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Les adjuvants aident à baisser l’IFT

En grandes cultures, accéder à  la  certification  Haute  Valeur Environnementale (HVE) passe par une réduction de ses Indices de Fréquence de Traitement (IFT). En sécurisant  l’efficacité  et  en  permettant  la  réduction des doses de produits phytosanitaires, les adjuvants sont une aide précieuse pour réduire ses IFT.

Un adjuvant est une préparation, dépourvue elle-même d’activité phytopharmaceutique, mais qui, par ses propriétés physico-chimiques, renforce l’efficacité d’un produit phytosanitaire et réduit les pertes par évaporation et lessivage. Les adjuvants concourent également au maintien de l’efficacité quand les conditions météorologiques sont difficiles.

L’utilisation d’adjuvant a une triple finalité : économique, en optimisant l’efficacité du traitement ; environnemental, en aidant à réduire les doses ; sociétal, par une meilleure utilisation des solutions phytosanitaires.

 

En 2020, un tiers des surfaces de grandes cultures a reçu au moins une intervention adjuvantée. « Si on cumule les passages, cela fait 16 millions d’hectares adjuvantés » estime Jean-Marc Saurel, vice-président de l’AFA, l’Association Française pour les Adjuvants qui fédère la plupart des entreprises du secteur.

La moitié des traitements herbicides se font avec un adjuvant pour compenser l’érosion de l’efficacité. En céréales à paille, le contexte est compliqué pour les désherbages de sortie d’hiver, du fait de l’augmen- tation des phénomènes  de  résistances. L’utilisation des adjuvants aide à maintenir l’efficacité. Des essais d’Arvalis avec la combinaison d’une huile végétale et d’un conditionneur d’eau pour adjuvanter de l’Atlantis Pro ont montré un gain de 11 points d’efficacité sur vulpin. « En betterave, la quasi-totalité des désherba- ges se font avec adjuvants pour sécuriser l’efficacité, remarque Jean-Marc Saurel. Ce gain d’efficacité per- met souvent d’économiser un  passage  ». Sur toutes les cultures, qui dit traitement efficace, dit absence de nécessité de repasse, donc un IFT allégé. L’intérêt est aussi à long terme. Car un désherbage efficace limite le risque de voir des adventices montées en graines. Ce qui œuvre à  la  réduction  du  stock  semencier  et au ralentissement des phénomènes de résistance.

Si le contrôle des pulvérisateurs est une obligation, c’est aussi un outil de progrès qui permet de s’assurer de la qualité de sa pulvérisation

Baisser les doses, réduire son IFT

« Régulièrement, nous interrogeons un panel d’agriculteurs utilisateurs de nos produits. En 2021, 97% ont répondu qu’ils utilisent un adjuvant pour améliorer l’efficacité de leurs traitements, 72% pour diminuer les doses. En 2009, ils n’étaient que 34% à avoir cet objectif », partage Cédric Groud, responsable technique et développement chez Action Pin. Ce que confirme l’augmentation de l’adjuvantation des fongicides.

« A la fois pour la sécurisation de l’application pour les produits de contact comme le cuivre et le soufre, mais aussi pour la baisse de doses avec d’autres solutions fongicides, souligne Frédéric Pagès, chef de marché adjuvants chez De Sangosse. Par exemple avec l’un de nos adjuvants, on peut réduire de 25 à 50% la dose pratique, qui est généralement inférieure à la dose homologuée. Sur céréales à paille, on peut baisser la dose du T1 de 50%, celle du T2 de 33%. Sur le colza, on peut aussi réduire la dose fongicide anti-sclérotinia de 33% et de 25% en pomme de terre, à efficacité équiva- lente. Ces possibilités de réduction ont été prouvées par de nombreux essais et, concernant la sécurité pour l’environnement et la santé, elle est garantie par l’obtention d’une AMM ».

La réduction de dose a autant un intérêt environnemental, en diminuant la dérive et les quantités appliquées, qu’économique. « Pour un T1 en céréales, l’adjuvantation peut permettre de réduire la dose de fongicide de 50%. Même avec le surcoût de l’adjuvant, on économise 10 à 15% », chiffre Frédéric Pagès.

Faire reconnaître l’intérêt environnemental des adjuvants

Entre la limitation de dérive et la possibilité de réduction  de doses l’intérêt environnemental des adju- vants semble évident. L’AFA mène une démarche  collective  pour que plus d’adjuvants ouvrent droit à CEPP. De même, l’association travaille à mieux faire reconnaître le rôle anti- dérive qu’apportent certains adjuvants. En combinant buses anti- dérives  et  adjuvant, on peut réduire de 80% la dérive.

« Un travail est d’ailleurs en cours pour faire reconnaître cette limi- tation de dérive, explique Cédric Groud. Pour l’instant, il n’y a que l’utilisation de buses  anti-dérives qui permettent de réduire les ZNT. Nous souhaitons faire reconnaître intérêt des adjuvants. Mais c’est long, car il faut faire reconnaître la diminution de dérives pour chaque combinaison produit phyto / adjuvant ».

Autre sujet sur lequel les fabricants d’adjuvants veulent faire entendre les  bénéfices  de  leurs  produits, le biocontrôle et les biostimulants, dont l’utilisation ne cesse de croître. « Comme avec un produit conventionnel, les adjuvants améliorent l’étalement ou la résistance au lessivage. Ce qui est crucial, pour une solution comme le soufre en grandes cultures, produit de contact, souligne Jean-Marc Saurel. Nous notons une demande technique croissante pour des couples adjuvant/biocontrôle efficaces ». Quant aux produits biostimulants, leur efficacité pourrait être aidée par l’adjuvantation.

« Pour l’instant, nous ne pouvons pas les utiliser en mélange avec les biostimulants s’ il n’y a pas de produit phytosanitaire dans le pulvérisateur, regrette Cédric Groud. Les biostimulants doivent avoir une AMM matière fertilisante alors que les adjuvants sont homologués sur selon les  procédures des produits phytosanitaires, pour un mélange avec les produits de protection des plantes ».

Pulvé contrôlé, épandage amélioré

Depuis le 1er janvier 2003, tous les pulvérisateurs destinés à l’application de produits phytosanitaires doivent passer un contrôle technique. Depuis le 1er  janvier 2021, ce contrôle est obligatoire tous les 3 ans (et non plus tous les 5 ans). Les matériels neufs disposent d’un délai de 5 ans après leur mise en service.

Les contrôles sont réalisés par des organismes d’inspection agréés Cofrac. « Pulvécenter est l’un des 20 organismes agréés, présente Olivier Bonnefond. Nous formons en permanence nos inspecteurs à toutes les évolutions techniques et réglementaires de la pulvérisation ».

Le contrôle est effectué sur 150 points. C’est un véritable bilan de santé qui porte sur l’ensemble des éléments du pulvérisateur et vérifie leur bon fonctionnement et la fiabilité des réglages. En cas de dysfonctionnements, le défaut sera signalé. Si le défaut est plus important, une réparation s’imposera et devra être suivie d’une contre-visite. Depuis le 1er octobre 2021, il est interdit d’utiliser un pulvérisateur qui nécessiterait une réparation puis une contre-visite. Le délai est de 4 mois pour le remettre en conformité.

Une pastille verte attestera de la conformité du contrôle et indiquera la date du prochain contrôle. En cas de non-réalisation du contrôle ou de dépassement du délai de 4 mois pour la mise en conformité, le contrevenant s’expose à une amende de 5e classe, soit 1.500 €, portée à 3.000 € en cas de récidive.

Si c’est une obligation réglementaire, le contrôle du pulvérisateur permet aussi de travailler de façon plus précise. En plus de l’état du pulvérisateur, de sa cuve, de ses rampes, le contrôle vérifie aussi la pression et le débit de l’application.

Auteur: Cécile Julien

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