Si les surfaces ukrainiennes de maïs ont significativement augmenté depuis 2009, elles devraient marquer le pas pour la campagne 2015/16. Jusqu’à maintenant, la rentabilité de cette culture n’a jamais été remise en question en raison du grand volume exporté, notamment vers l’Union Européenne. Mais avec les bonnes récoltes enregistrées en Europe en 2014, les maïs ukrainiens ont montré quelques difficultés à s’exporter vers notre continent depuis le début de la campagne de commercialisation.
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Les campagnes 2013/14 et 2014/15 mettent en lumière des schémas d’exportations totalement différents.
En 2013/14, l’Ukraine a exporté 19,9 Mt de maïs, établissant un record, dont 49 % à destination des pays européens. En 2014/15, la situation a brusquement changé. En cause, les bonnes récoltes de maïs en Europe. Résultat, les importations de maïs ukrainien de septembre 2014 à janvier 2015 ont chuté de 50 % par rapport à la même période un an auparavant.
La chute des cours mondiaux observée en 2014 a conduit l’UE à mettre en place un droit aux importations afin de protéger son marché. Dans le cadre d’un accord de libre échange avec l’Ukraine, l’Union Européenne importe à droits nuls dans la limite d’un contingent de 400 000 tonnes de maïs par an.
Néanmoins, l’intérêt pour le maïs ukrainien n’a pas diminué. En témoigne, l’utilisation de l’intégralité du quota dès le premier jour d’ouverture de l’année 2015, le 2 janvier.
A ce jour, les autorités agricoles ukrainiennes tentent d’obtenir plus de quotas pour continuer à exporter vers l’Union Européenne, sans paiement de droits. Mais la nécessité de protéger ses agriculteurs est naturellement la priorité de l’UE.
Par conséquent, l’Union Européenne est devenue cette année un marché très restreint pour le maïs ukrainien et la question de la rentabilité à produire du maïs en Ukraine se pose pour la campagne à venir.
La hausse du prix des semences conjuguée à la baisse de leurs importations plaident pour une diminution de la sole en maïs en Ukraine pour 2015. Mais il faut également souligner la hausse des prix du carburant et des engrais. Par exemple, le coût de nitrate d’ammonium a déjà augmenté de 140 % entre janvier 2014 et janvier 2015 !
Figure 1 : évolution du prix des engrais (Hryvnia ukrainien par tonne)
Source : UAC 6 – 08 au 16 janvier 2015
Ainsi, produire localement les semences de maïs deviendrait plus rentable que de les importer !
Figure 2 : évolution des importations des semences de maïs entre septembre et janvier de chaque année (en tonnes)
Source : UAC 6 – 08 au 16 janvier 2015
UkrAgroConsult estime que la part des semences importées ne dépassera pas 40 % cette année.
Les agriculteurs espèrent des rendements élevés en maïs pour 2015/16 pour compenser la hausse du prix des intrants.
Avec une baisse des surfaces en maïs pour 2015 estimée entre 5 et 7 % par rapport à 2014 (4,5 Mha contre 4,8 Mha), les analystes d’UkrAgroConsult estiment la récolte 2015 à 24 Mt (contre 25,9 Mt en 2014) et des exportations à 11 Mt.
Une année de faible récolte dans l’Union Européenne pourrait permettre de rouvrir les importations de maïs ukrainien. Mais, au cours de la dernière décennie, ces années ont été plus rares que les années de productions élevées en Ukraine. Un autre débouché serait la conquête des marchés asiatiques et africains. Mais la question de la compétitivité se pose pour ces destinations.
Figure 3 : exportations de maïs en Ukraine par pays de destination
Exportations de maïs : 19,9 Mt Estimations d’exportations de maïs : 18,5 Mt
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Source : UAC 1 – 05 au 12 janvier 2015