Clean et green, c’est l’image que la Nouvelle Zélande veut donner d’elle sur la scène internationale. Ce pays attire quasiment autant de touristes chaque année qu’il a d’habitants (environ 5 millions).
Mais le gouvernement néozélandais redoute que la beauté des paysages et les troupeaux de vaches et de moutons, paissant par millions les prairies des iles nord et sud du pays, évoquent dans moins de 20 ou 30 ans une époque révolue.
Le réchauffement climatique réduit la ressource en eau – or la quasi totalité des prairies de l’ile sud sont irriguées – et la qualité de l’eau des rivières est mauvaise. Les effluents des élevages y sont en partie déversés et de trop grandes quantités d’azote sont épandues (jusqu’à 180 U par ha en du lisier).
Rapporté au litre de lait produit, les émissions de gaz à effet de serre sont les plus faibles des grands pays producteurs de lait (0,74 kgCO2/Kg de poudre de lait contre 1,08 en France). Mais la Nouvelle Zélande est le pays qui émet le plus de GES au monde par habitant. Et plus de 50 % des émissions de GES du pays sont d’origine agricole.
Avec 2,86 vaches par hectare, l’élevage laitier est très intensif.
Autrement dit la compétitivité de la filière laitière repose sur un mode de production peu vertueux d’un point de vue environnemental, donc bien moins contraint que dans l’Union européenne.
Neutralité carbone en 2050
La société néozélandaise et les ONG font pression pour que l’agriculture néozélandaise soit plus verte.
Dans le même temps, atteindre la neutralité carbone en 2050 impose une révision en profondeur des systèmes de production. Ils doivent être plus autonomes en protéines et moins gourmands en engrais azotés notamment.
Compte tenu du défi à relever, le gouvernement néozélandais saucissonne l’objectif de neutralité en gaz à effet de serre en plusieurs sous-objectifs. Aussi, il vise la neutralité en CO2 et NO2 en 2050 en instaurant entre autres des taxes carbone auxquelles les éleveurs laitiers n’échapperont pas. Mais d’ici 2050, les émissions de CH4 n’auront diminué que de 47 %!
Les producteurs de lait devront aussi réaliser d’importants investissements pour mettre aux normes leurs exploitations agricoles alors qu’ils ne reçoivent aucune aide publique pour les financer. Et ils n’auront pas la possibilité de répercuter ces coûts supplémentaires sur les prix de vente puisque les prix des produits laitiers sont alignés sur les cours mondiaux.
Par ailleurs, les producteurs de lait néozélandais peinent à recruter des salariés (souvent immigrés ou des stagiaires) et la question du renouvellement des générations est un sujet d’actualité. Les fermes sont de grande dimension et les capitaux à reprendre sont très élevés.
Dans les champs, les éleveurs vont devoir revoir les conditions de cultures de leurs fourrages en irriguant moins les prairies et en épandant moins de nitrates.
Les questions environnementales mettent en jeu la place centrale de la Nouvelle Zélande sur les marchés laitiers.
95 % de la production exportée
La production de lait néozélandaise n’équivaut qu’à 2 % de la production mondiale. Pourtant la Nouvelle Zélande est, sur les marchés mondiaux des produits laitiers, le pays le plus redouté. Avec 24 % des parts de marché, il est le premier pays exportateur au monde de produits laitiers.
En fait, la Nouvelle Zélande partie des 6 bassins de production exportateurs de lait de la planète (1). Les autres pays producteurs de lait, l’Inde en tête, réservent d’abord leur lait pour approvisionner leur marché intérieur.
En exportant 95 % des 22 Mt de lait produits chaque année, le pays est extrêmement dépendant de ses débouchés à l’export, et avec les pays asiatiques en particulier (69 % de ses débouchés ; 46 % vers la Chine). Ils déplorent que le marché européen leur soit en grande partie fermé.
L’ensemble de la filière laitière a été bâtie pour être compétitive sur les marchés du beurre et de la poudre de lait. Autrement dit, le critère de compétitivité est le coût de production du kilogramme de matière sèche et non pas la quantité de lait produite par vache ou le coût de production des 1 000 litres de lait.
Ainsi, la production de 22 Mt de lait produite chaque année est permise par un cheptel de 5 millions de vaches produisant chacune 397 Kg de matière sèche en moyenne chacune. Converti en litres de lait, la production moyenne par vache, de race Jersey ou croisée, est de 4 430 litres par an.
L’opportunité des quotas européens
Par comparaison, en France, seules 3,4 millions de vaches produisent 24 millions de tonnes de lait chaque année.
En Nouvelle Zélande, on dénombre environ 11 0000 élevages de près de 444 vaches. La production laitière néozélandaise est saisonnière (10 mois de septembre à novembre), axée sur la pousse de l’herbe. Mais de plus en plus de fermes cultivent du maïs et consomment des tourteaux palmistes (300 Kg Ms /VL/AN) pour étaler la campagne laitière sur toute l’année.
L’essor de l’élevage laitier s’est fait aux dépens de l’élevage de bovins et d’ovins viande. Le pays a profité de l’instauration des quotas laitiers dans l’Union européenne en 1984 pour profiter de l’essor des marchés laitiers mondiaux. Sa production de lait a été multipliée par trois en trente ans.
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A part la stupidité de poursuivre un objectif de réduire les gaz à effet de serre, je m’interroge sur l’irrigation des pâturages dans ce pays. Cela m’a l’air unique au monde. Pourrait-on fournir de plus amples informations sur l’itinéraire technique qui y est adopté et aussi sur les sols en cause dont les caractères ne devraient pas être optimaux, sécheresse mise à part ?