environnement climat agriculture

Environnement et climat, sujets incontournables en recherche et développement

Quelle que soit l’évolution de leurs systèmes de production, les organismes de conseils, de recherche et de développement ne feront pas l’impasse sur les enjeux climatiques et environnementaux. Sur ces sujets comme sur de nombreux autres, les marchés ont montré qu’ils n’étaient pas assez intelligents pour régler les problèmes de l’agriculture française et européenne.

« Les évolutions du système de recherche et de développement agricole» est un des deux thèmes du colloque organisé par l’Acta le 3 octobre dernier sur l’avenir de agriculture française à l’horizon de 2040. En s’appuyant sur les quatre scénarios envisageables (écologique, agricole, industriel et libéral), décrits dans l’ouvrage de Pascal Berthelot et Samy Aït-Amar (1), les différents intervenants ont tenté de dresser, pour chacun d’eux, quelles seraient l’organisation et l’orientation de la politique de recherche et de développement en France dans les prochaines années.

Mais les chiffres du commerce extérieur français montrent des choix quelque peu contradictoires des consommateurs, ce qui ne sera pas sans conséquence sur l’évolution des systèmes: ils promeuvent à la fois les produits de qualité et la vente en circuits courts alors que le déficit commercial très important des filières viandes de qualité destinées à la restauration rapide n’a jamais été aussi important.

Cinq clés de lecture ont été proposées : la part du financement public/privé, l’échelle de travail de la recherche, les collaborations entre acteurs et les partenariats envisageables. Les deux derniers axes sont les thématiques à traiter et la place du numérique.

Les enjeux environnementaux et climatiques de l’agriculture rendent ces thèmes la recherche « trans-systèmes ». Quelle que soit l’orientation prise, l’agriculture devra faire face au réchauffement du climat et à ses impacts. Mais, selon l’Inra, « les défis les plus complexes à relever par les instituts de recherche sont ceux inhérents au développement du scénario « écologique » » si il s’imposait en France car tout est à réinventer. Il exige des compétences agronomiques importantes. Et en même temps, le développement environnemental de l’agriculture ne pourra pas s’affranchir de toute dimension de compétitivité. 

L’Etat toujours présent

Le scénario « libéral » suppose une évolution de l’agriculture au service des firmes et des consortiums. Les fonds privés mobilisés formeront aussi les agriculteurs à la robotique, à l’emploi de nouveaux agroéquipements connectés et aux biotechnologies.

L’Etat ne sera pas pour autant absent. Une politique fiscale accommodante est, quoi qu’on en pense, une forme d’intervention délibérée dans les choix opérés en matière de recherche et de développement.

Pour ce scénario « libéral » comme pour les autres, l’état remplira au moins ses fonctions régaliennes en garantissant la sécurité sanitaire des aliments et en veillant à la bonne santé des consommateurs. Le marché a montré qu’il n’était pas intelligent pour résoudre ces problèmes.

Aujourd’hui, des pays les plus libéraux affirment s’être affranchis de toute politique de recherche publique alors que dans le même temps ils tirent profit des politiques de développement financés par d’autres gouvernements.

Sous une forme ou une autre, les services de recherche et de développement sont indispensables, quelle que soit le scénario choisi. Et le modèle libéral sous sa forme actuelle n’est pas transposable indéfiniment.

Faire participer les citoyens à la recherche

Dans le scénario « industriel », l’organisation de recherche et de développement repose sur une logique partenariale entre les secteurs privés et publics, centrés sur les projets des entreprises de la transformation. Chimie verte, compétitivité et agriculture de précision seront les thèmes de recherche de prédilection. La logique de cette politique « de la fourchette à la fourche » viserait à satisfaire les goûts consuméristes des citoyens.  

S’inscrivant dans le prolongement du modèle agricole actuel, les services de recherche et de développement nécessaires pour conforter le scénario « agricole » centreront leurs efforts sur la traçabilité, la typicité des produits et la santé. L’agro-écologie sera aussi un axe de travail important mais la compétitivité des entreprises sera aussi un enjeu majeur. 

La part de la recherche publique restera prédominante pour accompagner le développement du scénario « agricole ». L’Union européenne participerait à son financement mais de nombreuses synergies privées/publiques s’avèreront indispensables au bon fonctionnement de ces services. Leur enjeu principal est d’améliorer l’ensemble des filières, tenues de proposer des produits stables et homogènes dans la durée. Dans ce scénario, les crises sanitaires auraient des répercutions retentissantes.

Mais dans tous les cas de figure, la société doit participer aux programmes de recherche. La Commission européenne travaille dans ce sens en organisant des campagnes de consultation auprès des citoyens. C’est en aidant les citoyens à comprendre les enjeux de la recherche et à s’approprier les résultats obtenus, que l’évolution de l’agriculture sera acceptée. Le refus des Ogm par une grande majorité des Européens repose d’abord sur une erreur de communication majeure !

 

(1) Quel avenir pour l’agriculture ? Les 4 scénarios possibles en 2040 – Pascal Berthelot, Samy Aït-Amar.

En savoir plus sur les quatre scénarios : https://wikiagri.fr/articles/en-2025-des-agricultures-contractualisees-ou-des-fermes-firmes-/8609

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