L’approvisionnement céréalier de nombreux pays repose sur un nombre restreint de pays exportateurs de grains. Durant la campagne céréalière 2019-2020, pour un marché de 370 millions de tonnes, les ventes européennes se maintiendront. Les Etats-Unis restent le premier pays exportateur mondial de grains de la planète mais ils perdent des parts de marché. L’Argentine devient le deuxième pays.
370 millions de tonnes (Mt) de grains seront disponibles à l’exportation dans le monde durant la campagne 2019-2020, selon le Conseil international des céréales (CIC).
Autrement dit, 17,7 % de la production mondiale seront exportés sur les douze prochains mois.
Plus de 80 % des transactions commerciales sont effectuées par sept pays et par l’Union européenne (320 Mt sur 370 Mt), parfois très éloignés des pays importateurs. Les vingt-huit pays membres de l’Union européenne ont le privilège d’être aux portes du bassin méditerranéen, premier importateur de blé de la planète, mais ils ne profitent que partiellement de cette opportunité.
Le commerce mondial s’est stabilisé depuis trois ans. Les quantités de grains produites en plus (18 Mt) approvisionnent essentiellement les marchés intérieurs des pays importateurs.
Mais l’augmentation de la quantité de céréales disponible n’est pas suffisante pour couvrir la hausse de la demande mondiale lorsque la production stagne ou progresse insuffisamment. Aussi, les pays exportateurs puisent dans leurs stocks pour approvisionner le marché.
La demande mondiale de céréales croît mécaniquement, tirée par la croissance démographique et par les changements des habitudes alimentaires des populations. Rigide, la demande mondiale de céréales ne se calle pas sur l’offre mondiale.
Toutefois, le commerce mondial des céréales contribue à la sécurité alimentaire des pays déficitaires mais pas à combattre la malnutrition. Celle-ci affecte en majorité les régions en guerre ou les populations isolées, retirées des circuits commerciaux.
L’Inde et la Chine, les deux principaux producteurs mondiaux de céréales, sont « des nains commerciaux » à l’échelle de la planète, aussi bien à l’export qu’à l’import. Leurs achats de blé, d’orge et de maïs, voire de sorgho, ne représentent que 4 % des transactions commerciales.
En excluant la Chine, le premier pays producteur de céréales, le commerce mondial porte sur 21 % de la production mondiale et non pas sur 17 %, comme nous l’avons mentionné précédemment.
Les deux pays les plus peuplés de la planète récolteront 458 Mt de grains (hors riz) mais ils exporteront à peine 2 Mt durant la campagne 2019-2020. L’Inde et la Chine produisent avant tout des céréales pour nourrir leur population. Les importations (15,6 Mt attendues pour la Chine en 2019-2020, soit 3,5 % de la consommation totale) sont marginales comparées à leur production de grains même si, en millions de tonnes, elles portent sur des volumes significatifs.
Parmi les pays exportateurs majeurs, les Etats-Unis restent le premier pays exportateur mondial de céréales (81 Mt, soit 22 % des ventes mondiales). Mais ils disposaient de 92 Mt trois ans auparavant.
La nouvelle campagne 2019-2020 confirme l’ascension commerciale de l’Argentine. Elle est devenue le deuxième pays exportateur mondial de grains (50 Mt seront vendues pour la seconde campagne consécutive). L’Argentine a détrôné la Russie et l’Ukraine (troisième et quatrième exportateurs mondiaux) sans avoir, pour autant, à affronter leur concurrence. Le pays écoule essentiellement ses grains durant la seconde partie de la campagne céréalière, après les mois de novembre et de décembre de chaque année.
Les deux pays du bassin de la Mer Noire font quasiment jeu égal (46Mt) mais ils n’exportent pas leurs céréales dans les même proportions. La Russie vend essentiellement du blé et de l’orge tandis que l’Ukraine expédie du maïs.
Les autres pays exportateurs majeurs et l’Union européenne écouleront quasiment les mêmes volumes de grains que la campagne passée. L’Union européenne, cinquième puissance exportatrice, vendra 36 Mt de grains.
Cette dernière est suivie par le Canada (31 Mt) et par l’Australie (20 Mt) qui se remet difficilement d’un des plus terribles épisodes de sécheresse de son histoire. Enfin, les marchés mondiaux peuvent compter tous les ans sur les 9 à 10 Mt de grains (essentiellement du blé) récoltées au Kazakhstan. Le pays profite commercialement de sa situation géopolitique. Le Kazakhstan est à la fois aux portes du bassin de la Mer Noire, du Moyen Orient (via la mer Caspienne) et de la Chine avec laquelle il partage une partie de leur frontière commune.
Les huit puissances exportatrices n’occupent pas toutes un rôle majeur sur chacun des marchés des céréales qu’elles approvisionnent. Ce sont d’abord des pays exportateurs de blé. Concernant le maïs par exemple, la Russie et l’Australie ne font pas partie du cercle restreint des 6 pays à la tête du marché mondial auquel fait en revanche partie le Brésil, le deuxième pays exportateur mondial de grains (33 Mt) de la planète. Or ce dernier ne fait pas partie des 8 pays exportateurs majeurs des céréales de la planète mentionnés par la CIC, dominés par les pays exportateurs de blé.
Quant à l’orge, le marché mondial est dominé par six pays producteurs.