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Offrir aux porteurs de projets un cadre rassurant

Accorder des prêts avantageux pour inciter des agriculteurs à s’installer ne suffit plus. Les banques doivent offrir une palette de services contribuant à sécuriser les projets de tous leurs clients, quels que soient leurs projets. 

Jean-Christophe Roubin Directeur de l’agri-agro, chez Crédit Agricole S.A. témoigne. 
 D’ici 2035, l’évolution du nombre de candidats à l’installation et d’agriculteurs en activité sera le moteur de la restructuration de l’agriculture au cours des dix prochaines années. Sans nouveaux agriculteurs, il n’y aura plus d’agriculture ! 
Aussi, pour rendre l’agriculture attractive, les candidats à l’installation doivent pouvoir bâtir des projets cohérents qui leur assurent un certain niveau de rémunération. En s’installant, ils ne doivent pas être victimes, comme leurs parents, des crises de surproduction ou encore, être pénalisés par une mauvaise récolte. 
« En conséquence, offrir à ces porteurs de projets un cadre rassurant, à l’abri autant que possible de toute forme de spéculation, sera un atout », affirme Jean-Christophe Roubin Directeur de l’agri-agro chez Crédit agricole S.A. Or le marché foncier est encadré. Des mesures sont prises pour éviter les transmissions de terres déguisées sous forme de parts sociétaires (cf. article page NN). 
Les filets de sécurité – assurance climatique, accès au marché à termes, épargne de précaution, portage de foncier, crédit-bail – sont appelés à se développer. En témoigne, le projet de loi sur l’assurance récolte qui sera présenté à l’Assemblée nationale en première lecture en ce début d’année. Et pour rebondir en cas de coup dur, les remboursements de prêts sont déjà modulables avec des reports d’annuités quand cela est nécessaire. 
 

Un contexte financier favorable

Les bonnes années, l’épargne de précaution est le meilleur filet de sécurité pour se prémunir des accidents de toute nature, qui pourrait survenir. 
Partager les risques d’un projet entre différents partenaires de financement est aussi un atout. La plateforme de financement participative Miimosa est à ce titre un facilitateur de projets (cf. article). 
A contrario, le contexte financier actuel n’est pas un frein à l’installation et à la reprise d’exploitation. Les taux d’intérêts sont faibles. Mais l’activité agricole mobilise des capitaux importants. C’est pourquoi, là encore, tout projet exige une visibilité à 5-10 ans. 
« Financer l’agriculture, c’est aussi accepter de financer tous les projets, sans ostracisme », tient à préciser Jean-Christophe Roubin. L’agriculture bio présente autant de risques économiques et financiers que l’agriculture conventionnelle ». 
En effet, les prix pratiqués dépendent de la propension des consommateurs à acheter des produits bio. Il ne faut pas en rester aux effets de mode. Après le « tout bio », il y aura « le zéro pesticides » et « le tout HVE » (Haute Valeur Environnementale). 
Par ailleurs, la montée en gamme n’est pas l’unique réponse pour pérenniser l’agriculture française. Et ce n’est pas non plus l’aspiration de tous les Français. 
Alors, si la France n’est plus en mesure de produire des produits bons marchés dans les dix prochaines années, elle les importera tous. Le déficit commercial agroalimentaire avec ses voisins européens témoigne déjà d’un déficit d’offres de produits transformés « première gamme » élaborés dans l’Hexagone. 
« Par ailleurs, le changement climatique affecte tous les pays sans distinction. Aussi, rendre la France dépendante des importations fragilisera la sécurité alimentaire de notre pays », souligne encore le Directeur de l’agri-agro chez Crédit agricole S.A. 
A l’avenir, les projets d’installation en agriculture devront être attractifs et portés par des agriculteurs qui parviendront à concilier rentabilité et transition écologique. C’est une priorité. 
 

Pas d’ostracisme

D’ores et déjà, on observe que les systèmes bas-carbone, peu émetteurs en gaz à effet de serre, répondent aux enjeux climatiques tout en permettant aux agriculteurs d’avoir une rémunération complémentaire. 
Par ailleurs le financement à venir de l’agriculture, doit prendre en compte les aspirations des agriculteurs à préférer le cadre sociétaire pour s’installer. Le modèle familial ne sera peut-être plus le modèle dominant dans les dix prochaines années. 
Ces choix influeront le mode de financement des projets d’installation. Il s’agira parfois de racheter les parts sociales d’associés qui cessent leur activité. 
La financiarisation de l’agriculture avec des niveaux de rentabilité impossibles à atteindre n’attirera pas des candidats à l’installation. L’intermédiation avec des partenaires qui, en faisant de la philanthropie, détournent une partie de la valeur ajoutée créée par les agriculteurs pour se rémunérer à leurs dépens, et une fausse bonne solution. Mais c’est hélas ce que l’on peut observer dans certaines formes de portage de foncier. S’il doit y avoir portage, il faut qu’il serve directement les intérêts des agriculteurs 
 
Outre les fermes à céder, il y a aussi le foncier 
Tous les modes d’acquisition de la terre sont bons, s’ils servent directement l’intérêt de l’agriculture et ne contribuent pas à sa financiarisation. Pour que le foncier ne soit pas l’objet de spéculation, la FNsafer et la profession agricole se sont associés dans une Foncière pour porter du foncier (cf. article page XXXX). Parallèlement, une réforme du statut du fermage s’imposera pour le rendre plus souple et pour inciter les propriétaires à louer leurs terres plutôt que de les vendre. 
 
Agilor, en mode nomade
Les crédits constructeurs sont des produits de financement classiques et, en même temps, ils évoluent avec leur époque. Agilor est dorénavant digitalisé. La vente se fait en mode nomade sur smartphones et sur tablettes. Les données nécessaires pour faire une demande de crédit sont directement transmises au centre de décision. Les dossiers papiers ont disparu. 
Le crédit bail n’est plus le mode financement des agriculteurs qui n’ont pas les moyens d’acheter du matériel, c’est aussi une stratégie de gestion et d’optimisation de son parc matériels. 
Le crédit-bail accompagne aussi l’évolution des besoins des agriculteurs. Il permet d’acquérir des bineuses spécifiques pour désherber les parcelles converties à l’agriculture biologique, mais aussi les robots de traite. Or en production laitière, l’installation ne peut plus se concevoir sans robot car l’éleveur tient à alléger sa charge de travail. Les plans de financements des candidats à l’installation sont trop tendus pour envisager l’acquisition en pleine propriété de tous les matériels nécessaires.
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