silos grains

Le blé francais de retour dans un marché des céréales très concurrentiel

Les opérateurs français se sont d’ores et déjà lancés dans une campagne de reconquête de leurs clients partis s’approvisionner auprès d’autres pays fournisseurs faute de blé disponible.

La faiblesse de la récolte française de blé n’a pas eu d’incidence sur les marchés mondiaux. Les pays importateurs de céréales n’ont même eu que l’embarras du choix pour s’approvisionner auprès d’autres fournisseurs. Mais après plus de 10 mois de campagne, tous ne sont pas pour autant pleinement satisfaits de leurs emplettes.

En fait, plusieurs cas de figure se présentent. A l’issue de la campagne 2016/2017, certains pays renouvelleront l’expérience et délaisseront définitivement l’origine « France », d’autres mettront de nouvelles conditions pour mettre davantage le blé français en concurrence avec d’autres provenances tandis que la troisième catégorie de pays renouera avec le blé français abandonné le temps d’une campagne.

La France reste un pays fiable, peu enclin aux accidents climatiques qui affectent régulièrement les bassins céréaliers des grands pays exportateurs de blé et qui réduisent leur offre disponible à l’export.

Le bon niveau d’infrastructures et la disponibilité de céréales toute l’année distinguent notre pays de ses concurrents exportateurs. Et les opérateurs français ne sont pas à la merci de décisions politiques prises par leur gouvernement qui les réduisent à se retirer unilatéralement du marché export.

A défaut d’avoir eu du grain à vendre, les exportateurs français ont observé ces derniers mois comment leurs clients se sont reportés sur les blés étrangers pour s’approvisionner afin d’affiner leur stratégie de reconquête pour 2017/2018. La matinée d’échanges organisée le 22 mars derniers par France export céréales a été l’occasion de restituer les résultats des différentes analyses effectuées sur ce sujet.

Le bassin méditerranéen et l’Afrique étaient naturellement au centre de cette étude puisque cette région concentre la quasi- totalité du marché mondial du blé.

La minoterie moins souple que les marchés

Le Maroc est un cas d’école. La faiblesse de la récolte 2016/2017 combinée à de faibles disponibilités de blé français ont conduit le royaume à revoir entièrement sa politique d’approvisionnement en se tournant vers d’autres pays exportateurs. A la sortie de l’hiver, plus de la moitié du blé acheté était russe et ukrainien (1,2 million de tonnes environ) contre 15 % habituellement (voire 30 % certaines mauvaises années). La France avait toujours été, jusqu’alors, le premier fournisseur du Maroc jusqu’à l’an passé.

En ayant diversifié ses achats, le Maroc s’est livré à un exercice de comparaison entre pays fournisseurs. Selon les importateurs marocains, les blés de la Mer Noire sont bon marchés mais les grains sont petits, les livraisons sont hétérogènes avec parfois beaucoup  de déchets. Seule la qualité du blé HWR américain équivalait à la céréale française, réputée pour sa constance.

Ainsi, avec plus de 20 millions de tonnes de blé exportables en moyenne par an, les exportateurs français parviendront à s’imposer de nouveau dans le bassin méditerranéen, et au Maroc en particulier, s’ils sont en mesure et si ils acceptent de livrer du blé dès sa récolte (taux de protéines supérieur à 11,5 %) payé moins cher qu’en seconde partie de la campagne. C’est à cette condition que le blé français pourra concurrencer les grains ukrainiens et russes.

La Russie et l’Ukraine n’ont pas les silos pour stocker durablement du blé puisqu’ils doivent être libérés pour entreposer le maïs à la fin de chaque été. Par ailleurs, l’acheminement des céréales est très dépendant des conditions météorologiques : les voies navigables du Danube gèlent souvent en hiver, ce qui les rend impraticables.

Autre leçon tirée de la campagne 2016/2017 par les opérateurs français: produire plus de blé français pour répondre à la croissance de la demande des pays subsahariens en hausse de 2,5 millions de tonnes par an. Or la quantité de céréales disponible à l’export croît peu, voire plafonne.

En achetant du blé russe, les pays africains ont découvert non seulement une céréale riche en protéines (taux supérieur à 11.5 %), ce qui réduit les coûts de correction, mais aussi un nouveau pays fournisseur en plein essor. Pour l’Afrique subsaharienne, les pays de la Mer Noire sont ainsi devenus le nouveau grenier à blé sur lesquels elle peut compter pour s’approvisionner.

Cette année, le blé russe bon marché représente la moitié des importations africaines subsahariennes. Seuls 20 % du blé importé depuis juillet 2016, par cette région du globe étaient français contre plus de 70 % à 85 % habituellement. Pourtant ce sont des clients très fidèles.

En Algérie, les moulins auront le dernier mot. L’OAIC, l’organisme public en charge des importations, a acheté ces derniers mois du blé allemand, letton, lituanien  et suédois. En conséquence, les moulins algériens ont souffrent des différentes provenances du blé importé car ils n’ont pas les moyens humains et technologiques de s’adapter aux différentes qualités. Trop sec, le temps d’humidité de la farine de blé ralenti le processus de transformation et nécessite des capacités de stockage que le pays n’a pas. Aussi, l’Algérie se réapprovisionnera en France la saison prochaine.  

Origine France : sécurité et régularité

En comparant la qualité des blés importés, les opérateurs étrangers ont regretté la régularité des lots français vendus, le niveau sanitaire ou encore le faible taux de piquage (pas de punaises, germination).

Un bon taux de protéine, est nécessaire mais il ne suffit pas pour décrocher des marchés. Le blé français a des atouts à valoriser.

Bien sûr, certains pays resteront irréductibles et resteront attachés à l’origine Mer Noire. Le taux d’humidité requis par le Gasc est un critère déterminant car plus il est faible, plus l’opérateur a de la marge pour le redresser aux normes égyptiennes et dégager un bénéfice puisque le rendement en farine est plus important.

 

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