En Egypte, les produits alimentaires de base, le pain en tête, sont pour une bonne partie subventionnés. L’Etat y consacre près d’un tiers de son budget (subventions pour l’essence et l’électricité comprises). Gros plan sur un système en pleine remise en cause.
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Les Egyptiens font partie des plus gros mangeurs de pain au monde, avec près de 200 kilos de blé consommés par an et par habitant. A l’échelle du pays, cela représente une consommation annuelle de l’ordre de 19 Mt de blé par an, soit 4 fois la consommation française.
En moyenne, la production locale représente 40 % de la consommation du pays, soit environ 8 Mt par campagne. L’Etat en achète environ la moitié, le reste est autoconsommé dans les campagnes. Pour favoriser l’utilisation de la production locale de blé, l’Etat l’a longtemps collectée à un prix très supérieur aux cours mondiaux. Les multiples fraudes (mélanges du blé local avec du blé importé) qui ont émaillé ce système ont contraint l’Etat à revoir depuis 2017 ses prix d’achat et à pratiquement s’aligner sur les cours mondiaux.
Le reste du volume consommé (60 %) est importé, à la fois par le GASC, l’acheteur d’Etat, et les meuniers privés. L’Etat est responsable de l’approvisionnement des moulins pour la fabrication de la farine subventionnée. Cette farine est utilisée pour concevoir les pains qui sont distribués à prix fixe, à savoir 0,002 € pour un pain de 100 g. Aujourd’hui, 80 % des Egyptiens profitent de ces subventions qui sont attribuées selon des critères sociaux.
L’Etat a mis en place un système de carte à puce, qui autorise une famille à prendre 5 pains par jour et par personne au prix de 0,002 €. Pour limiter le gaspillage de pain ou pour éviter que les familles ne l’utilisent à d’autres fins (pour nourrir le bétail par exemple…), le gouvernement s’est réorganisé. Désormais, une famille peut prendre moins de pain que le volume qui lui est attribué, et bénéficier d’un crédit dont le cumul mensuel lui permet d’acheter d’autres produits alimentaires de base comme l’huile.
Un certain nombre de rumeurs circulent sur la perspective d’une réforme importante du système de subventions du pain après les élections présidentielles prévues fin mars. Selon certaines sources, cette réforme irait dans le sens d’une libéralisation du prix du pain avec, en contrepartie, une augmentation de l’allocation financière pour tous les citoyens bénéficiant de la carte de rationnement.
Les grandes lignes de la réforme comporteraient :
– la libéralisation du prix du pain de 100 g, qui passerait de 0,002 € à 0,02 €,
– l’attribution à tous les citoyens d’une allocation financière mensuelle de 4,80 € pour compenser cette augmentation,
– le libre choix laissé aux boulangers pour leur approvisionnement en farine auprès des moulins.
L’Etat rechercherait ainsi à continuer de fournir un soutien aux citoyens tout en réduisant les coûts supplémentaires induits de la politique actuelle de subventions (gaspillages, fraudes sur le blé et la farine). Mais aujourd’hui, de nombreux freins subsistent avant la mise en place de cette réforme.