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Maïs, les préconisations pour optimiser les désherbages de postlevée

Les maïs sont dans l’attente de plus d’eau et de plus de chaleur, ce qui déclenchera la levée des adventices. Il convient donc de penser aux interventions de postlevée.

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Les maïs sont majoritairement au stade 3e feuille pour les semis de la seconde semaine d’avril, voire plus avancés en cas de semis fin mars – début avril. Et les levées sont imminentes pour les semis de fin avril.

Les levées ont été rendues difficiles par les conditions sèches et froides (températures fraîches et gels matinaux) ; elles sont localement irrégulières du fait du sec. Les gelées matinales de fin avril ont finalement fait plus de peur que de mal au maïs.

Les désherbages de post-semis prélevée n’ont pas été réalisés pour cause d’absence de pluviométrie. Il en est de même pour les désherbages de postlevée précoce (solution de rattrapage possible en cas de non réalisation du désherbage de prélevée, sous réserve de pluviométrie suffisante pour être efficace). Les pluies, de retour depuis début mai, sont irrégulières et les cumuls de précipitations restent parfois bien modestes.

Repérer les stades, inventorier la flore

Avant de désherber, il convient de bien repérer le stade du maïs. On évitera les applications sur des maïs pointants et on attendra le stade 2 feuilles sur des maïs en bon état végétatif. Attention, lors du comptage des feuilles, dans le cas des maïs qui ont subi le gel, ne pas oublier de comptabiliser les feuilles disparues : la première feuille a son extrémité arrondie.

Parallèlement, il est nécessaire d’inventorier précisément la flore en présence : espèces et stades de développement. Cet inventaire est indispensable pour choisir les produits et composer les mélanges les plus adaptés à la flore en place. Sur le plan de l’efficacité, on cherchera à intervenir sur les stades les plus jeunes possibles pour les graminées ou dicotylédones annuelles.

Les dicotylédones classiques (chénopode, morelle, amarante et renouée persicaire) sont bien gérées par les tricétones seules ou associées aux sulfonylurées, même à des stades assez avancés. Il faut être beaucoup plus attentif sur renouée des oiseaux, renouée liseron ou mercuriale qui sont peu ou mal contrôlées par les produits de prélevée, lèvent tôt, se développent très rapidement, et sont difficiles à détruire à des stades avancés. Dans les parcelles où ces espèces dominent la flore classique, il ne faut pas hésiter à intervenir avant 2 feuilles des renouées. Le recours aux associations intégrant bromoxynil ou une sulfonylurée antidicotylédones est nécessaire. Les mélanges ternaires (tricétone – sulfonylurée – bromoxynil par exemple) sont préférables dans les situations où la flore est plus complexe et en présence de graminées. Si aucune intervention n’a eu lieu à ce jour, il est probable d’être amené à répéter les interventions. D’une façon générale, on adaptera la dose des matières actives au stade des adventices les plus développées à chacun des passages.

Enfin, il faudra évaluer l’impact des interventions déjà réalisées sur la flore présente et à venir. Pour ce qui concerne les racinaires de post-semis prélevée (ou de postlevée précoce) (chloroacétamides principalement), une humectation minimale du profil est indispensable pour leur efficacité : il faut 15 mm de cumul de pluie dans les 15 jours qui suivent l’application.

Des programmes herbicides à adapter à la situation

Cette année, dans la grande majorité des situations, le désherbage du maïs va se concentrer sur des applications de postlevée, à base de produits de contact, sur adventices levées.

Exceptionnellement, en cas de forte infestation de graminées (et de véronique), et sous réserve d’une pluviométrie suffisante, il est encore possible de traiter en postlevée précoce du maïs si les graminées n’ont pas dépassé le stade 1 feuille. Sinon, il faudra se rabattre sur une stratégie de postlevée à base de sulfonylurées (nicosulfuron).

Tableau 1 : exemples de stratégies de postlevée précoce puis postlevée sur flore de graminées et de dicotylédones classiques et difficiles (doses à l’hectare)


En pression moyenne de graminées ou si les conditions sont défavorables à l’efficacité des produits racinaires, il faudra opter pour une stratégie de double postlevée. Pour être efficace sur graminées, la dose de nicosulfuron devra être de 20 g au premier traitement, de 12 à 16 g au second traitement. L’expérience montre que cette stratégie de double postlevée est d’une efficacité moins régulière que la stratégie prélevée puis postlevée.

En cas de flore dominante de dicotylédones difficiles (renouées, mercuriale…), avec une faible présence de graminées, une stratégie de double postlevée renforcée est possible. Le premier passage de postlevée sera effectué à un stade jeune des adventices (2- 4 feuilles maxi) pour avoir la meilleure efficacité.


Tableau 2 : exemples de stratégies de double postlevée sur flore dominante de dicotylédones difficiles avec peu de graminées (doses à l’hectare)


On peut construire un programme sur une base « tricétone + sulfonylurée ». L’introduction d’un troisième produit renforce l’efficacité sur les adventices difficiles. Ce 3e produit sera choisi en fonction de ce qu’il apporte en efficacité : sur renouée des oiseaux, Peak® ou Casper® ; sur renouée liseron, Biathlon® (+ Dash®) ou Conquérant® ; sur mercuriale, bromoxynil ; sur géranium, bentazone ; sur pensée ou véronique, bromoxynil… Ce troisième produit peut aussi être associé à Laudis WG®, Diode®, Elumis®.

On peut aussi construire un programme sur la base d’herbicides à large spectre, avec éventuellement un produit partenaire en fonction des adventices difficiles à détruire et des compatibilités et autorisations liées à chaque produit. Consulter les étiquettes et les fiches techniques. A noter, la bonne efficacité d’Elumis®, Monsoon Active®, Souverain OD®, Arigo® et surtout Auxo® sur mercuriale ; d’Auxo® et Monsoon Active® sur renouée liseron ; d’Auxo®, Elumis®, Laudis WG® et surtout Monsoon® sur renouée des oiseaux.

Dans les situations où rien n’a été fait à l’heure actuelle, et si on ne suspecte pas de risque lié aux graminées, les flores de dicotylédones peuvent être gérées sur la base de programmes tout en postlevée. Sauf densité très faible, on aura souvent recours à deux applications. Pour assurer une meilleure efficacité, on cherchera à intervenir sur des stades les plus jeunes possibles.

Tableau3 : exemples de stratégies de double postlevée sur flore dominante de dicotylédones classiques et difficiles (doses à l’hectare)

Des conditions à respecter

La pénétration des substances actives est favorisée en conditions poussantes le jour de l’application, mais l’efficacité et la sélectivité seront optimales si ces conditions sont également réunies au cours des journées qui encadrent l’application. Le risque de phytotoxicité sur le maïs est augmenté si les conditions sont stressantes après l’application.

Le stade du maïs est à considérer essentiellement pour la sélectivité. D’une façon générale, une fois passé le stade pointant auquel il est déconseillé de traiter, la plupart des produits sont utilisables sans risque pour des plantes entre 2 et 6 feuilles. Au-delà de 6 feuilles, les doses des produits contenant des auxiniques (Dicamba, Fluoroxypyr) sont plafonnées. Les autres produits sont en général utilisables jusqu’à 8 feuilles du maïs mais leur efficacité devient aléatoire (stade développé des adventices, effet parapluie du maïs…).

Traiter des maïs en bon état, notamment avec des herbicides de type auxinique ou sulfonylurée.

Le traitement doit impérativement s’effectuer alors que l’hygrométrie est élevée (65 % mini). Par temps sec, les applications doivent être réalisées le matin avant 9 – 10 heures. Le soir, le retour à des niveaux d’hygrométrie satisfaisants ne se fait pas avant 20 heures.

Éviter de traiter avec des auxiniques ou des sulfonylurées si la météo des jours qui suivent l’application prévoit des températures minimum inférieures à 10°C et des températures maximum supérieures à 25°C. L’attention doit être redoublée vis-à-vis des températures dans les sols noirs riches en matière organique qui exacerbent les écarts de températures.

Tous les produits n’ont pas les mêmes exigences vis-à-vis de la qualité de pulvérisation. Une certaine souplesse existe pour les systémiques qui peuvent s’utiliser à volume d’eau réduit et/ou avec une taille des gouttelettes plus importante pour limiter la dérive. Les produits de contact (bromoxynil, bentazone) requièrent en revanche une qualité de couverture de la cible plus importante. Préférer des volumes d’eau supérieurs à 100 l/ha, 150 l/ha avec des buses anti-dérive. Augmenter en particulier les volumes d’eau pour des produits ou associations à base de bentazone (sur érodium ou géranium par exemple).

Éviter les mélanges auxiniques + sulfonylurées, les risques de phytotoxicité sont accrus.

Concernant les adjuvants, limiter leur usage aux cas particuliers recommandés par les fabricants.

Consulter toujours l’étiquette pour les conditions d’emploi spécifiques du produit et vérifier les possibilités de mélange.

 

 

Anne-Sophie Colart, Thierry Denis, Elodie Gagliardi (Arvalis – Institut du végétal)

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