La voracité des limaces peut mettre à mal un colza juste levé.

Protéger son colza face aux ravageurs et aux maladies

A l’automne comme en fin de cycle, maladies et ravageurs peuvent réduire le potentiel de production. Quels sont les leviers agronomiques et les solutions phytosanitaires à actionner pour protéger sa culture ? Réponse point par point.

Ravageurs

Le colza est une culture assez sensible aux ravageurs. La cinétique de pousse à l’automne et en reprise de végétation sont des éléments déterminants pour la lutte contre les dégâts de ravageurs. Au début de la culture, une bonne vigueur de levée aide le colza à dépasser rapidement le stade 4 feuilles, seuil de sensibilité aux ravageurs d’automne. Atteindre ce stade mi-septembre permet de passer le stade de sensibilité avant l’arrivée des altises adultes et des charançons des bourgeons.

Le suivi des risques se fera par des piégeages (cuvettes jaunes) à la parcelle et par les prévisions de vols (site de Terres Inovia, bulletins de Santé du Végétal).

Ravageurs d’automne

Altises adultes : 
Il ne faut intervenir que si de premiers dégâts sont constatés avec un seuil à 8 pieds sur 10 avec des morsures et 25 % de la surface foliaire consommée. En cas de levée tardive, ce seuil est abaissé à 3 plantes parasitées sur 10. L’intervention se fera avec un pyréthrinoïde. Dans les secteurs à résistance forte, le seul moyen de lutte passe par la prévention pour une levée précoce.

Larves d’altises :
La période à risques va de début novembre à la reprise de végétation. Si le colza est bien développé, il faut intervenir avec un pyréthrinoïde, de préférence à base de lambda-cyhalothrine, quand il y a plus de 5 larves par pied. Sur un colza peu poussant, ce seuil est abaissé à 3 larves. S’il y a eu un traitement contre le charançon du bourgeon début novembre, ça peut suffire à enrayer le développement des larves d’altises.

Charançon du bourgeon terminal :
Sa nuisibilité est accrue en cas de colza peu développé. Le traitement doit être positionné pour viser les adultes avant les pontes. En cas de risque avéré, il faut intervenir 8 à 10 jours après les 1ers vols.

Pucerons :
Les dégâts directs sont exceptionnels, les pucerons sont problématiques pour les virus qu’ils transmettent : jaunisse, TuYV, mosaïques. Avec les variétés de colza non résistantes à la jaunisse, il est recommandé d’intervenir avec un insecticide à base de flonicamide, quand plus de 2 pieds sur 10 présentent des pucerons. Attention, certains pucerons verts sont résistants aux pyréthrinoïdes. Les traitements contre les autres ravageurs d’automne en contenant peuvent favoriser l’installation de pucerons résistants.

Limaces :
Les jeunes pousses de colza sont sensibles à la voracité des limaces jusqu’au stade 4 feuilles. Pendant l’interculture, le travail du sol permet de limiter les populations. Au semis, si des limaces sont présentes et que le sol est frais, appliquez de l’anti-limaces en plein. Il faudra renouveler l’intervention si des pluies relance l’activité des limaces. Après le stade ¾ feuilles, il n’est plus nécessaire d’intervenir.

Mouche du chou :
Les plantes attaquées se repèrent à leur couleur rouge ou violacée. La nuisibilité des mouches est d’autant plus importante que les attaques sont précoces et sur un colza peu développé. A partir du stade 4 feuilles, le pivot est suffisamment lignifié pour que les attaques soient sans conséquences. Il n’y a pas de moyen de lutte autre qu’une levée de qualité.

Petites altises :
Avec l’avancée des dates de semis, ces ravageurs de fin d’été peuvent être problématiques. Les attaques ont souvent lieu en bordure de parcelles. Il est recommandé d’éviter de détruire les repousses de colza dans les parcelles voisines de colza en train de lever pour éviter les déplacements d’insectes. Il devient nécessaire d’intervenir avec un insecticide quand 8 pieds sur 10 présentent des morsures.

Ravageurs de printemps :
Au printemps également, des insectes peuvent pénaliser la culture.

Charançon de la tige :
Le colza est sensible aux attaques de charançons de la tige de la reprise de végétation jusqu’à la fin montaison. Il faut surveiller la présence de ces insectes quand les températures dépassent les 9°C et intervenir 8 jours après les premières captures.

Méligèthes : 
Les méligèthes provoquent des dégâts en se nourrissant du pollen avant que les boutons floraux n’éclosent. Le colza est donc sensible du stade bouton jusqu’au début de la floraison. Pour maintenir la population à un niveau permettant une bonne floraison, deux pyréthrinoïdes sont efficaces : le tau-fluvalinate et l’étofenprox, qu’il faut appliquer quand on détecte de 6 à 9 méligèthes par pied. Sur un colza peu vigoureux ou en conditions difficiles, il faut intervenir dès 2 à 3 méligèthes par pied ou quand 65 à 75 % des plantes sont infestées.

Puceron cendré : 
Il est recommandé de traiter si on observe plus d’une colonie tous les 10 m linéaires. De la floraison jusqu’à un mois avant la récolte, le seuil d’intervention est abaissé à 2 colonies au m².

Attention à l’orobanche rameuse
L’orobanche rameuse est une plante parasite qui s’installe au niveau des racines et pompe l’eau et les nutriments. Même pendant la phase de développement souterrain, l’orobanche rameuse a un effet dépressif sur le colza. C’est pendant la phase aérienne que l’impact est le plus fort, pouvant aller jusqu’à une perte totale de la récolte.

Longtemps présente uniquement dans l’Ouest, Poitou-Charentes et Vendée, l’orobanche rameuse est maintenant détectée dans beaucoup de régions. Comme il n’y a pas de solution de lutte, il faut actionner plusieurs leviers de prévention. Le premier est d’allonger les rotations en évitant les cultures dans lesquelles l’orobanche rameuse se multiplie, comme le tournesol ou le chanvre. Au contraire, il faut favoriser les cultures faux-hôtes (lin, pois, maïs, sorgho) dans lesquelles les graines d’orobanche germent mais ne se développent pas. Il faut aussi soigner le désherbage car certaines adventices (gaillet, géranium, laiteron, coquelicot) sont des hôtes qui contribuent à la multiplication.

Pour éviter de disséminer des graines, il faut bien nettoyer ses outils après être passé dans des parcelles contaminées. Parcelles qui seront récoltées en dernier. Toujours pour limiter la dissémination des graines, il faut éviter de broyer des résidus de colza dans lesquels sont présents des orobanches matures.

Dans les situations de risque avéré, il faut choisir des variétés ayant un bon comportement face à l’orobanche rameuse.

Maladies

Quand des gènes de résistance ont été identifiés, la sélection de variétés tolérantes ou peu sensibles est le 1er levier de lutte contre les maladies. Les plus fréquentes sont le sclérotinia, le phoma, la cylindrosporiose, l’oïdium et l’alternaria.

Sclérotinia :
Cette maladie peut causer un fort préjudice au rendement. Pour la contrer, il faut introduire dans la rotation des espèces peu sensibles afin de réduire le stock de sclérotes. Une protection fongicide sera appliquée au stade G1, soit à la chute des premiers pétales, dans les situations à risques (retour fréquent du colza dans la rotation, historique d’attaques). Dans son choix de fongicides, il faut alterner les modes d’actions. Faire deux traitements est rarement rentabilisée, sauf en cas de fortes attaques d’alternaria et de mycosphaerella. Le biocontrôle vient compléter la prévention avec des solutions en pré-semis pour la destruction des sclérotes, d’autres à la chute des 1ers pétales qui permettent de réduire de moitié le besoin en fongicides. Une avancée dans la protection a été faite en 2020 avec l’apparition de variétés présentant une résistance partielle.

Phoma :
C’est une des maladies les plus préjudiciables, surtout si les nécroses interviennent précocement. Le premier moyen de lutte passe par le choix d’une variété PS ou TPS. Il est également recommandé de broyer et enfouir les pailles. La prévention débute par éviter les situations favorisant de fortes élongations comme des apports importants d’azote via une fertilisation organique. Dans les situations à risque, si des macules apparaissent, il faudra apporter un fongicide.

Oïdium :
Si des symptômes d’oïdium sont visibles en début de floraison, il faut associer la lutte contre l’oïdium à celle contre le sclérotinia. Il peut être nécessaire d’intervenir spécifiquement contre l’oïdium en fin de cycle si la maladie passe des feuilles aux siliques, avec une solution à base de prothioconazole.

Alternaria :
Il n’existe pas de variétés résistantes. C’est une maladie à surveiller en cas de périodes chaudes et orageuses. Le traitement fongicide contre le sclérotinia est aussi efficace contre l’alternaria. Mais il faudra faire un traitement spécifique si des taches apparaissent sur les siliques, ou dans les zones à risques de la façade océanique.

Cylindrosporiose :
Cette maladie est de plus en plus présente dans la moitié Nord de la France. La prévention débute par le choix de variétés peu sensibles. Le broyage et l’enfouissement des résidus de cultures contaminées diminue la pression. Il y a plus de risques en cas d’automnes et de printemps pluvieux. En cas de forte attaque à l’automne, il est nécessaire d’intervenir avec un traitement à base de triazoles pour préserver les organes floraux lors de leur différenciation. A la reprise de la végétation, si la maladie est toujours présente, il faudra appliquer un fongicide à large spectre, efficace également contre le sclérotinia au stage G1, pour limiter l’impact de la maladie sur les siliques.

Hernie :
Dans les parcelles déjà touchées, il est recommandé de privilégier les variétés tolérantes. Il faut également allonger les rotations et éviter les crucifères en cultures intermédiaires. De plus, il est nécessaire de bien éliminer les adventices de la famille des crucifères et les repousses de colza, qui peuvent servir de réservoir au pathogène. Comme la hernie se développe surtout dans les terrains à tendance acide, si le pH est inférieur à 6, il faudra chauler.

2 maladies secondaires en expansion : le verticillium et la mycosphaerella.

Verticillium :
C’est un des facteurs de dessiccation accélérée de la tige. Si ce champignon arrive précocement, il peut nuire au rendement. Il n’y a pas de traitement curatif, juste des moyens de prévention : allongement des rotations et choix de variétés à bon comportement.

Mycosphaerella :
Cette maladie est de plus en plus présente sur la façade Atlantique. Pour y faire face, il faut prévoir un fongicide à base de triazole au stade G1. Pour bien protéger les siliques, il y a parfois besoin d’un second apport, cette fois à base de prothioconazole, à dose modulée, 10 à 15 jours plus tard.

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