Maïs, il faut réapprendre à gérer le risque taupins

Pour protéger son maïs contre les ravageurs, notamment les taupins, il faut recourir à tous les moyens de lutte : travail du sol, itinéraire technique, engrais starter et insecticides.

Les taupins restent les ravageurs causant le plus de dégâts sur les maïs. Un quart des parcelles sont concernées, surtout dans l’Ouest. La prévention reste la seule approche car, quand les dégâts sont visibles, le mal est fait. L’interdiction des néonicotinoïdes en traitement de semences a rebattu les cartes de la protection insecticide.

Longtemps, le traitement des semences avec du Sonido a été une protection d’un bon niveau, facile d’utilisation qui faisait « oublier » le risque taupins. Du coup, en 2019, 1ère année sans Sonido, le report de protection vers d’autres solutions n’a pas été total. « Les surfaces non protégées ont augmenté de 20 % », chiffre Aude Colette, responsable marketing de Sumiagro. Sur les 3 millions d’hectares de maïs en France, un peu plus de la moitié était emblavée avec des semences traitées au Sonido. De 45 % de surfaces non protégées en 2018, on serait passé à 6 5% en 2019. « Heureusement sur la dernière campagne, la pression ravageurs a été plutôt faible avec, cependant des attaques tardives », relativise Didier Bruxelle, responsable marketing chez Syngenta.

Agir en préventif

On sait que certaines situations augmentent les risques (après une prairie, fort taux de matière organique) mais il est toujours difficile de prédire l’intensité des attaques de taupin, il faut donc toujours agir en préventif. Pour protéger ses semis, ne restent que les pyréthrinoïdes en micro-granulés (Force 1,5G, Belem 0,8 MG, Fury Géo, Karaté 0,4 GR, Trika Expert+). Pour bien protéger le coléoptile, ces produits, peu mobiles, doivent être bien positionnés à l’aide de diffuseurs. Il faut être particulièrement vigilant sur la profondeur de semis, de 2 à 3cm, et les réglages du duo semoir/diffuseurs.

Force 1,5G a une obligation réglementaire d’enfouissement à 3 cm. Cette condition d’utilisation n’est pas compatible avec l’utilisation des diffuseurs, ce qui compromet une bonne efficacité et pénalise l’intérêt du produit.

En enrobage de semences, ne reste que Force 20 CS, de Syngenta. « Sa praticité et son confort d’utilisation ont amené une hausse de 10 % d’utilisation sur la dernière campagne », note Virginie Braun, chef de produits protection des semences chez Syngenta. Ce produit agit par tension de vapeur dans le sol et doit s’accompagner de bonne qualité de semis (sol frais et ressuyé, semis à 3 cm et rappuyé). « Si ces recommandations ne sont pas mises en œuvre ou si les parcelles ont un historique de fortes attaques, il est à compléter par du Karaté 0.4GR à une dose de 80 % pour maintenir la protection après l’action précoce du Force 20 CS », recommande Virginie Braun.

Des alternatives en biocontrôle émergent, comme Success GR, un micro-granulé à base de spinosad. Au regard de son efficacité, il est à réserver aux zones à faible intensité d’attaques. « En zone à forte pression, il est intéressant de l’accompagner de plantes appât qui leurrent les taupins, jusqu’à ce que le maïs atteigne le stade 4 feuilles », précise Stéphanie Fournol, responsable de marché insecticides chez Corteva. Les plantes compagnes ou plantes appât, souvent de l’avoine ou de l’orge en inter-rang, lèvent avant le maïs et détournent les appétits des taupins pendant le stade de sensibilité du maïs.

Autre piste pour passer rapidement ce stade de sensibilité, donner les moyens au maïs d’atteindre rapidement les 8 feuilles par des bonnes conditions de semis et un coup de boost nutritif. « Trika Expert + apporte non seulement une protection insecticide mais aussi un engrais starter et des biostimulants, présente Nathan Gaborieau, responsable marketing grandes cultures chez Sumiagro. Le bénéfice de ce produit 3 en 1 est, en plus de protéger la plante grâce à l’insecticide, de réduire sa période de sensibilité en gagnant en précocité ».

Reste le problème des mouches, géomyzes et oscinies, avec une impasse technique réelle. « Il faut miser sur les actions secondaires des produits, en se référant aux publications d’Arvalis », conseille Didier Bruxelle. Par exemple, la lambda-cyhalothrine (Karaté 0.4GR, Trika expert +) et la téfluthirine (Force 20 CS) sont aussi efficaces contre les scutigérelles et la chrysomèle.

Fin de production pour le Fury Géo

Alors que son efficacité n’est pas remise en cause, FMC ne commercialisera plus Fury Géo. La raison ? L’usine qui fabriquait la molécule Zeta Cyperméthrine cesse son activité. « Les agriculteurs peuvent continuer à l’utiliser jusqu’à épuisement des stocks, explique Patrick Bergougnoux, chef produits insecticides chez FMC. Il n’y a pas de problème d’homologation, juste un arrêt de fabrication de toutes les spécialités à base de Zéta Cyperméthrine ».

C.J.

 

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