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En 2018, l’industrie de la protection des plantes commémore le siècle vert

L’UIPP, union des industries de la protection des plantes, s’apprête à fêter son centenaire en 2018. À cette occasion, une vaste opération de communication est programmée, intitulée « Le siècle vert », avec pour objectif d’échanger le plus possible avec le grand public pour rapprocher les opinions sur le sujet controversé des pesticides.

Les conférences de presse annuelles, quel que soit l’organisme, baignent souvent dans une forme institutionnelle qui, en définitive, n’apprend pas grand-chose aux journalistes présents, donc à leurs lecteurs. Le ton donné à celle de l’UIPP le 6 décembre en a décidé autrement. Président, directrice générale et directrice de la communication de cette association professionnelle ne se sont ainsi pas contentés de la lecture de leurs slides, ils les ont agrémentés de commentaires… sans langue de bois !

Mais commençons par les informations. Le 6 juin 2018 précisément, l’UIPP fêtera ses 100 ans. C’est en effet à cette date, mais en 1918 donc, que le syndicat professionnel des fabricants de produits anticryptogamiques et parasiticides de France a été créé, avec ses statuts déposés à la direction des affaires municipales de la préfecture de la Seine… Aujourd’hui dénommée UIPP, cette organisation professionnelle regroupe 22 entreprises industrielles commercialisant des produits phytosanitaires à usage agricole ou accompagnant les acteurs de la filière. Elle est représentative de l’agrochimie en France… Laquelle, cela ne vous a pas échappé, est sous le feu des projecteurs médiatico-politiques depuis de longs mois, le dernier épisode en date se nommant « glyphosate ».

D’où la volonté de faire de l’ensemble de l’année 2018 une année de partage des idées sur l’utilisation des produits de la protection des plantes.

Les 22 entreprises adhérentes de l’UIPP pèsent 95 % du marché français de la protection des plantes, et emploient 5500 salariés (22 % en recherche et développement, 36 % en production, 42 % au siège, marketing, vente, support…), soit autant que la RATP ou deux fois moins que France Télévision. Elles fournissent plus de 40 % des produits phytosanitaires utilisables en agriculture biologique, et 50 % des produits de bio-contrôles disponibles en France. Le marché de la protection des plantes constitue un chiffre d’affaires annuel de 2,17 milliards d’euros, relativement stable au fil des années, jusqu’à présent en tout cas.

Par ailleurs, l’UIPP révèle que 30 à 40 % des récoltes seraient perdues sans protection des cultures, car il existe aujourd’hui plus de 10 000 bio-agresseurs (maladies, ravageurs, flore concurrente…) qui doivent être contrôlés. L’année 2016 (particulièrement pénible en termes de dégâts, dus au départ à la météo puis aux maladies et insectes qui se sont installés sur les plantes après les pluies diluviennes de début juin), a mis en lumière que les risques non maitrisables augmentaient pendant que les solutions de protections des cultures devenaient de plus en plus compliquées. Tavelure sur les pommes, mildiou sur les vignes, cercosporiose sur les betteraves sucrières… ont été concurrencés par les insectes, tels les drosophiles suzukii sur les arbres fruitiers, ou encore les mouches des olives, sans parler des larves, comme celles d’altises sur le colza.

Or, dans plusieurs de ces cas, tant Nicolas Kerfant, président de l’UIPP, que Eugénia Pommaret, directrice, ont alerté sur le fait que des produits ou des molécules ont vu leurs utilisations suspendues par l’Etat français sans respecter les règles communautaires en vigueur, et donc sans que le temps soit donné pour que la dangerosité du produit soit établie tel qu’il est utilisé, ni pour lui donner une substitution : les règles n’ont pas été établies pour rien, s’y soustraire au nom de l’opinion publique comporte obligatoirement des conséquences. Et si le bilan 2016 est aussi calamiteux, c’est bien sûr dû aux caprices météorologiques, mais aussi à l’incapacité d’y faire face avec une palette de réponses qui existent pourtant, mais dont on n’a plus eu le droit d’user, un peu trop du jour au lendemain.

Le siècle vert, une vaste opération de communication

D’où l’obligation pour l’UIPP de communiquer pour faire valoir son opinion. Et l’année 2018, celle du centenaire, lui en donne l’opportunité. Au calendrier, précise Delphine Guey la directrice de la communication, quatre rendez-vous sont fixés pour l’instant : présence au salon de l’agriculture (fin février / début mars) avec un stand dédié (qui n’existait plus ors des dernières éditions) ; un lieu éphémère d’échanges avec le grand public installé en plein Paris du 14 au 27 mai ; des rendez-vous en régions de mars à octobre ; et enfin une publication en décembre pour préciser les engagements de la filière de la agroindustrie de la protection des plantes pour l’avenir.

Pour les messages, l’UIPP va s’appuyer sur une enquête, discrète mais efficace, qu’elle a mené tout récemment auprès d’échantillons représentatifs de la population rurale. Lors de ces 7 « ateliers citoyens » concernant plus de 150 personnes au total, elle a enregistré que personne n’évoque la fin totale des pesticides comme étant une solution, fut-elle environnementale. En revanche, il est exact que la population montre des préoccupations réelles sur l’utilisation actuelles de la chimie en agriculture. La ligne directrice des messages de cette communication, Eugénia Pommaret l’a donnée lors de la conférence de presse : « On ne souhaite pas mettre en opposition les différents modes de cultures, notre conviction est qu’il faut apporter des solutions à chacune. Au fil du temps, les connaissances s’enrichissent, il arrive que l’on se rende compte qu’une solution n’est plus adaptée, alors il faut évoluer. Mais pour cela, il existe des règles, à respecter, de manière à ce que ces mutations s’opèrent de la manière la meilleure pour tout le monde, à commencer par les utilisateurs.« 

La protection des plantes est devenu un débat sociétal, d’où l’importance de connaitre les arguments de tous les acteurs. Contrairement, d’ailleurs, à ce que souhaite et réalise l’actuel ministre de l’agriculture, qui préfère refuser ne serait-ce qu’écouter tous les interlocuteurs…
 

En savoir plus : https://www.usinenouvelle.com/article/pour-le-ministre-de-l-agriculture-il-n-y-a-pas-de-dialogue-possible-avec-l-agrochimie.N624148 (article de L’Usine Nouvelle où Stéphane Travert avoue refuser le dialogue avec les acteurs de l’agrochimie) ; @lesieclevert (compte Twitter de Le Siècle Vert) ; https://www.facebook.com/lesieclevert (page Facebook).

Ci-dessous, Nicolas Kerfant, président de l’UIPP, et Eugénia Pommaret, directrice, lors de la conférence de presse présentant l’opération de communication Le Siècle Vert.

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