En Moselle, un groupe Dephy travaille depuis près de 10 ans sur l’introduction de culture de printemps dans la rotation pour lutter contre les vulpins résistants. Au début des années 2020, la construction de plusieurs unités de méthanisation dans le département a ouvert la porte au maïs.
Alors que la rotation de la plaine du centre Mosellan est historiquement basée sur le triptyque colza/blé/orge, les membres du groupe Dephy 57 se sont posés la question depuis près de 10 ans de l’introduction de culture de printemps. L’objectif affiché est principalement de casser le cycle du vulpin dont les résistances aux produits phytosanitaires sont de plus en plus gênantes pour les producteurs. Avec l’arrivée d’unités de méthanisation sur le secteur à l’aube des années 2020, le maïs s’est imposé comme une alternative crédible sur le plan agronomique et viable pour l’aspect économique. « Depuis 2022, j’ai passé 10 % de ma surface en maïs ensilage que j’apporte à une unité de méthanisation » témoigne Sébastien Mangin, agriculteur à Ogy-Montoy-Flanville en Moselle et membre du groupe Dephy. Sur le volet vulpin, il explique avoir toujours maintenu de l’orge de printemps dans sa rotation pour limiter le développement de cette adventice. Le problème de résistance est donc moins prégnant chez lui que chez ses voisins. « Malgré tout, le maïs est une culture d’été avec un cycle un peu différent de l’orge de printemps. Dans les zones à vulpin, c’est évident qu’il m’aide à gérer le stock semencier » relève-t-il.
Même constat pour son confrère Luc Gascard qui évoque un effet visible sur le vulpin, d’autant plus quand le maïs est associé avec une seconde culture de printemps successivement. L’agriculteur mosellan explique avoir introduit le maïs pour la méthanisation depuis sept ans sur sa ferme. « Aujourd’hui, j’implante au minimum 50 ha de maïs. Depuis que cette culture a intégré ma rotation, elle est ressortie cinq fois avec la meilleure marge » commente-t-il.
Si le maïs représente une alternative intéressante pour contrer le vulpin, il ne faut pas croire que l’introduction de cette culture agisse comme un coup de baguette magique. « Je commence à observer des vulpins même jusque dans les parcelles de maïs depuis trois ans » constate Sébastien Louyot, conseiller technique à la chambre d’agriculture de la Moselle et en charge de l’animation du groupe Dephy 57. Alors comme Luc Gascard, les membres du groupe s’essaient à la double culture de printemps dans la rotation pour contrer davantage le vulpin. « Il y a de plus en plus de rotation colza/blé/orge de printemps/maïs/orge d’hiver. Les exploitants qui ont des unités de méthanisation sur leur propre exploitation vont jusqu’à supprimer le colza avec des rotations maïs/maïs/blé orge d’hiver ou alors pois ou tournesol/maïs/triticale/blé » détaille le conseiller.
Pour Sébastien Mangin, le retour du maïs dans la rotation était déjà une hypothèse depuis quelques années. « Mais avec le maïs grain, je me posais beaucoup de question. Avec les aléas climatiques de plus en plus fréquents, les récoltes tardives et les frais de séchage peuvent être compliqués à gérer. Avec le maïs ensilage, c’est plus simple. Après le semis fin avril, il ne nécessite qu’un désherbage. Et encore, il est réduit car la plupart des parcelles n’ont pas vu de maïs depuis 40 ans. Rien à voir avec le colza en termes de temps de travail. La récolte représente un gros chantier, mais il est condensé sur quelques jours » souligne-t-il.
Dans le détail de son itinéraire cultural, Luc Gascard explique mettre un couvert d’hiver composé de tournesol, vesce, phacélie, raids et moutarde avant le maïs. Il est détruit en février avec un outil à disque et un rouleau. Puis la parcelle est reprise à la herse rotative. « Pour la campagne 2023/24, vu les conditions, nous sommes intervenus de manière un peu différente. Nous sommes passés au broyeur au 15 octobre. Puis la parcelle a été labourée. Il y a toujours un travail profond avant l’implantation du maïs » témoigne-t-il.
Si les cultures de printemps, maïs en tête, ont su trouver leur place dans les rotations du groupe Dephy, Sébastien Louyot nuance la temporalité de cette réussite : « Les rotations n’ont pas changé du jour au lendemain. Il a fallu 10 ans aux exploitants pour stabiliser le système, soit au moins deux rotations. Il faut s’ajuster sur les parcelles qui réussissent mieux en maïs ou en orge de printemps. Ou encore celles où il y a trop d’oiseaux pour le tournesol ».
Réduire l’IFT
Au-delà de la lutte contre le vulpin résistant, l’objectif du groupe Dephy est de réussir à réduire son Indice de fréquence de traitement (IFT). Sur 6 ans, les agriculteurs du groupe ont réussi à atteindre un IFT inférieur de 41 % à la moyenne régionale. C’est surtout sur l’IFT hors herbicide que le gain est le plus important. « Sur le volet herbicide, c’est difficile de réduire. Ce qui important, c’est que nous avons réussi à le maintenir à un niveau égal malgré le développement de résistance, le retrait de certaines molécules et les doses de certains herbicides qui ont été revues à la baisse » constate Luc Gascard.
Si le maïs s’est imposé dans les rotations, les membres du groupe Dephy 57 avaient auparavant testé plusieurs cultures implantées au printemps pour contrer le vulpin. « Entre 2010 et 2015, nous nous sommes concentrés sur l’orge de printemps et le pois. Si l’orge a été conservée, il se fait moins de pois, car les rendements étaient régulièrement inférieurs à ce qui était attendu » constate le conseiller de la chambre d’agriculture de la Moselle. Le tournesol, également testé, a vu ses surfaces réduites du fait des dégâts occasionnés par les oiseaux.
Par Rédaction Wikiagri
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