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Maïs, les intérêts et les limites d’un semis précoce

Des essais récents réalisés en Bretagne par Arvalis – Institut du végétal confirment l’intérêt des semis réalisés à partir de mi avril. Ils montrent également les risques encourus sur les semis trop précoces.

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L’enjeu d’un semis précoce, c’est d’abord la mise en place précoce d’une surface foliaire, capable d’intercepter le rayonnement des jours longs, à la fin du mois de juin et au mois de juillet, ceci afin de maximiser la photosynthèse. L’offre en températures plus importante en semis précoce permet de sécuriser la date de récolte, voire de valoriser une variété un peu plus tardive pour bénéficier d’un potentiel de rendement supérieur. L’autre atout d’un semis précoce, c’est une floraison plus précoce qui peut permettre l’esquive d’un stress hydrique estival, même si cela n’est pas observé systématiquement.

Côté risque, le gel est souvent évoqué pour les semis précoces, mais ce n’est pas le principal facteur limitant aujourd’hui. En effet, avec le réchauffement climatique observé depuis 25 ans, un semis de mi-avril en 2016 n’est pas plus exposé au risque de gel qu’un semis de début mai dans les années 80. La survenue d’une période froide et humide juste après le semis (comme en 2012 et 2013) est un des risques majeurs en semis précoces. Ces conditions difficiles entraînent une durée de levée très longue et exposent le maïs aux problèmes agronomiques (battance des sols, reprise en masse du lit de semence) et aux attaques de ravageurs (mouches notamment) dans sa phase d’installation. Ce qui se traduit souvent par un défaut de peuplement, très préjudiciable au maïs

Tableau 1 : Incidence de la date de semis sur les stades du maïs
(exemple à Pontivy, Morbihan, 1995 – 2015)

Par rapport à un semis du 20 avril, un semis très précoce de début avril a une durée de levée plus longue (+ 7 jours) et le gain à la floraison est assez faible (- 3 jours).

L’allongement du cycle profite surtout à la production de grain

Des essais récents réalisés notamment en Bretagne par Arvalis – Institut du végétal ont permis de préciser les enjeux liés à la date de semis. En maïs fourrage, on enregistre en moyenne une légère baisse de rendement (- 3 %) sur les semis précoces de la première quinzaine d’avril, par rapport aux semis de la deuxième quinzaine d’avril, avec une plus grande variabilité interannuelle. La qualité des maïs fourrage est globalement identique sur les semis d’avril, mais elle chute sur les semis de mai.

En maïs grain, les résultats sont un peu différents de ceux obtenus en maïs fourrage. En moyenne les semis très précoces de début avril apportent un faible gain de rendement (de l’ordre de + 2 %) par rapport aux semis de la deuxième quinzaine d’avril, avec toutefois une plus grande variabilité interannuelle. Sur les semis de mai, les rendements observés en maïs grain décrochent plus (- 10 %) qu’en maïs fourrage.

Ce comportement différent sur la date de semis entre maïs fourrage et maïs grain s’explique par le fait que les surfaces foliaires et les gabarits de plantes sont plus courts en semis précoces. Ceci est dû aux conditions plus froides que rencontrent les cultures en semis précoces. La photosynthèse est réduite et la production de biomasse plante entière est affectée. Cependant, la production de grain profite malgré tout de l’allongement du cycle permis par les semis précoces.

Figure 1 : Incidence de la date de semis sur le rendement du maïs grain et du maïs fourrage
8 essais réalisés en Bretagne et Picardie (2011 – 2014)

En maïs fourrage, les semis à partir du 15 avril offrent les meilleures garanties.
En maïs grain, les semis précoces sont mieux valorisés, mais avec un enjeu faible et une plus grande variabilité de réponse.

Sabine Battegay, Eric Masson, Michel Moquet, Benjamin Pointereau (Arvalis – Institut du végétal)

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