viande bovine brexit

Et si le Brexit était le véritable danger pour la filière bovine européenne ?

Alors que les accords commerciaux avec le continent américain défrayent chaque semaine les chroniques de l’actualité agricole, l’impact du Brexit est passé sous silence. Or la Grande-Bretagne est un importateur majeur de bovins viande et de viande bovine produits sur le continent européen.

L’Union européenne comprend deux pays majeurs, exportateurs nets de viande bovine et de bovins viande : l’Irlande et la Pologne. Ces deux pays écoulent plus d’un million de tonnes à l’export, soit 80 % de leur production.  En revanche, le Royaume-Uni et l’Italie importent trois fois plus de viande qu’ils n’en exportent. Ils achètent plus de 860 mille tonnes équivalent carcasse de viande bovine à l’import, selon une étude de l’Institut de l’élevage (Idele) intitulée « Perspectives 2018 ». 

Ces flux commerciaux sont bien plus importants que les échanges opérés à l’échelle de l’Union européenne avec les pays tiers : sur les 7,9 millions de tonnes de viande bovine consommées l’an passé, seules 316 000 tonnes ont été importées en provenance des pays tiers (sources Idele).

L’essentiel des échanges commerciaux européens de viande bovine s’effectue entre les vingt-huit pays membres de l’Union européenne. 435 mille tonnes équivalent carcasse étaient importées en Grande Bretagne l’an passé contre 133 mille tonnes exportées. Le marché est complètement déséquilibré.

En conséquence, si le Royaume-Uni, sorti de l’Union, entrave ses achats de viande en provenance du continent, c’est l’équivalent des capacités des exportations d’un pays tel que l’Irlande ou la Pologne qui est mis au ban.

Le premier pays européen impacté, si le Royaume-Uni taxe ou pénalise les achats de viande et d’animaux vifs, est l’Irlande qui lui livre près de la moitié des viandes exportées.

La Pologne se différencie de l’Irlande en diversifiant davantage ses débouchés sur l’ensemble de l’Union européenne et hors de ses frontières. Aussi, le Brexit ne pénalisera directement pas ses producteurs !

Car si l’Irlande ne parvient plus à écouler sa viande ainsi que les autres pays auprès desquels le Royaume-Uni s’approvisionne, jusqu’à 400 000 tonnes équivalent carcasses débouleront sur le marché européen, selon l’Idele. Or il n’en faut que quelques dizaines de milliers de tonnes pour le déstabiliser !

Tous pays européens, même ceux qui sont des importateurs nets, seront affectés par le Brexit car la chute des cours qui en découlera, affectera tous les éleveurs. Les carcasses sans débouchés sur le marché britannique se déporteront  sur les marchés des autres pays européens. La France aura pour sa part énormément de difficultés pour écouler ses animaux sur un marché saturé tandis qu’affluera la viande invendue. Qu’en sera-t-il aussi des exportations de carcasses (235.000 tonnes équivalent carcasse l’an passé) sans compter les broutards (1,04 million de tonnes équivalent carcasse selon l’Idele).

Les volumes de viande en jeu par le Brexit sont supérieurs à ceux importés chaque année par l’Union européenne de pays tiers (Amérique essentiellement).

En fait, le Royaume Uni sorti de l’Union européenne restera un importateur majeur de viande bovine mais auprès de quel pays ?

Jusqu’à présent, sa consommation croit chaque année. Mais la dévaluation de la livre sterling ne profite pas à la filière britannique car les éleveurs ne sont pas en mesure d’accroître une offre concurrentielle et bon marché, selon l’Idele. Le déficit de production du royaume est couvert par des achats effectués sur le continent européen essentiellement ou hors de l’Union européenne.

L’an passé, ce sont les Pays-Bas et l’Irlande qui ont profité de cette aubaine en expédiant plus de viande. 

L’impact du Brexit sur la filière bovine européen est un exemple parmi d’autres. Pour les produits laitiers, le phénomène serait aussi important et dans ce cas de figure, la France serait aux premières loges !


L’illustration ci-dessous est issue de Fotolia, lien direct : https://fr.fotolia.com/id/23419049

1 Commentaire(s)

  1. Ce scénario n’est pas pour nous aider à sortir la tête de l’eau

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