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Le lait de montagne doit affirmer son authenticité et sa naturalité

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La production française de lait de montagne résiste. Elle est portée par des systèmes de production de plus en plus singuliers, bien moins sous l’emprise de l’agrandissement qu’en zone de plaine. De nouvelles mesures et des aides spécifiques lèveraient les nombreux handicaps qui rendent ces exploitations laitières vulnérables alors qu’elles produisent du lait très apprécié par des consommateurs à la recherche de naturalité.

Il est temps de « rassembler l’ensemble de la filière autour d’un projet de segmentation et de recherche de valorisation pour différencier le lait de montagne au travers d’un « socle standard », défend l’institut de l’élevage. Il organisait le 2 avril dernier une conférence intitulée « Grand Angle lait ».

La fin des quotas laitiers a généré, en France, une concentration de la production de lait dans les régions de plaine aux dépens des massifs montagneux malgré les handicaps structurels pour élever des troupeaux de vaches laitières. Mais la filière laitière se porte mieux dans les petites régions de montagne sous indications géographiques protégées que dans celles où le lait peine à être mieux valorisé que le lait collecté dans les zones de plaine.

Entre 2008 et 2017, la production de lait a augmenté de 17,9 % dans le Jura (où est produit le comté), de 14,1% dans les Vosges et de 8,6 % dans les Alpes. Cependant, elle s’est tassée dans le Massif Central et elle a fortement décliné dans les Pyrénées. Dans ces deux derniers massifs montagneux, la production de lait est concurrencée par celle de bovins viande.

Or la filière laitière est la seule filière agricole en mesure de créer de l’emploi dans les zones de montagnes. On y dénombre en moyenne 5,2 emplois (agricoles et indirects) par tranche de 100 hectares de Sau contre seulement 2,5 emplois en production bovine. Le camion citerne collecte deux à trois fois par semaine le lait dans les fermes alors que le marchand de bestiaux ne vient qu’une à deux fois par an acheter des animaux et les mener à l’abattoir !

Les exemples italiens et allemands

La vigueur économique des filières laitières dans les différents massifs résulte des politiques d’aménagement du territoire initiées par les régions et les gouvernements en complément de la Pac. Elles portent des résultats intéressants là où elles sont menées avec rigueur.

Ces politiques reposent sur la valorisation des territoires et des spécialités fromagères alors que les consommateurs sont justement avides de naturalité et d’authenticité. Le lait de montagne a quasiment la même renommée que le lait bio.

Les régions montagneuses et le gouvernement français pourraient s’inspirer des politiques d’aménagement du territoire ambitieuses menées dans le sud Tyrol en Italie, ou encore en Bavière, en Allemagne.

Ces deux régions très riches, prises en exemple, ont accompagné les éleveurs pour maintenir des modèles de production de petite dimension et pour valoriser leurs productions en s’appuyant sur leur tradition fromagère très réputée.

L’origine des produits laitiers est bien identifiée par une population urbaine affamée de produits naturels et locaux. Dotée d’un important pouvoir d’achat, elle a les moyens de les payer plus chers.

Pour relancer la production laitière dans le Massif central et dans les Pyrénées et pour la renforcer dans les massifs de l’est de la France, l’Institut de l’élevage émet quelques propositions. Elles reposent sur un travail d’expertise mené à la fois à l’échelle des bassins de production et des systèmes de production.

Pourquoi pas une aide pour compenser le coût de la collecte en montagne ?

L’institut propose ainsi la création d’une aide directe spécifique pour compenser coût de collecte du lait dans les fermes de montagne. Il est de 20 à 25 € par tonne  contre 10-15 € en zone de plaine. Une aide spécifique à l’acquisition d’équipements serait aussi nécessaire (citernes compartimentées doubles pompages etc.).

Toujours selon l’Idele, il serait judicieux de pérenniser les ICHN (indemnités compensatrices au handicap naturel)  en les indexant au coût de production du lait et non pas à son prix de vente. Et pour limiter l’abandon de la production, il serait judicieux de créer au niveau national un soutien spécifique pour les systèmes laitiers dans les zones de montagne où l’évolution du cheptel est négative.

Enfin, les plans pour la compétitivité et l'adaptation des exploitations agricoles et les plans de modernisation des bâtiments d’élevage devraient être pérennisés.

Le secteur de l’aval n’est pas oublié. L’institut de l’élevage propose de conforter les filières labélisées (AOP, IGP, Bio) et de développer les transformations fromagères en bio.

Enfin comme dans l’ensemble des régions de France, l’avenir de l’élevage laitier en zone de montagne repose sur une politique volontaire de transmission et de cession d’exploitations mais aussi d’acquisition foncière qui favorise l’installation.

261 000 litres de lait produits par exploitation

La production de lait de montagne est portée par des systèmes de production de plus en plus singuliers, moins sous l’emprise de l’agrandissement des exploitations en zone de plaine. La production moyenne est de 261 000 litres par exploitation contre 470 000 en zone de plaine en 2017 (contre 300 000 litres en 2008-2009).

En conséquence, le nombre d’exploitations diminue plus lentement (4,1 % par an depuis 2015) qu’en zone de plaine (4,9 % par an). La fin des quotas n’a pas généré une délocalisation de la production laitière en zone de plaine. Au contraire.  

Le coût de production des 1 000 litres est de 610 € dans le Massif central et de 775 € dans les massifs de l’est, selon l’Idele.


Ci-dessous, photo Adobe.
 

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Auteur : Hénin Frédéric
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