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Des orges de printemps semées à l’automne en plaine de Dijon

Les semis d’orges de printemps à l’automne sont de plus en plus fréquents dans certaines zones comme en Charente, Touraine, Berry et de façon plus limitée dans le nord de la région Centre. Quels sont les avantages et les inconvénients de cette pratique ?

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Cette pratique semble présenter des atouts intéressants.

â–º Atteindre la maturité plus précocement et éviter les sécheresses et échaudage de fin de cycle.
â–º Mais aussi exprimer pleinement la capacité de tallage et profiter du cycle entier (sans « coup de chaud ») pour atteindre ainsi un rendement et une qualité maximale.

Cependant, cette pratique peut exposer la culture à des épisodes de froid intenses et présente un risque de destruction par le gel (risque de gel au stade coléoptile et risque de gel hivernal).

Par ailleurs, il faudra aussi être vigilant à la protection fongicide avec le risque de rhynchosporiose qui a tendance à se développer de façon importante sur les semis d’automne. Mais aussi au risque de verse, dans le cas d’un automne doux il y aura un tallage important qui conduira à un peuplement épis très dense.

Retour sur l’essai 2016

En 2016, nous avons mis en place un essai physiologie orges (hiver et printemps) en Plaine de Dijon, sur la commune de Rouvres en Plaine (21). Cet essai a été implanté dans un sol argilo limoneux profond à différentes dates de semis.

A chaque date de semis de l’orge de printemps, a été semée RGT Planet.


Tableau 1 : Date et densité de semis de l’essai 2016

La totalité de l’essai, et en particulier la date de semis la plus précoce, a été conduit comme une orge d’hiver (conduite agriculteur), puisque nous étions implantés au milieu d’une parcelle d’orge d’hiver.

Tableau 2 : conduite de l’essai 2016

L’orge de printemps, semée précocement à l’automne, a atteint le stade tallage autour du 6 novembre, alors que le semis plus tardif d’automne n’a atteint ce stade que début mars. Elle s’est développée sous un hiver froid et sec d’octobre à janvier, avec des températures en janvier descendant à -10°C sous abri. Mais malgré le gel de feuilles ou de talles pour les plus développées, RGT Planet a « tenu le coup » car le froid est arrivé progressivement (photos).

La reprise de végétation a eu lieu sous un climat chaud et humide en février et mars, puis la montaison s’est déroulée dans le froid et le sec. Cela n’a pas trop affecté le nombre d’épis/m² pour les orges de printemps semées à l’automne. Celles semées du printemps ont moins souffert du sec car elles ont bénéficié des pluies de mai pendant leur montaison.

Le climat de ce printemps a été favorable pour l’orge de printemps d’un point de vue de la pression maladie qui est restée faible.

En avril et début mai, des températures très fraîches ont été enregistrées (< 4°C) mais elles n’ont pas eu d’impact sur RGT Planet, alors en pleine montaison. Enfin, la fin de cycle a été bien arrosée mais sous un régime de températures échaudantes fin mai et fin juin qui ont pu affecter les Poids de Mille Grains (PMG) et les calibrages des orges de printemps. La récolte a eu lieu le 6 juillet pour les trois dates de semis. Malgré un froid important en janvier, de petites gelées en avril-mai, un printemps sec, et des températures échaudantes, le niveau de rendement de l’orge de printemps semée à l’automne est très bon (96 et 91 q/ha, respectivement pour les dates de semis du 29/09 et du 02/11/2016), ainsi que les teneurs en protéines qui sont dans les normes brassicoles (figure 1). A titre de comparaison, l’orge d’hiver Etincel, semée aux mêmes dates, a enregistrée des rendements de 97 et 76 q/ha et des teneurs en protéines tout juste inférieures à 11,5 %.

Figure 1 : Rendements et teneur en protéines de RGT Planet – Rouvres en Plaine (21) – limons argileux profonds – 2016/2017


L’orge de printemps semée à l’automne, avec la variété RGT Planet, a pu bénéficier d’un cycle long, d’une faible pression maladie et a malgré tout réussi à esquiver le dernier gros coup de chaud de fin juin (tableau 3).

L’orge de printemps semée en février a moins souffert du sec à la montaison, mais a subi de plein fouet les périodes de chaud au moment du remplissage du grain, ce qui a impacté le PMG et le calibrage, et donc le rendement.

Tableau 3 : Date des stades des orges de printemps selon la date de semis

Itt1 : Les essais se poursuivent en 2017

Conscients que ces résultats sont issus d’une seule année et dans un seul lieu, l’essai physiologie orges a été renouvelé sur la commune de Barges (21) en Plaine de Dijon, toujours en sol argilo limoneux profond.

Plusieurs espèces ont été semées le 28 septembre: de l’orge d’hiver (Etincel), de l’orge de printemps (RGT Planet) mais aussi du blé (LG Absalon). Les semis ont été réalisés en bonnes conditions dans un sol frais, avec peu de résidus (précédent BTH), à 300 grains/m². Les céréales étaient levées au 4 octobre.

Avec un mois d’octobre très doux, les céréales ont eu une croissance rapide. Au 31 octobre, les céréales étaient déjà au stade tallage, (1 talle pour les blés et orge d’hiver, et 2 talles pour les orges de printemps !). A cela s’ajoute la présence de pucerons et cicadelles qui a été surveillée de près.

Le froid étant revenu depuis début novembre, la croissance va ralentir. Espérons que le gel arrive progressivement pour que les céréales les plus développées passent l’hiver.

Le 31 octobre, les mêmes espèces ont été semées dans un sol sec en surface mais frais en profondeur. Côté densité de semis, elle était à 350 grains/m² pour les blés et orges d’hiver et à 400 grains/m² pour les orges de printemps.

La germination du grain est en cours, la levée est attendue autour du 20 novembre.

Prochain semis des trois espèces au printemps, si possible fin février !
 

Marine Mareschal (Arvalis – Institut du végétal)

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