r mi dumery

Lettre ouverte de Rémi Dumery, agriculteur beauceron, à son maire, auteur d’un arrêté anti-pesticides

A titre d’exemple des rapports tendus qui existent dans les campagnes entre agriculteurs et autres acteurs de la société, WikiAgri publie ci-dessous la lettre envoyée par le cultivateur beauceron Rémi Dumery à son maire, auteur d’un arrêté réclamant une zone de non traitement (ZNT) en phytosanitaires à 150 mètres des habitations.

« 
Suite au courrier du maire d’Ingré (45140, Loiret), je lui ai répondu en cette journée du 8 octobre 2019 de mobilisation contre l’agribashing

Monsieur le maire d’Ingré, Christian Dumas

J’ai bien reçu votre courrier de 2 octobre 2019 concernant l’arrêté municipal anti pesticides de synthèse et plus généralement de l’activité agricole périurbaine sur votre commune.

Vu que les interdictions ne concernent que les produits de synthèse et leur application motorisée, n’ayant rien à voir avec la notion de risque de l’application de pesticides avec de bonnes pratiques agricoles.

Vu que le temps moyen de pulvérisation de pesticides aux abords d’un pavillon pour une culture de blé par exemple représente moins de 30 secondes par an.

Vu que la distance entre deux cultures différentes (ex : un blé d’un colza) démontre que la dérive n’excède pas quelques centimètres avec de bonnes pratiques agricoles.

Vu que beaucoup de riverains préfèrent une vue ouverte sur les champs que d’être cloisonné derrière un mur ou une haie haute.

Vu que les arguments scientifiques avancés ne sont pas fondés et non reconnus par l’état à ce jour.

Vu qu’une vingtaine de cas d’intoxication due aux pesticides est relevée par an, et seulement chez les professionnels et aucun cas chez des particuliers.

Vu qu’aucune alerte sanitaire n’est connue liés aux pesticides, trop souvent cités spontanément par des associations lobbyistes (cf « les enfants sans bras »).

Vu que vous souhaitez protéger les habitants de l’exposition de produits à risques, vous devriez prendre en premier lieu des arrêtés contre le tabac, l’alcool, les drogues et médicamenteux qui, eux, font des dizaines de milliers de morts par an.

Vu que la seule solution raisonnée pour l’agriculteur, est la mise en jachère de ce no man’s land, où la gestion des vivaces sera difficile, coûteuse en temps, matériels et carburant, où un lieu deviendra rapidement un dépôt sauvage et d’occupation nomade.

Vu que la surface des terres cultivables recule déjà de 1000 hectares par an dans le Loiret au profit du béton, goudrons ou la forêt, pourquoi créer des friches improductives ?

Vu qu’aucune indemnité du préjudice économique et moral des agriculteurs, les fermages des propriétaires, de la justification des impôts fonciers sur le changement de destination des terres agricoles, n’est prévue au budget de votre commune.

Vu que l’agriculture bio que vous tolérez dans votre arrêté, ne peut être une solution acceptable pour les riverains, car les nuisances seront plus importantes, sans communes mesures (travail du sol, fertilisation organique, pulvérisation pesticides plus nombreuses)

Vu que votre arrêté est une copie conforme émanant de l’association « Génération future » et « Nous voulons des coquelicots », connus pour leur lobby marketing bio et politique anti-pesticide.

Vu que cet arrêté va être annulé par le tribunal administratif comme vous le savez très bien, car seul le ministère de l’Agriculture peut prendre de telles mesures.

Vu que je n’ai pas le temps matériel de rechercher toutes les références aux mentions ci-dessus, car mes récoltes et mes semis sont prioritaires dans mon travail sur ce mois d’octobre.

Je considére que cet arrêté est simplement un outil politique pour les futures élections municipales.

Cette campagne est organisée par « Génération Future », lobby connu pour influence les électeurs vers EELV, en utilisant la peur et le doute de nos institutions républicaines. Les campagnes d’agribashing que notre profession subit depuis plusieurs mois, exercent des conséquences économiques et une pression morale sur le monde agricole.

Les arrêtés anti-pesticides de synthèse repoussent l’activité agricole de la ville, ont un effet de fracture sociale grave, et irresponsable de la part d’élu.

Je considère que le dialogue et l’échange (comme vous le mentionnez dans votre courrier) est l’occasion de renouer avec les réalités de l’activité agricole périurbaine.

La concertation doit mener à une chartre de bon voisinage où chaque partie doit connaitre et comprendre les prérogatives agricoles, des citoyens et des élus.

Je vous prie d’agréer, monsieur le maire, mes salutations respectueuses à votre mandat.
« 

Rémi Dumery
Cultivateur en métropole d’Orléans

Le courrier que le maire d’Ingré avait adressé à Rémi Dumery

Ci-dessous :


Notre illustration ci-dessous, Rémi Dumery :

2 Commentaire(s)

  1. Agriculteurs dépendant de l’agro industrie?

    *Pourquoi y a-t-il de moins en moins d’insectes ? *
    Dans le monde, près de 40 % des espèces d’insectes sont menacées d’extinction. Une nouvelle étude fait la synthèse de 73 rapports faisant état d’un déclin local des populations d’insectes et propose une analyse systématique des causes de recul. En milieu terrestre, la menace concerne principalement les lépidoptères (papillons), les hyménoptères (abeilles) et les géotrupidés (bousiers). En milieu aquatique, les libellules, les plécoptères, les tri-choptères et les éphémères ont déjà perdu une grande partie de leurs espèces. L’une des principales causes de disparition identifiées par les auteurs est la perte d’habitats due à l’intensification de l’agriculture et à l’urbanisation. Par ailleurs, le déclin semble favorisé par la pollution par les pesticides et fertilisants, les infections, les espèces exotiques envahissantes et les changements climatiques.

    Suggestions pour une évaluation intégrée du risque lié aux pesticides.
    L’utilisation croissante des produits phytosanitaires a entraîné la disparition de nombreux organismes non-cibles parmi les oiseaux, les insectes ou encore les organismes aquatiques. Plusieurs scientifiques demandent donc d’apporter certaines améliorations à l’évaluation du risque menée dans le cadre des procédures d’autorisation de mise sur le marché de ces produits. Ils proposent notamment une analyse coûts/bénéfices, un nouveau système d’assurance qui permet aux agriculteurs de faire face aux pertes de rendement, l’introduction d’une autorisation provisoire et l’intégration de l’évaluation du risque dans un concept plus général de politique environnementale.

    L’agriculture plus dangereuse que les eaux usées pour les organismes aquatiques.**
    Une nouvelle étude montre que les émissions polluantes issues de l’agriculture affectent la diversité des espèces de macroinvertébrés vivant dans le milieu aquatique. Il apparaît ainsi que le nombre d’es-pèces sensibles dans les communautés est d’autant plus faible que l’agriculture est intensive. Par comparaison, l’influence des rejets d’effluent d’épuration se révèle beaucoup moins forte.

  2. Ce qui tue massivement toute la biodiversité et de façon durable ce sont les sécheresses de plus en plus longues : pas d’eau pas de vie ! les apiculteurs font leurs miel essentiellement au printemps ! Et l’été, comme la végétation est sèche, ils sont obligés de nourrir les abeilles avec du sirop de sucre de betteraves … et si les pesticides avaient tué 80% des insectes il n’y aurait pas autant de puceron cette année …

    Une sécheresse c’est juste un manque d’eau l’été, un comble quand on a passé l’hiver les pieds dans l’eau sans faire de réserve … en France ce sont les écologistes qui s’opposent systématiquement à la construction de réserve et qui vont même jusqu’à en faire détruire …. Cherchez l’erreur !

Il n'y a pas de commentaires pour le moment. Soyez le premier à participer !

Article Précédent
Article Suivant