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Filière laitière – En 2024, les revenus des éleveurs marquent une pause

Dans les exploitations laitières, la situation des éleveurs s’assainit. Mais en 2024, la stabilité du prix du lait n’a pas compensé la hausse des charges de structures. De nombreux producteurs ont aussi été pénalisés par leur activité céréalière et la FCO. En bio, la valorisation du lait ne garantit plus un revenu décent aux producteurs.

Depuis quelques campagnes laitières, la situation financière des producteurs de lait s’améliore, aidée par une conjoncture plutôt favorable des marchés des produits laitiers et par des revenus supérieurs à ceux de la fin des années 2010. En 2023, seules 21 % des exploitations laitières du réseau Cogedis avaient une trésorerie négative, selon l’institut de l’élevage. Deux ans plus tôt, elles étaient plus de 31 %. Mais en ayant davantage investi, la proportion d’exploitations qui emploient plus de 40 % de leur EBE à rembourser leurs prêts a augmenté de 8 points entre 2022 et 2023.

Dans le Grand Ouest, les éleveurs ont investi massivement. 57 % d’entre eux mobilisent plus de 40 % de leur EBE pour rembourser des prêts.

En Dordogne et en zone de montagne, les éleveurs ont renforcé le fonds de roulement de leur exploitation. La moitié d’entre eux sont peu endettés: moins de 40 % de l’EBE de leur exploitation est employé pour honorer leurs prêts et leur taux d’endettement est inférieur à 40 % de l’actif.

Les hausses sensibles du prix du lait et des cours de la viande sont trop récentes pour avoir impacté les revenus (ou résultats courants après impôts et prélèvements sociaux) des éleveurs laitiers en 2024. Au début de l’année, la MILC (marge IPAMPA sur coût total indicé) a franchi le seuil de 200 €/1 000 l.

L’an passé, le prix du lait était resté globalement stable. La MILC (164 €/ 1 000 l) a progressé de 13 €/1 000 l en raison de la diminution des charges de -17 €/ 1000 l alors que le produit lait s’était replié de 4 €/1 000 l.

Mais ce supplément de marge a été compensé par l’augmentation des charges de structure.

Par ailleurs, de nombreux éleveurs ont vendu à pertes leurs céréales récoltées en 2024 : les rendements étaient trop faibles et les prix ne couvraient pas les coûts de production.

Autre fait marquant de l’année 2024, le décrochage des revenus des producteurs de lait bio. Economiquement, leur conversion ne présente plus aucun intérêt. Dans les zones de plaine, le résultat courant par unité de main d’oeuvre (RC en €/UMO) est inférieur de 15 000 €/UMO à celui des éleveurs conventionnels.

Parmi les sept catégories d’exploitations laitières identifiées par l’Institut de l’élevage (1), les revenus stables des entreprises « Lait et viande bovine de plaine » sont les plus élevés avec un RC/UMO de 53 700 €. Les producteurs ont bénéficié des conjonctures porteuses des marchés des produits de la viande. Un quart des exploitations dégagent même des revenus supérieurs à 70 000 €/UMO.

Des céréales produites à pertes

Les fermes « Spécialisées lait de plaine », plus dépendantes de leur activité laitière que les précédentes, réalisent un RC/UMO moyen de 45 400 €, supérieur de 700 €/UMO à l’an passé. Mais ces chiffres masquent des écarts de revenus de 30 000 €/UMO entre le quart supérieur et le quart inférieur.

30 000 €/UMO, c’est aussi le revenu moyen des exploitations « Lait bio de plaine ».  Sur un an, il a diminué de près de 8 000 €/UMO.

En fait, la valorisation du lait collecté dans ces exploitations bio (520 €/ 1000 l en moyenne quand il n’est pas déclassé) ne compense pas les 274 000 litres de lait produits en plus dans les exploitations conventionnelles « Spécialisées lait de plaine ». L’écart de revenu est de 15 000 €/UMO. Pour ces deux catégories d’exploitations, les mauvais résultats de l’activité céréalière ont aussi impacté négativement leurs revenus de près de 3 000 €/UMO.

Sans le déficit céréalier six fois plus élevé (19 900 €/UMO), le RC/UMO des exploitations « Lait et cultures de vente» serait de 57 000 € et non pas de 37 200 € (-11 000 €/UMO sur un an).

Dans les zones de montagnes, les exploitations « Lait de montagne de l’est », la production de lait a diminué en raison de la piètre qualité des fourrages récoltés en 2024 et des ravages causés par la FCO. Par ailleurs, la moindre demande de fromages AOP a conduit les laiteries à restreindre la collecte de lait.

Le lait bio de montagne marginalisé

Aussi, les revenus de ces exploitations « Lait de montagne de l’est » s’érodent pour la troisième année consécutive (35 600 /UMO en 2024 après 39 900 €/UMO en 2022). Ils sont cependant bien plus élevés que ceux des fermes conventionnelles « Lait de montagne et piémonts du sud » (25 300 €/UMO ; – 4 000 €/UMO sur deux ans). Là encore, les charges de structures n’ont pas été compensées par la vente de lait.
Mais surtout, leurs consœures « Lait bio de montagne et piémonts du sud » affichent les revenus les plus faibles de la profession laitière (17 000 €/UMO ; -6 000 €/UMO). Ces derniers sont plus de trois fois inférieurs à ceux des éleveurs conventionnels « Lait et viande bovine de plaine »

Dans ces exploitations « Lait bio de montagne et piémonts du sud », les indicateurs économiques sont tous passés au rouge. Les 313 000 litres de lait produits en moyenne par ces fermes, vendus 548 €/ 1 000 l, n’ont jamais permis de dégager un résultat courant satisfaisant.

(1) Estimations établies à partir des 331 exploitations laitières du réseau Inosys et du pôle bio du Massif central

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