En raison notamment d’une production de blé en hausse et d’un solde disponible exportable au départ des ports brésiliens élevés, il est fort à parier que du blé sud-américain sera présent sur le marché mondial cette année et pourquoi pas vers l’Afrique du Nord.
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Cette année, la récolte brésilienne de blé est prévue à 7,7 Mt (selon le CONAB, l’office public d’approvisionnement) et les importations pourraient atteindre 5,5 Mt (tableau 1). Ce niveau de production viendrait effacer les deux récoltes précédentes de 2012/13 et 2013/14 qui avaient atteint seulement 4,4 et 5,5 Mt et nécessité respectivement 7 et 6,6 Mt d’importation. L’année 2014/15 serait donc en passe d’établir un nouveau record de production bien devant les très bonnes années 2010/11 et 2011/12 avec respectivement 5,9 et 5,8 Mt et des niveaux d’importation tout aussi importants de 5,8 et 6 Mt.
Tableau 1 : bilans offre et demande en blé au Brésil
Au Brésil, le niveau d’importations n’est pas directement lié à la production locale pour deux raisons :
– la moitié de la production brésilienne est en moyenne de qualité soft alors que les meuniers brésiliens exigent des blés semi-hard/hard, ce qui les incite à importer des blés en provenance de l’Argentine, ou même des Etats-Unis, comme cela fut le cas notamment en 2013/14.
– les pluies survenues à maintes reprises au moment de la récolte endommagent les grains qui sont par la suite délaissés par la meunerie locale alors qu’ils restent utilisables pour la panification de certains pays méditerranéens.
En conséquence, le solde disponible exportable du Brésil, destiné principalement à l’alimentation humaine, peut atteindre des niveaux significatifs dès lors que les importations de blés hard ou semi-hard sont élevées.
Les meuniers présents dans les pays méditerranéens ont montré à plusieurs reprises leur intérêt pour le blé brésilien en raison de son adaptabilité aux différents mélanges pratiqués dans l’industrie de la meunerie. Au cours des deux années où les exportations étaient élevées (2010/11 et 2011/12), le Brésil a exporté 43 % et 58 % de sa production de blé vers les pays qui bordent la Méditerranée. En cause, des prix attractifs pour les importateurs depuis que la CONAB a mis en place au début des années 2000, une aide à la commercialisation basée sur un prix minimum d’achat révisé chaque année. En contrepartie, les exportateurs et les meuniers qui ont adhéré à ce système d’aides, reçoivent des subventions leur permettant de pallier le coût logistique particulièrement élevé au Brésil.
On constate à ce jour des problèmes qualitatifs dans l’Etat de Rio Grande do Sul, avec une baisse prononcée du poids spécifique des blés en raison des pluies incessantes tombées ces dernières semaines en pleine récolte. Si ces problèmes venaient à se confirmer, les importations brésiliennes de blé seraient plus importantes que prévu, tout comme les exportations. L’évolution climatique dans les semaines à venir sera déterminante d’autant plus que deux tiers de la surface et près de la moitié dans les Etats de Rio Grande do Sul et Paraná restent à récolter.
D’après les informations de Leandro Pierbattisti en Argentine.
La photo d’illustration ci-dessous montre de jeunes pousses sur les fameuses terres rouges brésiliennes, même si en l’occurrence il ne s’agit pas de blé. 
Par Antoine Jeandey
Journaliste professionnel depuis 1987. Rédacteur en chef de WikiAgri depuis sa création, en janvier 2012. Par ailleurs élu, adjoint au maire de Chaudon (commune rurale d'Eure-et-Loir, 1700 habitants). Co-auteur (avec Camille Beaurain) de "Tu m'as laissée en vie - Suicide paysan, veuve à 24 ans" paru au Cherche Midi éditeur. 
