Les vingt-sept pays de l’Union européenne font face au Brexit. La conjoncture mondiale est favorable pour réorienter les échanges commerciaux vers les pays tiers.
Depuis le début de l’année, le prix de la tonne de lait (350 € en moyenne depuis trois mois) est porté par une conjoncture mondiale favorable. L’offre de produits laitiers est limitée. Hors Royaume-Uni, les pays de l’Union européenne (UE à 27) obtiennent de bons résultats à l’export.
A contrario, le Brexit impacte fortement les échanges commerciaux de produits laitiers trans-Manche depuis le début de l’année, selon l’Institut de l’élevage (Idele). Il a tenu la 10e édition du colloque « Des marchés mondiaux du lait et de la viande » le 3 juin dernier. Selon ses experts, les importations de produits laitiers sont inférieures de près de 20 % à celles de l’an passé. Les achats de fromages se sont même repliés de 50 % en deux ans.
La production de l’UE à 27 progresserait de 1 % en 2021, selon l’Idele. Elle atteindrait 155 millions de tonnes de lait (Mtl). L’augmentation des prix des aliments n’est plus un frein à la production, comme l’an passé alors que le prix du lait baissait fortement.
Comme la consommation européenne de produits laitiers stagne, l’équivalent de 28,7 Mt sous forme de produits laitiers serait exporté, soit 1 Mtl (ou 4 %) de plus que l’an passé.
L’an passé, 154 Mtl de lait ont été produites et 144,7 Mtl ont été collectées. Ce sont les pays « de second de rang » qui ont porté cette hausse, l’Estonie, la Pologne et l’Italie et la Bulgarie en têtes.
Toutefois, les exportations de produits laitiers ont progressé de 2 % sur un an (27,5 Mtl ; 20,4Mds d’€ de chiffre d’affaires et 18,4 Mds d’ € d’excédent). Les Etats-Unis, qui produisent toujours plus de lait, ont aussi vendu davantage de produits laitiers (12,5 Mtl) mais à l’échelle mondiale, les échanges commerciaux sont poussifs. La Nouvelle Zélande n’a plus les moyens d’être agressive comme par le passé.
En 2021, la production européenne de viande bovine diminuerait de 2 % sur un an après un recul de 1 % l’an passé. 6,8 millions de tonnes équivalent carcasse (Mtéc) avaient alors été produites.
L’an prochain, la France restera le premier pays producteur européen de viande (1,43 Mtéc) Le repli attendu (-1 % sur un an) est bien inférieur aux baisses de production estimées en Irlande (- 5%) ou même encore en Allemagne et en Belgique (- 4%).
La Pologne devient au fil des années un concurrent commercial moins agressif. Le nombre de vaches laitières baissant sensiblement chaque année, moins de veaux naissent donc moins d’animaux sont engraissés. Or en Pologne, les bovins viande sont des animaux de race laitière.
A l’échelle mondiale, l’Union européenne bénéficie d’une conjoncture du marché de la viande bovine favorable. La production a baissé en Australie en 2020 de 12 % sur un an (2,1 Mtec, – 300 000 téc). Elle a aussi reculé en Inde (3,8 Mtéc ; -11,9 %) et au Brésil (8,8 Mtc ; -3,4%). Or dans le même temps, la Chine a accru de 21 % ses importations (3,1 Mtéc) essentiellement d’Amérique du sud (2,25 Mtéc). Pour s’approvisionner en viande bovine, elle est même devenue « mercosur-dépendante ». En trois ans, la valeur des importations a été multipliée par deux mais seulement de 60 % en volume.
En fait, l’Empire du milieu a renoué avec la croissance économique dès l’été 2020 tandis qu’il faisait face à une résurgence de la peste porcine.
Dans le même temps, l’Union européenne fait pâle figure. La consommation de viande bovine a baissé de 2 %. Le repli est plus important en Espagne (-8 %) faute de touristes étrangers. A contrario, les Allemands et les Belges ont acheté davantage de viande (+ 1%) car ils n’ont pas pu voyager.
Les importations de l’UE à 27 (307 00 téc) ont diminué de 20 % et les exportations (655 000 téc) ont augmenté de 1 %. 55 % des volumes vendus ont été expédiés vers le Royaume uni.
Dans le bassin méditerranéen, la crise économique qui sévit en Turquie a porté un coup fatal aux importations de bovins vifs, notamment d’Espagne et de Roumanie. Aussi, les animaux invendus ont été reportés sur le marché européen. L’Espagne a ainsi accru ses exportations de 9 % (197 000 téc) sur un an.
Néanmoins, le marché de la viande est allégé. Les cotations européennes de jeunes bovins « R » n’ont cessé de progressé depuis le mois de novembre 2020. Sur trois mois, le kilogramme de carcasse a crû de de 20 centimes. Le cours de a vache « O » a pris entre temps 30 centimes et a atteint 3,00 €.
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