cover blank wikiagri

Gelées tardives, quelles conséquences sur les céréales et les maïs ?

De nombreuses gelées sont intervenues depuis une huitaine de jours sur un grand quart sud-ouest de la France. D’autres sont prévues pour les prochains jours. Elles surviennent sur des céréales à paille relativement avancées (de sortie de la dernière feuille à début épiaison) et des maïs parfois assez avancés (3-6 feuilles pour les plus développées). Leurs conséquences dépendent de leur intensité et du stade des cultures lors de leur survenue.

–stop–

Plusieurs épisodes de gel successifs sont intervenus entre le 19 et le 28 avril, le 27 ayant été le jour le plus froid sur l’ensemble de la région (figure 1). D’autre part, ces deux épisodes sont survenus avec des rayonnements très élevées pour la saison.


Carte 1 : Températures minimales mesurées entre le 20 au 22 avril


Figure 1 : Températures prises sous abri sur la station de Bergerac (Dordogne) sur la période 12 au 27 avril

Des dégâts de froid constatés sur blé dur

Froid et céréales à paille : les orges d’hiver sont le plus exposées

Les céréales à paille sont entre dernière feuille pointante pour les parcelles tardives à début épiaison pour les plus avancées. Durant cette période, les céréales sont généralement sensibles aux gelées très prononcées (-3 à -4°C) qui peuvent entraîner des destructions partielles d’épis. Compte tenu de l’intensité modérée des gelées, ce type d’accident devrait être très limité et ne devrait concerner que les secteurs les plus froids pour les parcelles les plus avancées. A ce titre ce sont probablement les orges d’hiver qui sont le plus exposées. Les dégâts seront visibles dès l’épiaison (épillets blanchis/desséchés).

Durant une courte période (24 à 48 h) qui correspond au stade méiose, les cultures sont plus fragiles et peuvent subir des dégâts lorsque les températures sont inférieures à 4°C notamment si les rayonnements sont très faibles. Ce stade pour les blés survient lorsque le sommet de l’épi est encore dans la gaine et atteint la ligule (base) de l’avant dernière feuille (illustration ci-contre). Compte tenu des rayonnements importants ce type d’accident est peu probable et ne devrait concerner que des cas isolés de parcelles très exposées au froid. Dans ce cas, les dégâts éventuels ne seront observables que tardivement après la formation du grain et se traduira par des épillets vides de grain (absence de fécondation).

Le froid et les amplitudes thermiques peuvent engendrer des taches physiologiques ou des symptômes de « brûlure » (photo ci-dessous) ; le vent a entrainé le dessèchement des pointes de feuilles. Attention à ne pas confondre avec la septoriose !



Taches physiologiques sur blé tendre suite aux amplitudes thermiques de la période 3/04 au 14/04.

Froid et maïs : les parcelles au-delà de 5 feuilles particulièrement exposées

Pour les parcelles non levées, c’est la température du sol qui est à prendre en compte. Celui-ci a un effet « protecteur », et la plante n’est pas touchée par le gel.

Pour les productions au stade postlevée, les jeunes feuilles se trouvent par contre exposées à la température de l’air. Un gel de quelques heures est suffisant pour les détruire. Les effets visuels de températures gélives sur les feuilles déployées sont bien connus : dans un premier temps, elles brunissent rapidement, puis elles deviennent plus ou moins translucides. Par contre, à ce stade, le méristème apical (apex), qui produit les feuilles une par une, est encore dans le sol. Il est donc bien protégé des basses températures.

Dans la majorité des cas, les nouvelles feuilles formées, mais pas encore visibles, se développeront et les conséquences seront donc limitées. Toutefois, sur certaines plantules, les feuilles gelées, en se repliant plus ou moins sur elles-mêmes, peuvent bloquer le déploiement des nouvelles feuilles formées. Dans ce cas, il y a perte de pieds.

Jusqu’au stade 4-5 feuilles visibles, le méristème apical (apex), à l’origine de la formation de nouvelles feuilles, est encore dans le sol. Il est donc bien protégé des températures basses. L’initiation et le développement des futures feuilles peuvent se poursuivre normalement.

Après 6 feuilles, l’apex n’est plus protégé dans le sol et le développement des futures feuilles peut être compromis.


Parcelles de maïs sur la commune de Saint Agne ayant subi les gelés de ces derniers jours.

 

Aude Carrera (Arvalis – Institut du végétal)

Article Précédent
Article Suivant