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Le Mexique, un pays devenu excédentaire en blé dur

Depuis 40 ans, le Mexique s’est spécialisé dans la production de blé dur, au détriment du blé meunier. Portrait d’un pays exportateur net de blé dur.

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Une production concentrée au Nord du pays

Les Etats de Sonora et de Basse-Californie représentent à eux seuls respectivement 73 % et 22 % de la surface nationale en blé dur. Dans le Sonora, la vallée de Yaqui représente 75 % de la production mexicaine et ce, grâce à des conditions pédo-climatiques particulièrement favorables au développement de cette culture. Les rendements sont en moyenne de 6,2 t/ha et surpassent de 50 % ceux en blé meunier.

95 % de la surface en blé dur du Mexique est irriguée, les 5 % restants sont concentrés dans la région de l’Altiplano mexicain (au centre du pays).



Au Mexique, il existe deux campagnes de production : une campagne automne/hiver (99 % de la surface en blé dur), avec des semis d’octobre à fin février et une récolte d’avril à juillet, et une campagne printemps/été, avec des semis d’avril à septembre et une moisson d’octobre à mars.

L’Etat contrôle la commercialisation du blé dur

La campagne de commercialisation du blé dur au Mexique s’étale du 1er avril au 31 mars. 85 % de la production est contractualisé par l’organisme étatique ASERCA (Agencia de Servicios a la Comercializacion y Desarrollo de Mercados Agropecuarios). Ce contrat s’inscrit dans le Programme Public d’Agriculture par Contrat validé par les syndicats des producteurs et ceux des acheteurs, il s’agit d’un contrat d’achat-vente qui établit aussi bien l’ensemble des spécifications (volume, qualité, lieu de livraison, etc) que le prix du contrat. Ce dernier correspond au CBOT plus une « base » fixée par l’Etat prenant en compte le coût du fret, du stockage et financier car le prix CBOT correspond à un prix Rendu Chicago.

Plus d’un million de tonnes de blé dur exportées

Les régions de production situées au nord-ouest du pays se trouvent loin des bassins de consommation situés plus au centre. D’un autre coté, la production locale de blé meunier ne satisfait qu’un tiers de la consommation intérieure dans les meilleures années, c’est-à-dire sans problème de qualité. Ainsi, en 2014-15, près de 1,2 Mt de blé dur ont été exportées et 4,2 Mt de blé meunier ont du être importé. Les exportations se font principalement au départ de deux ports de la façade Pacifique. L’un est situé dans l’Etat de Sonora et concentre en moyenne 82 % des exportations mexicaines de blé dur, le second est situé dans l’Etat de Basse-Californie.


Tableau 1 : bilan du blé dur au MexiqueSource : Cosechando numeros del campo

L’Algérie et la Turquie : premiers clients du blé dur mexicain

Ces deux pays ont même montré un vif intérêt depuis le début de la campagne 2014-15 : depuis le 1er avril 2014, l’Algérie a importé 700 000 tonnes de blé dur contre 376 000 tonnes sur l’ensemble de la campagne 2013-14. Même tendance pour la Turquie qui totalise 320 000 tonnes d’importations de blé dur entre le 1er avril 2014 et le 28 février 2015 contre 174 000 tonnes en 2013-14. La troisième place est occupée par l’Italie qui contrairement aux deux pays précédents a vu ses importations de blé dur en baisse cette année avec 60 000 tonnes contre 119 000 tonnes en 2013-14.


Les autorités souhaitent développer le blé meunier 

Les autorités ont fait part d’un programme de reconversion productive qui a pour but de remplacer le blé dur par du blé panifiable au travers de variétés meunières plus productives et plus résistantes aux maladies et répondant également aux exigences des meuniers.

Une telle action permettrait de baisser les importations de blé meunier qui représentent 12 % de la valeur totale des importations agricoles mexicaines en 2014. Les autorités souhaitent renforcer l’autosuffisance en blé meunier quitte à réduire le solde disponible exportable de blé dur.

Toutefois, ce programme mettra du temps à se mettre en place en raison de l’offre variétale actuelle, particulièrement tournée vers le blé dur (60 % de l’offre variétale nationale).

Quid de la campagne 2015-16 ?

Les semis de la campagne de production automne/hiver viennent de se terminer et le Mministère de l’Agriculture estime la surface à 335 400 ha contre 330 750 ha il y a un an.

Les conditions de culture dans l’Etat de Sonora restent favorables grâce aux importantes précipitations et aux températures très basses enregistrées au cours de l’hiver.

Aurélie JARLEGANT (France Export Céréales)

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