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Des menaces qui pèsent sur toute la filière viande

Les 40 propositions de la mission commune d’information du Sénat pour la filière viande ont été dévoilées récemment. Depuis, le rapporteur de cette mission, la sénatrice Sylvie Goy-Chavent, fait l’objet de menaces de mort. A travers elle, c’est à se demander si ce n’est pas toute la filière viande française que l’on veut supprimer…

WikIAgri vous en a parlé à deux reprises, je vous remets les liens en fin d’article. Une mission du Sénat a enquêté quatre mois durant, avec des déplacements sur le terrain et plus de 60 auditions, sur la filière viande. Cela, suite au scandale de la viande de cheval qui a remplacé celle de boeuf dans des lasagnes. L’objectif était de démonter le système ayant permis cette mystification, de manière à restaurer la confiance du consommateur dans la filière viande française.

Cette mission a plusieurs mérites.

Elle crée un consensus politique autour des 40 propositions en questions (les 27 sénateurs de la mission, de tous bords politiques, les ont adoptées à l’unanimité, à une seule exception : les Verts n’étaient pas d’accord sur les mesures de simplification préconisées pour la filière porcine, proposition n°17). Ce consensus leur donne un impact qui doit dépasser le stade consultatif qu’ont parfois malheureusement ce genre de travaux sénatoriaux. Ainsi, dès la rentrée de septembre, Bernadette Bourzai (PS, présidente de la mission) et Sylvie Gioy-Chavent (UDI, rapporteur) vont présenter leurs propositions aux deux ministres de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, Stéphane Le Foll et Guillaume Garot. Avec donc l’espoir de voir la majorité des propositions suivies d’effet.

Autre mérite, les 40 propositions en question sont issues d’un travail d’enquête minutieux, avec les moyens dont se dote la République à travers ses chambres parlementaires. Elles concernent tant l’aval que l’amont de toutes les filières principales. Elles tiennent compte à la fois des besoins des éleveurs, et des attentes des consommateurs. Elles parlent d’économie, d’emploi et de formation, mais aussi d’environnement, de sécurité sanitaire, et de transparence. Toutes les conditions réunies pour faire honneur au sous-titre de la mission, « comment restaurer la confiance du consommateur« .

Les enjeux sont énormes, pour toute la filière viande. Car il est possible, effectivement, de renouer un véritable contrat de confiance entre les producteurs et les citoyens. Si l’on devait échouer dans cette voie, cela conduirait à une suspicion sur nos produits carnés qui peu ou prou induirait de graves conséquences pour toute la filière viande française… Et un immense déséquilibre ensuite pour nos consommateurs, obligés d’acheter des produits importés s’ils veulent consommer de la viande, produits dont on n’aura pas pu vérifier qu’ils répondent bien à nos attentes sociétales.

Les menaces

Mais je vous parlais de menaces de mort. De quoi s’agit-il ? La proposition n°38 réclame « un étiquetage obligatoire du mode d’abattage, selon des modalités non stigmatisantes« . Il s’agit ainsi de donner une information au consommateur, tout simplement parce des bêtes étant passées par l’abattage rituel reviennent aujourd’hui sur le marché de la consommation courante. Or cet abattage particulier, avec égorgement, peut déjà paraître discutable quant au bien-être animal, mais aussi présenter des problèmes sanitaires. Pour autant, il ne s’agit pas d’interdire les pratiques, associées à des religions, juste de les identifier, de permettre aux acheteurs de viandes issues de cet abattage de le savoir. Devant les réticences affichées, la mission a bien pris soin de préciser que l’affichage en question serait effectué « selon des modalités non stigmatisantes« .

Pourtant, Sylvie Goy-Chavent a reçu des menaces de mort, émanant de groupuscules s’identifiant comme juifs. Selon plusieurs parutions sur internet, la sénatrice de l’Ain en voudrait personnellement à cette religion, et il faudrait l’éliminer (c’est clairement écrit) avant qu’elle ne commette je ne sais trop quelles exactions. Evidemment, ces menaces viennent de particuliers, et il faut se garder de tout amalgame avec une communauté dans son ensemble. Mais il faut en parler, de ces menaces, car elles pourraient avoir des implications… sur notre filière viande.

Déjà, par rapport au prétexte, il ne tient pas debout. Sylvie Goy-Chavent appartient à la formation politique de l’UDI, qui défend des idées que l’on pourrait positionner sur notre échiquier politique de « centre-droite ». On peut être pour ou contre, mais il n’y a rien d’extrême là dedans. Ensuite, pour ses motivations, elles viennent de ses origines : ses parents étaient éleveurs de moutons, avec 350 mères, et éleveurs-naisseurs de bovins à viande (40 têtes), en zone de montagne, à Cerdon. C’est donc avec sincérité, et en connaissance de cause, que la sénatrice souhaite relancer la filière viande en France.

Ensuite, l’importance des menaces. Au-delà du fait qu’elles s’en prennent à une représentante de nos institutions démocratiques, elles pourraient aussi impliquer un volet diplomatique pour l’application des propositions de la mission viande du Sénat. Dans le sens où il pourrait devenir de bon ton d’éviter tout heurt avec une communauté ou un pays (là où pourtant seules quelques personnes les ont proférées). Et donc remettre en cause l’ensemble des propositions. Car si l’une d’entre elles apparaît comme « politiquement incorrecte », comment prendre en considération les autres ? Sylvie Goy-Chavent a écrit au Président de la République pour l’alerter du fait qu’un sénateur, dans l’exercice de ses fonctions, subissait des menaces. Elle n’a pas reçu de réponses, sans doute par crainte d’un durcissement diplomatique dans les relations franco-israéliennes… Mais que devient la filière viande pendant ce temps ?

En savoir plus : https://wikiagri.fr/articles/quarante-propositions-pour-relancer-la-filiere-viande-en-france/677 (les 40 propositions de la filière viande du Sénat) ; https://wikiagri.fr/articles/on-ne-peut-pas-continuer-a-mentir-au-consommateur/654 (l’interview de Sylvie Goy-Chavent, sénatrice de l’Ain).

Notre photo a été fourni par le service de presse du Sénat et montre une des visites de la mission viande du Sénat.

1 Commentaire(s)

  1. Attention à cette dernière phrase…. Y a-t-il des éléments probants pour lancer une rumeur pareille ??

    Bon travail de la sénatrice. Ce n’est pas l’étiquetage qui aura le pouvoir de tout changer. Que les agriculteurs soient payés pour la qualité et après on verra. Les citoyens seront plus enclins à acheter français ou bon.

    http://www.arte.tv/guide/fr/044204-000/l-adieu-au-steak?autoplay=1

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