Chaque année, la production de soja bat des records et pourtant les marchés parviennent à peine à l’équilibre. L’an prochain, la Chine consommera 122 millions de tonnes (Mt) de graines de soja alors qu’elle n’en produit à peine que 19 Mt.
Bien que la peste porcine n’en finit pas de sévir, la Chine consomme toujours plus de soja. Selon le Conseil international des céréales (CIC), l’empire du milieu consommerait l’équivalent de 122 Mt de graines de soja en 2021-2022, soit 4 Mt de plus que l’an passé et 10 Mt de plus qu’il y a deux ans. Or sa production annuelle stagne autour de 19 Mt.
Cette année, « les agriculteurs chinois devraient réduire les superficies au profit du maïs qui semble offrir un retour sur investissement relativement meilleur », rapporte le CIC.
Aussi, tout ce que l’empire du milieu ne produira pas encore cette année, il l’importera. Les 104,5 Mt achetées équivaudront alors à 60 % des quantités de soja échangées dans le monde (174 Mt). Or, les trois pays exportateurs majeurs de soja (Etats-Unis, Brésil et Argentine) auront à peine les moyens d’exporter autant de fèves que l’an passé (156 Mt) car une partie de la hausse de leur production sera autoconsommée.
Dans ces pays, comme sur l’ensemble du reste de la planète, l’Union européenne mise à part, les filières animales font preuves de dynamisme.
Résultat, 378 Mt de soja seraient utilisées l’an prochain, soit 13 Mt de plus que l’an passé.
Hors Chine, la consommation serait de 256 Mt, soit 9 Mt de plus sur un an.
Dans l’Union européenne, la stabilité de la consommation de soja traduit le tournant pris par la Pac depuis plusieurs années, pas toujours motivante pour les éleveurs. Pour différentes raisons, sans rapport avec la crise sanitaire de la Covid, les producteurs européens et français en particulier, ne sont plus incités à produire davantage de viandes et de produits laitiers. En jeu pourtant, l’attractivité de la profession, la souveraineté alimentaire européenne et des opportunités à saisir à l’export, hors de l’Union européenne.
La hausse attendue de 6 % sur un an de la production mondiale de soja en 2021-2022 (383 Mt) ne suffira pas pour détendre les marchés. Les stocks de fin de campagne seront partiellement reconstitués (17,4 Mt ; +4 Mt) alors qu’ils avaient fortement baissé en 2020-2021.
Estimés à la fin du mois de juin 2021 à 13,4 Mt hors Chine, les stocks de fin de campagne équivalent à moins de 4 % de la consommation mondiale. Ils se sont repliés de 8 Mt après une campagne déficitaire de 3 Mt.
366 Mt de graines ont été consommées durant les douze derniers mois de la campagne 2020-2021 alors que seules 363 Mt ont été récoltées. Or la production mondiale de soja avait pourtant augmenté de 24 Mt sur un an. Et sur un an également, la consommation mondiale de soja de 13 Mt en 2020-2021 réparties entre la Chine (50 %), le continent américain (25 %) et le reste du monde (25%).
Autant dire que la crise de la Covid n’a pas affecté les filières animales !
Les appels lancés de toutes parts pour réduire la production et la consommation de viande dans le monde pour réduire les émissions de gaz à effet de serre n’ont aucun impact.
Notre illustration ci-dessous est issue de Adobe. 
Par Frédéric Hénin
