Au Canada, les fromages et la viande sans hormones importés d’Union européenne (UE) rencontrent un vif succès. L’an passé, les vingt-sept pays membres en ont exporté 36 700 tonnes. En huit ans, les ventes européennes de fromages (26 700 tonnes) ont doublé.
Dans le même temps, le Canada n’a expédié que 1 450 tonnes équivalent carcasse (téc) de viande vers l’UE! Or le Ceta, l’accord économique et commercial global entre la Commission européenne et le Canada, avait accordé un contingent d’exportation à droit zéro de 65 000 téc.
Six ans après l’application du volet économique du Ceta, les échanges commerciaux de fromages et de viande bovine se sont fortement déséquilibrés entre les vingt-huit pays.
Contre toute attente, le Canada n’est pas parvenu à conquérir le marché européen de la viande mais les produits européens ont fait des émules auprès de ses consommateurs jusqu’à changer les habitudes alimentaires.
De plus en plus d’entre eux se détournent de la viande canadienne, issue d’animaux élevés aux hormones et douchée à l’acide péroxyacétique (APA), pour manger de la viande européenne.
Par ailleurs, la nomenclature appliquée à la viande bovine et de veau importée d’UE est la même. Aussi, les Pays Bas ont déséquilibré le marché canadien de la viande de veau en y exportant jusqu’à 1 500 téc très bon marché. Elles concurrencent en particulier celle produite en Ontario et au Québec, deux états qui se sont lancés dans la production de viande de veau sans hormones.
Le déficit commercial généré par le Ceta fait réagir les industriels canadiens de l’alimentation animale. Ils ont décidé de créer une filière bovine sans hormones pour concurrencer la viande européenne importée mais aussi pour l’exporter en Union européenne.
En fait, le Canada mise sur la décapitalisation structurelle de l’élevage bovin européen pour conquérir le marché des Vingt-sept pays membres très rémunérateur. Il pense exporter ce que l’UE ne produirait plus.
Par ailleurs, le pays a dénoncé l’interdiction de l’acide péroxyacétique (APA) en UE en demandant une évaluation sanitaire du produit auprès de l’EFSA, l’agence sanitaire européenne.
Au Canada, le produit est employé pour doucher la viande bovine pour des raisons d’hygiène. Mais en UE, seul l’acide lactique est autorisé. Aussi, la viande canadienne douchée à l’APA ne peut pas avoir accès au marché européen.
Toutefois, la consommation européenne de viande bovine fléchit. Aussi, le marché européen pourrait d’abord se recentrer sur lui-même, en réduisant ses achats de viande importée de pays tiers. Un phénomène déjà observé sur le marché de la viande ovine.
Quant aux exportations européennes de viande vers le Canada, elles n’égalent plus le pic de 16 000 téc atteint en 2020. La cause, le manque de disponibilité en Union européenne.
La France fait partie des grands gagnants du Ceta. « Les expéditions de fromages depuis la France ont dépassé les 6 500 tonnes en 2023 (+66% /2016), malgré le recul entre 2022 et 2023 (-9%). Depuis 2020, notre pays était à l’origine de plus du quart des exportations (26%)», souligne l’Idele.
Comme le contingent européen d’exportation de fromage à droits nul n’a pas été atteint (31 942 tonnes depuis 2022), l’Union européenne dispose encore d’une marge de progression. Toutefois, on observe un tassement des ventes depuis deux ans.
Ne pas oublier les barrières non tarifaires que l UE
À misent en place pour ralentir toutes exportations de viandes provenant du Canada
Ce sont des taxes insupportable pour nos élevages versus nos marchés domestiques . Ceci doit être dénoncé haut et fort.
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Bonjour et merci pour cet article, synthèse très intéressante sur ces marchés et ses surprises.
Savez-vous s’il est possible d’obtenir les exportation de fromages par marque et plus particulièrement pour l’AOP Ossau Iraty ?. Merci.