A quelques jours d’intervalle vont se dérouler deux événements, la finale nationale de labour (dans l’Ain) et le festival de non labour (dans le Loiret). Si des oppositions existent, notamment de la part des organisateurs (JA d’un côté, Coordination Rurale de l’autre), ces deux manifestations présentent finalement des intérêts complémentaires pour l’observateur. Décryptage.
Historiquement, la finale nationale de labour existe depuis bien plus longtemps que le festival de non labour (créé en 2000). Et c’est d’ailleurs logique quand on connaît l’histoire du syndicalisme agricole en France, puisque la Coordination Rurale n’existe que depuis 1992.
Les finales de labour (départementales, régionales et donc nationales) ont pour vocation d’attirer la grande foule autour d’une manifestation agricole, où l’on découvre à la fois des produits du terroir et une réelle compétition sportive aux règlements stricts, comprenant différentes catégories. Ce sport est un spectacle réel. Il faut voir ces sillons si longs et si parfaits que l’on peut y tendre un fil pour apprécier la maîtrise de la technique de la part des concurrents. Au fil des années, petit à petit, l’aspect festif entourant ces manifestations est devenu de plus en plus important, le village constitué d’exposants s’est mis à grandir. Aujourd’hui, nous sommes au moins autant dans une fête de la terre que dans des finales sportives… On remarque même que le mot « labour » disparaît peu à peu des intitulés de ces manifestations, on ne le trouve plus obligatoirement en « home page » des sites internet dédiés, il faut parfois cliquer pour accéder à la présentation des épreuves de labour.
C’est un signe des temps, puisqu’aujourd’hui revendiquer le labour trop fortement est devenu écologiquement incorrect.
De fait, le festival de non labour proposé par la Coordination Rurale n’est-il pas devenu « plus intéressant » ? Ce festival a été créé pour mettre en valeur ce qui était une technique innovante en son temps, et sans doute aussi un peu pour faire l’inverse des propositions du syndicat majoritaire. Mais qu’importe ce second aspect, puisque aujourd’hui, c’est une réalité, le non labour et le semis direct gagnent du terrain et sont devenus des techniques au moins observées par tous. Un « festival » qui leur est consacré prend donc tout son intérêt, et mérite sans aucun doute le déplacement.
Mais délaisser le labour, et son événement majeur dédié, serait pour autant une erreur. D’abord, il convient de dissocier une vision qui positionnerait le labour profond comme un ennemi de l’environnement d’une part, des épreuves sportives de labour d’autre part. Car ce sont ces différentes finales, au fil des années, qui ont permis aux constructeurs d’améliorer leur matériel. Et de proposer aujourd’hui des charrues beaucoup plus précises, permettant de remuer la terre sans pour autant en saccager systématiquement la vie microbienne qui la fait vivre. Des charrues plus stables, plus maniables, plus précises, cela vient d’essais sur le terrain, et lorsqu’elles sont maniées par des spécialistes qui tentent, avec ces matériels, de remporter des compétitions, ces essais sont d’autant plus concluants. Je rappelle au passage les propos tenus par Thierry Doré, professeur d’agronomie à Agro Paris Tech et président de l’association française d’agronomie, dans le n°4 de WikiAgri Magazine : « On ne peut pas, dans toutes les situations, supprimer le travail du sol« . Il précisait ainsi que tous les types de terrain ne permettaient pas le non labour. Et j’ajoute que même avec le choix du semis direct, savoir labourer juste une fois peut avoir un réel apport.
Ensuite, il a été observé que les manifestations agricoles qui ont complètement abandonné le labour se sont étiolées au fil des années (par exemple en Seine-et-Marne) en termes de fréquentation : ce spectacle est demandé par le public.
Pour autant, peut-être manque-t-il une portée, désormais, aux finales de labour : prendre davantage en compte les innovations technologiques. Pour faire une comparaison, les courses automobiles ont d’autant plus d’intérêt que les technologies innovantes qu’elles utilisent se retrouvent en série quelques années plus tard dans la voiture de monsieur tout le monde. Même si les finales de labour aident les constructeurs, on ne peut pas dire aujourd’hui qu’elles aient la même utilité que les courses automobiles pour les voitures. La concurrence de manifestations de démonstration sur le terrain de matériel (par exemple Innov Agri dont l’édition grand sud-ouest se déroule en ce moment, mais il en existe d’autres) s’est accrue dernièrement, et sans doute le labour français aurait-il intérêt à aller dans ce sens.
Donc, à mon sens, les deux événements méritent le détour.
. Note : je remercie Emmanuel Pigeon, l’une des sources d’information de cet article.
En savoir plus : http://www.nlsd.fr (pour tout savoir le festival de non labour semis direct 2013, à Montargis le 18 septembre) ; http://www.francelabour.fr (le site internet de France Labour, l’association qui gère les finales de labour) ; http://www.aincontournable.com (tout sur la manifestation AinContournable qui va se dérouler à Ars-sur-Formans dans l’Ain les 20, 21 et 22 septembre, et qui inclut la finale nationale de labour 2013).
bof les agris qui labourent ca les occupe
pendant que ceux qui font du sd se promènent
sur la toile
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Pour avoir assisté en seine et marne, à l’un des dernier concours de labour, les 5 présents se contentaient de baisser leur charrue en début de parcelle, et la relever à l’autre bout.
Dans la plaine ce n’est pas vraiment mieux, les charrues sont certainement plus sophistiquées, mais de moins en moins réglées, les beaux labour se font rare, les rotatives nivellent tous ça et c’est partie……
Concernant le NLSD, il s’adresse aux professionnel, et pas vraiment au grand public. Le but est de se faire rencontrer les pratiquants, et de sensibiliser les autres. Le fait de réaliser ces journées dans des lycées agricole sensibilise également les enseignants (au vu des immatriculation sur le parking certains se posent des questions…..)
C’est deux manifestations n’ont donc rien à voir, que cela soit au niveau du public concerner, ou des thèmes abordés. Donc je ne vois pas sujet à polémique ou remarque sur l’affluence etc etc
Pour ma part je ne vais que rarement au festival d la terre, par manque total d’intérêt agricole, ou à part un ballon de baudruche je ne tirerai rien, ce qui est rare au NLSD.( mais pas de ballon….)