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Fertilisation azotée, des doses à adapter selon le contexte

A l’approche du stade 8 feuilles, les maïs voient leur besoin en azote augmenter. Voici quelques clés pour raisonner les apports.

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L’ajustement de la dose d’engrais azotés à la parcelle passe par un calcul des besoins en azote du maïs et des fournitures totales du sol (reliquat au semis, minéralisation de l’humus…). La méthode de calcul de la dose bilan varie selon les régions (fournitures du sol, prise en compte du CAU…). Voici la méthode générale et quelques références utiles, mais il est préconisé de s’appuyer sur les références locales sur les sites de la Draaf pour calculer précisément la « bonne dose ».

Estimer les besoins en azote de la culture

Le calcul de la dose optimale d’engrais azoté à apporter sur maïs nécessite d’adopter une démarche rigoureuse. Première étape : déterminer le besoin d’azote de la culture. Il est fonction du niveau de production visé et du type de production : grain, fourrage ou doux (tableau 1).

Besoins en azote de la culture = objectif de rendement × besoin unitaire

Tableau 1 : Quantité d’azote absorbée par le maïs pour produire une unité de production

Pour le maïs semence, le calcul est légèrement différent, car il tient compte du niveau de production visé (tableau 2) mais aussi du dispositif de semis (tableau 3).

Besoins en azote de la culture = besoins en azote des femelles / coefficient d’occupation du sol par les femelles

Tableau 2 : Quantité d’azote absorbée par le maïs semence par niveau de production

Tableau 3 : Coefficient d’occupation du sol par les femelles

Il convient ensuite de prendre en compte la quantité d’azote que les racines ne peuvent extraire. Cette valeur est dépendante du type de sol et fait l’objet d’un référentiel régional.

Besoins en azote de la culture = besoins en azote du maïs + azote non extractible

Estimer les fournitures totales d’azote

Une fois les besoins en azote de la culture calculés, il faut estimer les fournitures totales d’azote. Elles sont constituées à minima de l’azote présent dans le sol au moment du semis, et de la minéralisation de l’humus.

Estimer la quantité d’azote présente dans le sol au moment du semis

Il est nécessaire de connaître la quantité d’azote présent au moment du semis dans le sol, notamment pour calculer la dose d’azote à apporter au semis. Il existe plusieurs moyens d’y accéder : la mesure du reliquat d’azote minéral sur la profondeur d’enracinement est la plus précise. Des valeurs moyennes par type de sol sont également disponibles dans les référentiels existants.

Calculer la quantité d’azote issue de la minéralisation de l’humus

Le maïs étant une culture d’été, la minéralisation de l’humus du sol est intense à cette période, surtout si la culture est irriguée. Il convient donc d’intégrer au plan de fumure la quantité d’azote issue de la minéralisation de l’humus entre le semis et le stade maturité physiologique. Cette quantité dépend du type de sol, de l’irrigation ou non de la parcelle, et de la longueur du cycle du maïs. Il existe un référentiel de ces valeurs par région. L’azote fournit par le sol pendant le cycle peut varier entre 40 et 140 U selon la situation, son estimation n’est donc pas négligeable.

Estimer la minéralisation des résidus du précèdent et de la culture intermédiaire

Les résidus de culture restitués par le précédent et la culture intermédiaire vont contribuer aux fournitures du sol lorsqu’ils seront dégradés par la biomasse microbienne. L’effet peut être positif, pour des résidus riches en azote issus de légumineuses par exemple, ou négatif comme pour des résidus pauvres en azote comme des cannes de maïs ou des pailles de blé. Il convient donc de prendre aussi en compte ce poste dans le bilan. Il existe des abaques du COMIFER à cet effet, repris dans les référentiels régionaux.

Calculer les effets directs des apports organiques récents

Dans le cas d’apports organiques avant maïs, il est impératif de calculer leur contribution à la fourniture d’azote. La valeur fertilisante d’un apport organique dépend de la quantité de matière épandue, de sa teneur en azote et du coefficient d’équivalence d’un engrais minéral (Keq).

Effet direct des PRO = quantité de produit brut × teneur en azote total × Keq

Prendre en compte l’azote apporté par l’eau d’irrigation

Enfin, l’eau d’irrigation peut apporter dans certains cas (surtout d’irrigation précoce) une quantité d’azote minéral non négligeable. Cette quantité peut être calculée en multipliant la teneur en nitrate de l’eau par la quantité d’eau prévue jusqu’à trois semaines après floraison.

Quantité d’azote dans l’eau d’irrigation = quantité d’eau d’irrigation × teneur en nitrates / 443

Pour calculer vos besoins selon votre région, rendez-vous sur : les sites de la draaf de votre région : www.draaf.nomregion.agriculture.gouv.fr

Réaliser l’apport principal entre 4 et 10 feuilles

Calculer la dose d’engrais à apporter est la première étape pour optimiser la conduite de la fertilisation azotée du maïs. Il faut apporter l’azote au bon moment afin de suivre au plus près les besoins de la culture au cours de sa croissance. Les besoins en azote du maïs deviennent importants après le stade 8 feuilles. Pour couvrir au mieux cette période, l’apport principal doit être réalisé entre 4 et 10 feuilles, l’idéal étant de l’appliquer autour des stades 6-8 feuilles. En sol très léger (reliquat très faible < 60 kg/ha), on estime qu’un apport au semis peut être nécessaire. Dans le cas d’un apport précoce, une dose d’environ 50 kg/ha suffira à satisfaire les besoins d’azote des jeunes plantes jusqu’à 8-10 feuilles.

Quelle forme d’engrais utiliser ?

Plusieurs formes d’engrais sont utilisables.

L’efficacité de l’engrais apporté après le stade 4 feuilles du maïs dépend principalement des pertes par voie gazeuse, principalement d’ammoniac provenant des engrais ammoniacaux et uréiques, et dans une moindre mesure d’azote moléculaire et d’oxydes d’azote provenant de la réduction du nitrate lorsque le sol est très humide. L’ammonitrate, le sulfate d’ammonium et le phosphate d’ammonium ont des efficacités équivalentes.

En revanche, l’urée est particulièrement sensible aux pertes par volatilisation. L’enfouissement dans le sol de l’urée à 10-15 cm de profondeur lui confère la même efficacité que l’ammonitrate. En cas d’application en surface, il convient de biner rapidement pour éviter les pertes.

Rappelons aussi que la forme ammonitrate peut « brûler » le feuillage en cas d’apports sous une forte rosée. Spectaculaire, cet effet est néanmoins peu dommageable sur la plante.
 

Didier Lesserre, Yves Pousset, Gaëlle Humbert, Romain Tscheiller (Arvalis – Institut du végétal)

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