«En France, la dynamisme des naissances à l’automne 2023 et la réorientation d’une partie des broutards vers l’engraissement a conduit à une hausse de 1% des effectifs de mâles allaitants âgés de six à douzemois par rapport à 2023, avec 721 000 têtes », souligne l’Idele.
Le 1er septembre dernier, 1,817 million de génisses allaitantes de plus de 18 mois étaient aussi présentes dans les élevages, en hausse de 1,8% (+33 000 têtes). Leur maintien dans les élevages naisseurs accentue la tendance haussière sur les cours des broutardes.
Il reste à savoir si ces animaux sont élevés pour la boucherie ou pour le renouvellement, et pas seulement dans les secteurs les plus touchés par la MHE!
Quoi qu’il en soit, la décapitalisation du cheptel bovin (-200 000 en un an, -2,7 millions depuis le 1er septembre 20216) se tarit.
Les effectifs de vaches allaitantes ne diminuent plus que de -1,5 % sur un an et ceux de vaches laitières de -1,4%. Il y a quelques mois, ils diminuaient de plus de 2 % en rythme annuel. Au 1er septembre, la France comptait alors 3,38 millions de vaches allaitantes et 3,30 millions de vaches laitières.
Sur le premier semestre 2024, seuls 947 000 veaux disponibles pour l’engraissement sont nés en France, soit 30 000 de moins que l’année précédente.
« Or les mises en place de broutards pour la production de jeunes bovins étaient dynamiques ces derniers mois, avance l’Institut de l’élevage (Idele). Sur sept mois, 203 000 animaux ont été achetés par les engraisseurs français, soit 10 000 têtes de plus qu’en 2023».
En fait, le cheptel de bovins se restructure en se décapitalisant. Lancée il y a deux ans, la relocalisation de l’engraissement produit ses effets, atténuant le nombre de vaches abattues en moins.
Du début du mois de septembre à la mi-octobre, les sorties de jeunes bovins étaient « dynamiques (+11% /2023 pour les JB de type viande et +4% pour les JB de type lait) grâce à la relocalisation de l’engraissement en France, mais aussi à un marché européen en demande de viande de JB qui incite les opérateurs à accélérer les sorties d’animaux », rapporte l’Idele.
Sur les huit premiers mois de l’année, « la hausse des abattages de jeunes bovins de type viande (+2 versus 2023 à 189 000 téc), de génisses viande (+1% à 98 000 téc) et de bœufs viande et croisés (+6% à 18 000 téc) a compensé partiellement la baisse en vaches de type viande (-5% à 202 000 téc) », analyse l’Idele.
Taux d’importation de 26 %
La relocalisation de l’engraissement se fait aussi au détriment de l’export de jeunes broutards en net repli depuis des mois.
Au mois d’août dernier, 77 000 têtes ont été expédiées à l’étranger (+2% ou +1 500 têtes /2023). En cumul sur 38 semaines cependant (jusqu’au 22/09), 671 000 bovins allaitants de moins de 15 mois ont été exportés, en net recul de 6% par rapport à l’année dernière. Le dynamisme de l’engraissement de taurillons en France et la baisse des disponibilités liée à la décapitalisation pèsent tous deux sur les exportations.
Mais la France manque toujours de bovins. Elle a perdu un million de vaches laitières et allaitantes en huit ans. Or sur les huit premiers mois de l’année, les exports français de viande bovine réfrigérée et congelée, uniquement, ont progressé de 8 % par rapport au bas niveau de 2023. Alors que la consommation de viande a bien résisté à la poussée inflationniste des années 2022-2023 et les exportations se redressent.
Aussi, la France s’est davantage approvisionnée à l’étranger. La part de l’import dans la consommation totale de viande (26%) durant les mois de juillet et août a même augmenté de deux points en un mois par rapport à juin.
Les éleveurs semblent insensibles aux signaux de prix envoyés par le marché. Mais la décapitalisation bovine est multifactorielle. Outre les cessations d’activité non remplacées et l’extensification des pratiques d’élevages, les producteurs de viande bovine affirment ne pas profiter de la vigueur des cours.
Selon l’Idele, la cotation française du JB U a gagné 6 centimes en quatre semaines pour remonter à 5,50 €/kg de carcasse en semaine 41(+3% /2023) et celle du JB R 5 centimes à 5,34 €/kg (+2% /2023).
Pour autant, il manque toujours 0,7 €/kg de carcasse pour couvrir leurs coûts de production déplore la Fédération nationale bovine.