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Le canton qui a perdu ses laitiers

L’information peut paraître anecdotique, car très locale, mais elle est symptomatique d’une évolution de notre agriculture : en Haute-Marne, département qui fonctionne majoritairement en polyculture, un canton n’a plus un seul laitier…

Un canton, celui de Saint-Dizier, ça ne paraît pas énorme. Mais il faut replacer l’information dans son contexte : près de 80 % des agriculteurs de Haute-Marne sont en polyculture, lait, viande et céréales. La Haute-Marne n’est pas un département à vocation unique céréalière, la diversité y règne.

Or, les difficultés sont telles sur le secteur laitier, que l’on observe, selon l’expression de Thierry Lahaye, président de la FDSEA de la Haute-Marne, une « végétalisation » du département. Nombreux sont les agriculteurs qui abandonnent le lait pour se consacrer soit uniquement aux céréales, soit aux céréales et aux élevages allaitants. Avec donc, pour la première fois, un canton entier qui ne compte plus le moindre laitier.

« Beaucoup de laitiers estiment que ça ne vaut plus le coup, analyse Thierry Lahaye. Le métier est pénible, peu considéré, connaît des difficultés économiques. Mais même des exploitations qui pourraient tenir font le choix de la mutation. A tel point que, pour la première fois, la Haute-Marne perd des quotas laitiers.« 

La Haute-Marne se végétalise…

En jeu, de nombreux paramètres. Les normes environnementales adoptées depuis le Grenelle de l’environnement ont souvent été considérées comme des sanctions, car manquant d’incitations économiques pour les accompagner. « C’est l’un de nos combats, reprend le syndicaliste, faire de l’environnement oui, mais avec de l’économique dedans. » Mais aussi la comparaison avec les voisins européens, qui ont su, eux, prendre le virage de la croissance verte. « La méthanisation est un vrai plus pour les agriculteurs allemands, qui peuvent ainsi utiliser les effluents d’élevage et être rétribués en rendant service à la société.« 

Une méthanisation qui arrive, enfin, en France, mais tardivement : « Bien sûr, il faut l’encourager« , commente encore notre interlocuteur.

Mais le temps de la mise en place, un canton, déjà, a perdu ses laitiers. Une goutte de lait à l’échelle du pays peut-être, mais ô combien révélatrice de l’ambiance qui règne actuellement et des mutations qui s’opèrent dans notre agriculture.

Diversité, où t’envoles-tu ?

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