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Maïs, des dégâts de géomyze dans les parcelles

Dans notre région, les dégâts de géomyze sont variables, avec des pertes de plantes d’environ 15 à 20 % en moyenne pour les parcelles touchées. Voici quelques éléments d’explication sur ce phénomène et des recommandations pour les cas les plus graves.

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Les semis de maïs ont majoritairement été réalisés début mai, les premiers semis fin avril ont été pénalisés par les températures fraîches. Les levées des maïs sont plutôt homogènes mais des dépérissements de plants sont observés depuis quelques jours, imputables essentiellement à la mouche géomyze (Géomyza tripunctata) même si d’autres ravageurs sont présents (limaces principalement).

Conditions climatiques et stades pour des maïs semés le 20/04 et le 05/05/2016

Les semis réalisés deuxième décade d’avril ont été pénalisés par les températures fraîches de la fin avril. La levée a été lente (près de 20 jours) puis la croissance rapide dans la première quinzaine de mai avant d’être ralentie à nouveau par des températures plus fraîches à la mi-mai. Quant aux semis majoritaires de début mai réalisés pendant le week-end de l’ascension, la levée a été rapide (à peine une semaine) puis les maïs ont également subi des températures fraîches pour arriver au stade 3 F.

Figures 1 et 2 : exemples de dynamique de levée pour des semis dans le sud-est de l’Orne
– pour un semis du 20/04, la levée a eu lieu le 08/05 et atteint le stade 3 F au 13/05, 4 F le 22/05 (à gauche)
– pour un semis du 05/05, la levée a eu lieu le 13/05 et atteint le stade 3 F au 21/05, 4 F le 28/05 (à droite)

Les fortes variations de températures ont provoqué les dégâts de géomyze mais la vigilance doit être maintenue vis-à-vis des limaces avec les fortes humidités. Pour les maïs à 4-5 F, le risque limace est réduit même s’il faut surveiller les bords de parcelles (photo de gauche). Pour les derniers semis, le risque est fort pour les jeunes plantules, surtout si les préparations sont motteuses (photo de droite).


Lacérations de feuilles dues à des dégâts de limaces observés dans l’Orne le 02/06/2016.

Observation de dégâts de la mouche géomyze

Actuellement, de nombreux dégâts de la mouche géomyze sont observés dans les parcelles de maïs de l’Ouest. Les dégâts sont irréversibles même s’il est possible d’observer parfois un redémarrage. Tous les secteurs ne semblent pas touchés à la même hauteur. En Normandie, les observations actuelles font état de pertes de plantes de 10 à 40 % dans le sud de l’Orne et le sud de la Manche. En Bretagne, les pertes de plantes sont supérieures pouvant atteindre plus de 50 % de plantes.

Zoom sur la mouche géomyze

Cette petite mouche (3,5 mm) se caractérise par la présence de 3 points sur ses ailes (Géomyza tripunctata). Favorisée par les hivers doux, elle peut également causer des dégâts sur céréales à paille courant tallage, notamment sur triticale.

A partir de 10°C de température au sol, les adultes peuvent émerger, voler et pondre sur les maïs déjà levés. La larve va s’introduire entre le coléoptile et la première feuille. Le premier symptôme (ce qu’on voit actuellement dans les parcelles) est le flétrissement de la dernière feuille, puis de toutes les feuilles. La plante se dessèche et meurt rapidement.

Reconnaître les dégâts sur les maïs

Ces observations ont été réalisées dans le sud-est de l’Orne le 02/06/2016 et en Bretagne le 25/05/2016

Quelles sont les situations les plus touchées ?

A ce jour, ce sont principalement les semis réalisés entre le 20 avril et les premiers jours de mai qui présentent le plus de dégâts. Pour ces situations, les cultures étaient en cours de levée (entre le 5 et le 10 mai), au moment de la brusque remontée des températures, favorable au vol de mouches. Ces mouches ont pondu sur de jeunes plantules puis la larve s’est développée dans une plante ralentie par les faibles températures. Les dégâts semblent supérieurs dans les parcelles abritées. Le type de protection de la semence a évidemment une importance capitale. En présence d’une protection insecticide efficace (traitement des semences Sonido), les dégâts sont fortement réduits, voire inexistants.

Estimation des dégâts et conduite à tenir

Aucune intervention n’est possible à ce stade, les dégâts sont déjà faits. La seule protection efficace contre la mouche géomyze est celle utilisée au semis pour protéger la graine.

La première chose à faire est de visiter toutes ses parcelles et d’estimer les dégâts par des comptages. Réaliser au minimum une dizaine de comptages sur 10 m² (13,3 mètres linéaires sur un rang, écartement 75 cm) dans la parcelle, à différents endroits représentatifs (selon exposition, proximité d’éléments du paysage : haie ou bois…) pour avoir une estimation objective de la réalité.

Tableau 1 : incidence de la protection insecticide sur % dégâts dû à la mouche géomyze
(comptages 25 mai 2016 sur 2 sites Arvalis, 3 répétitions, mini 3 variétés par type de protection)

• Un resemis coûte cher en semences et travaux, il faut donc vraiment juger de son utilité. En règle générale, on estime qu’un resemis n’est intéressant que s’il ne reste dans la parcelle que moins de la moitié du peuplement prévu initialement. Sur les plantes très espacées, on pourra observer le développement d’un deuxième épi. Mais ces épis surnuméraires ne compenseront pas entièrement le défaut de densité. La décision de ressortir le semoir dépend aussi de la régularité de répartition des plantes. 50 000 pieds bien répartis auront moins d’impact sur le rendement, et le salissement de la parcelle par les adventices, que des zones entières à faible peuplement.

Tableau 2 : densités minima (objectif récolte) en dessous desquelles un re-semis est conseillé

Les précautions à prendre en cas de re-semis

> Pour éviter la gêne (ombrage) occasionnée au nouveau semis, détruire les plantes restantes.

> Pour les variétés, ressemer une variété d’indice très précoce et réduire la densité (potentiel réduit).

> Pour la protection ravageurs, le risque géomyze est passé mais le risque taupins n’est pas exclu.

> Pour le travail du sol, le non labour est préférable en fonction de la situation (risque si désherbage précédent à base de pendiméthaline, éviter une phytotoxicité par la dilution en profondeur du produit).

> Pour le désherbage, une intervention de postlevée est plus adaptée à cette date.

 

Bertrand Carpentier, Benjamin Pointereau (Arvalis – Institut du végétal)

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