Certifier HVE l’exploitation pour ne toucher que les aides écorégimes représente un gros risque pour les agriculteurs. Les efforts fournis ne seront pas valorisés et la valeur ajoutée créée leur échappera.
La HVE sera attractive si elle est valorisée, autrement dit, si l ’offre de produits agricoles certifiés HVE répond à des besoins, affirme Cécile Adda Dailly, responsable RSE d’Intercéréales. Les consommateurs seront alors prêts à payer un peu plus cher leurs produits ».
C’est en s’inspirant des filières HVE déjà structurées pour valoriser leur certification qu’il sera possible d’étendre les pratiques en œuvre à l’ensemble des filières agricoles.
A ce jour, les filières courtes, calquées sur celles qui existent en bio, ont un temps d’avance sur les autres. Les producteurs de fruits et les viticulteurs certifiés HVE, en contact direct avec leur clientèle, parviennent à valoriser par les prix des produits vendus, la certification de leur exploitation.
Toutefois, les consommateurs ne parviennent pas encore à bien différencier le label HVE du label bio.
Mais la plupart des filières agricoles sont des filières longues. Et dans ce cas de figure, « la valeur ajoutée créée par la certification devra être transmise tout au long de la chaine de valeur pour qu’elle puisse être, pour les agriculteurs, rémunératrice. L’exercice est ardu mais pas impossible si tous les acteurs se mobilisent » précise Cécile Adda Dailly.
Une chaine de supermarché a lancé, il y a deux ans, une gamme de pains labellisés HVE élaborés à partir de farine issue de blés certifiés Haute valeur environnementale. Le Supermarché a donc construit une filière où la valeur ajoutée créée par les agriculteurs à la tête d’exploitation certifiées HVE, a été transmise tout au long de la chaine de transformation et de distribution jusqu’au consommateur.
Comme la certification HVE est établie à l’échelle des exploitations et non pas d’une de leurs productions, elle impose à l’échelle d’un territoire ou d’un pays, une structuration combinée de toutes les filières agricoles.
Pour les seules céréales, la certification HVE implique un travail de différenciation du champ à l’assiette. Il faut construire une filière compétitive en contractualisant, à chaque niveau de transformation. Fabriquer du pain par exemple, impose un travail d’allotement, de stockage et de meunerie particulier.
Si la certification n’est obtenue qu’en vue de percevoir des aides Eco schèmes, autrement si la certification HVE est assimilée à une simple mesure environnementale, le risque économique supporté par les agriculteurs sera alors important. En effet, les aides perçues ne compenseront pas les coûts supplémentaires qu’implique la certification. A contrario, la valeur ajoutée sera captée par les acteurs de la transformation et de la distribution qui sauront, eux tirer profit des produits à leur disposition.
A l’international, la certification HVE n’est pas identifiée. C’est un label national qui n’a pas son équivalent agricole en Europe et sur les autres continents, comme on l’observe en agriculture biologique.
La certification HVE peut représenter, au niveau national, le volet environnemental de la RSE d’une exploitation, c’est-à-dire « la contribution des entreprises aux enjeux du développement durable ». Au niveau international, elle peut être rapprochée de la certification SAI Sustainable Agriculture Initiative (SAI – agriculture durable) qui est une démarche privée.
Mais sur les marchés des céréales, les grains exportés répondent à des cahiers des charges établis par des clients étrangers ou des organismes publics chargés de lancer des appels d’offres. Or ces cahiers des charges répondent rarement à des critères environnementaux similaires à ceux retenus pour la certification HVE par exemple.
Cette année en particulier, la priorité des pays importateurs est l’approvisionnement de leur population en céréales qui satisfassent les critères requis pour la transformation alimentaire tout en étant les moins chères possible.
Seuls quelques acteurs privés, qui cherchent à construire des filières de niches, sont prêts à valoriser les produits agricoles HVE. Et pour s’approvisionner, ils contractualisent avec des agriculteurs et des organismes stockeurs une partie de leur production qu’ils achèteront plus chère que les produits conventionnels équivalents.
Auteur: Frédéric Hénin