En 2023-2024, les pays maghrébins importeraient 30,3 Mt de blé tendre et 3,7 Mt de blé dur. L’Egypte sera le premier pays importateur au monde de blé tendre (11,7 Mt) – à quasi-égalité avec la Chine – et l’Algérie, le quatrième (8,4 Mt).
Comme les campagnes passées, ils achèteraient deux fois plus de blé tendre et de blé dur qu’ils n’en ont produit, selon le Conseil international des céréales (CIC). Respectivement 17,2 Mt et 3,5 Mt.
Pour reconstituer ses stocks après une année de sécheresse, le Maroc profiterait de la chute des cours mondiaux de blé pour en importer 6,4 Mt alors que 4 Mt suffiraient selon le CIC.
Comme les consommateurs maghrébins n’ont pas les moyens d’acheter leur pain fabriqué avec du blé payé au cours mondial, leurs gouvernements le subventionnent. Si les cours sont élevés, le blé est revendu moins cher aux moulins qui fabriquent la farine.
En Egypte et en Tunisie, les achats de céréales sont exclusivement gérés par des offices publics. En Algérie, l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OIAC) s’est même vu confier l’importation de l’ensemble du riz et des légumes secs pour mieux réguler les prix et gérer les pénuries.
Au Maroc, des opérateurs privés achètent le blé aux cours mondiaux. Et en ce début de campagne, les taxes à l’import sont nulles car les prix des grains sont revenus à leur niveau d’avant le conflit ukrainien.
Le royaume chérifien n’importe pas de blé de Russie. La céréale achetée n’est pas non plus ukrainienne, à quelques exceptions près. Pour s’approvisionner, le royaume chérifien privilégié l’origine européenne, selon Eurostat.
En deux mois de campagne, le Maroc a déjà importé plus de 900 000 t de blé.
Depuis que la Russie est entrée en conflit avec l’Ukraine, l’Union européenne (UE) a toujours rendu ses céréales disponibles à l’export auprès des voisins méditerranéens. Mais cette année, les exportateurs russes doivent écouler 49 Mt de blé. Pour vendre la céréale rapidement, le prix de la tonne de la céréale est inférieur de 20 euros aux cours européens.
L’Algérie a dorénavant les moyens financiers d’importer des céréales grâce aux recettes tirées des exportations du pétrole et du gaz.
L’Union européenne a été le premier fournisseur de blé (4,4 Mt de juillet 2022 à mai 2023 – source Eurostat).
Mais pour diversifier ses sources d’approvisionnement, l’OIAC a adapté ses cahiers des charges. Le gouvernement algérien a aussi conclu des accords commerciaux avec la Russie.
Cette année, l’Algérie préfère même le blé russe au blé européen. Moins de 500 000 tonnes ont été achetées en deux mois de campagne.
L’Union européenne toujours disponible
La Tunisie importe la quasi-totalité du blé tendre qu’il consomme (2,5 Mt) car le gouvernement a toujours privilégié la culture de blé dur plus facile à valoriser. Mais Tunis en achètera cependant plus de 600 000 tonnes durant la campagne 2023-2024.
L’office public du pays des céréales achète directement auprès des grands marchands internationaux les grains dont le pays a besoin. L’origine du blé importé fluctue en fonction des opportunités commerciales saisies. La situation financière de l’Etat tunisien est plus compliquée. En crise, le pays est sous perfusion des bailleurs internationaux.
En Egypte, la production de blé (9,9 Mt), irriguée par le Nil, fluctue peu d’une année sur l’autre. Le Gasc est l’organisme public en charge de lancer des appels d’offre pour importer du blé et approvisionner le marché égyptien de 103 millions d’habitants. Depuis le début de l’année 2023, la Russie livre l’essentiel du blé importé par le royaume des pharaons. En ce début de campagne, l’Union européenne n’est plus le marché « d’urgence » qu’il était lorsque les cours des grains flambaient en 2022.
Cette année-là, l’Egypte s’était ruée sur le blé européen dès que la récolte avait été engrangée!
Par Frédéric Hénin
