Si la campagne 2019/2020 a été assez saine sur le plan des maladies fongiques, il faut rester attentif au printemps prochain pour établir un programme cohérent.
A quelque chose malheur est bon, pour la 2e année consécutive le temps sec du printemps dernier a été plutôt favorable à l’état sanitaire du colza, en limitant les attaques de sclérotinia. Néanmoins, le retour des pluies à la mi-mai a permis une forte montée du mycosphaerella. « Mais comme on était en fin de remplissage, ça n’a pas joué sur le PMG », analyse Franck Duroueix, responsable évaluation des intrants à Terres Inovia. « Nous
avons eu une année globalement saine. Même si, localement, dans des parcelles plus humides, il y eu de fortes attaques de sclérotinia. Des dégâts de mycosphaerella ont aussi été constatés en Poitou Charentes » observe Jean Pierre Galle, responsable du marché colza en France pour BASF. Si le climat sec et chaud de la fin de campagne 2019/2020 a permis au colza de rester sain et que, par conséquence, les traitements fongicides n’ont pas fait de réelles dif férences sur le rendement, ce n’est pas toujours le cas. La protection de son colza est toujours à suivre de près. « Il faut rester vigilant car les inoculums restent présents dans le sol, prévient Franck Duroueix. Selon les conditions météorologiques, ils feront plus ou moins de dégâts ».
Pour limiter la pression des maladies fongiques, allonger les rotations est un des leviers, comme l’enfouissement des résidus. Face au phoma ou à la cylindrosporiose, le choix de variétés peu sensibles est stratégique pour s’affranchir de cette problématique.
Construire un programme adapté aux risques de chaque parcelle
Pour concilier une protection efficace et un coût contenu, il est nécessaire d’adapter son programme selon les maladies les plus fréquentes et le potentiel de rendement. Sur une parcelle où le colza a subi des dégâts de ravageurs ou présente un défaut de peuplement, il ne faut pas baisser la garder mais plutôt adapter les doses et la gamme de molécules choisies.
Le sclérotinia reste la maladie la plus préjudiciable, elle est peu fréquente mais très nuisible. Il faut intervenir à la chute des premiers pétales. Le niveau de risque dépend de sa rotation, de la situation sanitaire des années précédentes. Il faudra rester en alerte selon les conditions météo et les indications des Bulletins de Santé du Végétal. Une analyse grâce au kit pétale permet de confirmer la présence de spores. De plusieurs années d’essais, Terre Inovia a calculé un gain moyen de 6,5 q pour un traitement bien positionné dans les parcelles touchées. Même sans attaque de sclérotinia, le gain moyen a été de 1,5 q, grâce à un arrière effet contre les maladies de fin de cycle, oïdium et alterneria, ce qui rentabilise le traitement fongicide. En année sèche, comme l’a été 2020, il n’y a pas de gain de rendement.
Les stratégies à deux traitements ne sont que très rarement rentabilisées, seulement en cas d’une forte pression des maladies de fin de cycle ou en zone maritime, comme la Normandie. Mieux faut miser sur un seul traitement mais le choisir en fonction des maladies secondaires présentes. En cas de risque faible, toute solution peut être employée, y compris les triazoles et les solutions de biocontrôle (Constans WG, Rhapsody ou Polyversum). En situation de risque plus marqué, il est recommandé d’associer une SDHI à un autre mode d’action efficace ou de privilégier une base prothioconazole.
Dans l’Ouest, la mycosphaeralla est de plus en plus présent, avec des attaques 8 ou 9 années sur 10. Cette maladie est plus compliquée à contrôler. « Il faut garder une base triazoles dans le traitement à floraison, avec ou non un SDHI selon le risque sclérotinia », recommande Franck Duroueix.
Dernière donnée à intégrer dans son raisonnement, la présence de résistances de souches de sclérotinia aux SDHI, qui est avérée dans une vingtaine de départements. Si la situation est stable sans érosion du taux d’efficacité, ni d’usage démuni car plusieurs modes d’action sont disponibles, il est recommandé de n’appliquer qu’un seul SDHI par an et de le travailler en association avec un autre mode d’action.
Auteur : Cécile Julien