en 1 ou 2 applications.

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