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Le blé russe inonde le marché mondial

Avec une production record de 84 Mt de blé tendre et un disponible exportable de plus de 35 Mt, la Russie avait pour enjeu de dégager un maximum de blé avant l’arrivée de l’hiver et le ralentissement de la logistique. A fin novembre, le pari est plus que réussi.

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Plus de 18 Mt de blé tendre livrées sur les 5 premiers mois de la campagne 2017/18

A fin novembre, selon les statistiques de chargement aux ports, la Russie avait expédié plus de 18 Mt de blé tendre, contre 12,6 Mt en moyenne triennale (figure 1).

A l’exception du mois de juillet, les chargements par mois ont largement dépassé ceux de la moyenne des trois dernières années.


Figure 1 : rythme d’exportation des blés russes (en milliers de tonnes)

Source : Stratégie Grains et France Export Céréales, novembre 2017


Avec un besoin de dégagement plus important que d’ordinaire pour ne pas avoir de stocks de fin de campagne trop conséquents, les Russes mettent les moyens. A titre d’exemple, l’acheminement des céréales des fermes vers les ports a été en partie soutenu par le gouvernement russe.

Qui plus est, la météo clémente du mois de novembre a permis aux exportateurs russes de charger des bateaux sans être inquiétés. Ainsi, plus de 4 Mt de blé tendre ont été chargées, un record qui explose pour ce mois-ci dans le pays.

Le blé russe s’exporte davantage vers l’Afrique

L’Egypte et la Turquie restent les deux destinations phares du blé russe, pays qui représentent un tiers des exportations russes. Avec une quantité importante et une bonne qualité pour la campagne 2017/18, les Russes vont chercher d’autres destinations, à commencer par l’Afrique de l’Est (figure 2). Ils sont davantage présents au Kenya (400 kt) et en Tanzanie (330 kt) où le volume de ces 4 premiers mois de campagne atteint déjà celui d’une campagne complète en moyenne triennale. En Ouganda et au Ghana (130 kt chacun), le volume pour 2017/18 est déjà supérieur à celui des campagnes précédentes.

Moins importantes en termes de volume pour les Russes, mais plus préoccupantes pour l’origine française, les exportations de blé tendre russe augmentent en Afrique de l’Ouest, concurrençant directement les origines françaises (figure 3). A fin octobre, les exportations russes représentaient 30 % de l’approvisionnement de la zone, soit une quantité équivalente aux exportations françaises.


Figure 2 : comparaison des destinations des blés russes entre la campagne 2017/18 et la moyenne triennale 2014/17 (en %)

Source : Stratégie Grains et France Export Céréales, novembre 2017


Figure 3 : importations de l’Afrique de l’Ouest en blé tendre, hors Nigéria (à fin octobre 2017)

Source : Stratégie Grains et France Export Céréales, novembre 2017

Un ralentissement hivernal qui devra être mis à profit par les blés français

Selon les analystes russes, les exportations de blé tendre du pays pourraient dépasser les 35 Mt. Il resterait donc à la Russie un peu moins de la moitié de son disponible à exporter, 17 Mt, sur les 7 prochains mois de la campagne. La cadence à tenir est importante, mais pas impossible au regard de ce qui a été fait sur la première partie de campagne et du rythme de chargement observé en 2016/17 même sur la période hivernale.

Sur les mois à venir, les chargements russes seront à surveiller de près, puisqu’avec l’arrivée de l’hiver, ils devraient ralentir et laisser ainsi plus de place aux autres concurrents. Les blés français pourraient profiter de cette opportunité, à condition qu’ils soient compétitifs.

 

Margaux Verdier (France Export Céréales)

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