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Les biocarburants doivent-ils devenir la variable d’ajustement des prix agricoles ?

Vouloir fixer un plafond au prix des céréales semble être un voeu pieux difficilement réalisable dans le cadre d’un marché mondial. En revanche, l’utilisation exacerbée de céréales américaines pour les biocarburants serait à l’origine d’une partie de la hausse mondiale des prix céréaliers aujourd’hui, et est donc décriée. Y a-t-il là un levier que l’on peut actionner ?

Les biocarburants dépassent le cadre du « pour » ou du « contre » que l’on connaît par exemple pour les biotechnologies. Aujourd’hui, ils sont là, et tout le monde s’en félicite, tant pour l’énergie que pour les producteurs agricoles. Là où le débat s’anime, particulièrement en ce moment, c’est sur l’importance que les Etats doivent donner à ces biocarburants. Car si des arguments d’abord très positifs ont été donnés au moment de leur essor, les réactions critiques tiennent aussi d’un certain bon sens (du moins quand elles dépassent le cadre dogmatique qu’adoptent certains écolos).

L’importance des cultures céréalières dévolues aux biocarburant contribue, m’avait dit Christian Pèes, président d’Euralis, lorsque je l’ai interviewé pour le n°1 de WikiAgri Magazine, à jouer un rôle régulateur sur les prix. Il apparaît avec l’exemple (postérieur à l’interview) de cet été que cette analyse est vraie lorsque les prix céréaliers sont faibles. Grâce aux biocarburants, lorsque les cours s’effondrent, ils conservent un minimum de tenue. En revanche, force est de constater désormais qu’à l’inverse, lorsque les cours sont élevés, ces mêmes biocarburants ne « régulent » plus la tendance du marché, mais l’accentuent. D’où une analyse faite par certains, notamment au niveau de la FAO (l’organisation des Nations Unies dévolue à l’alimentation et à l’agriculture), demandant aux Etats-Unis, compte-tenu de la situation actuelle, de réduire leur production de biocarburants. Ainsi, les céréales qui n’iraient pas vers les biocarburants reviendraient sur le marché mondial ce qui aurait pour effet de mieux répondre à la demande et donc de baisser les prix.

De fait, la question est posée : les cultures céréalières dévolues aux biocarburants sont-elles appelées à devenir la variable d’ajustement des prix agricoles ? Va-t-on demander de produire plus à destination des biocarburants lorsque les prix seront faibles, et moins lorsqu’ils seront hauts ? Ces questions sont évidemment trop spontanées pour trouver une réponse simple, la vérité est bien plus complexe que cela. L’équilibre alimentaire / non alimentaire, par exemple, doit trouver sa place dans la réflexion. De même que l’équilibre énergétique, maintenant que les biocarburants sont admis comme une source à part entière. Ou encore le fait que ce soit sans doute plus simple à réaliser avec le bioéthanol qu’avec le biodiesel. Mais il semble qu’en matière de politique agricole, cette attitude consistant à penser aux prix (lesquels conditionnent un autre équilibre, entre céréaliers et éleveurs) soit à l’ordre du jour.

L’approfondissement de cette réflexion apparaît en tout cas bien plus intéressant que l’analyse fournie par plusieurs tenants de la grande distribution, lesquels n’ont d’autres arguments pour expliquer les marges qu’ils ajoutent pour tirer profit des crises agricoles (avicole par exemple en ce moment) que de ressortir cette sempiternelle opposition entre éleveurs et céréaliers. Franchement, cette opposition, en dehors de la grande distribution qui profite de la confusion pour se servir au passage, qui la souhaite ?

La réflexion sur les prix agricoles doit dépasser les antagonismes éventuels et le traditionnel tirage de couverture vers soi. Pourquoi ne pas utiliser la destination des céréales vers un marché (alimentaire) ou un autre (biocarburants) ? La piste semble digne d’intérêt, à condition bien sûr de bien envisager tous les tenants et aboutissants et d’éviter de le décider d’un claquement de doigts sans une nécessaire mise à plat de toutes les implications au préalable… Et de mieux surveiller les petits profits mesquins du style de ceux de certaines grandes surfaces qui viennent fausser les règles du jeu.

Et vous, qu’en pensez-vous ? Pour en débattre, rendez-vous ci-dessous dans l’espace « Ecrire un commentaire ».

Notre photo ci-dessous : en Autriche, une coopérative affiche sur ses silos toutes les destinations de ses cultures, dont les biocarburants (silo de droite).

1 Commentaire(s)

  1. pétrole = energie, pas cher depuis 100 ans
    charbon = energie, arrive avec la machine a vapeur, 200 ans
    et avant c’étais quoi énergie ? = céréale et foret !!
    pétrole et charbon, y a plus dans 30 ans !!
    200 ans ou on crache du CO2 fossille !!
    dans 30 ans, 9 M d’Humains
    et combien de machine qui feront le plein !!
    Ouais, notre gros problème pour le XXI siecle, c’est bien NRJ !!
    Que fais un gouvernement Normal, diminuer le prix des carburants, retirer 7% des terres en production, faire 20% de Bio, réduire le potentiel de production grâce aux moratoires sur les nouvelles technologies (qui ont 20 ans pour la plupart)….
    Qui sera dire STOP !!

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