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Commerce extérieur agroalimentaire à la fois déficitaire de 22 Mds d’€ et excédentaire de 32 Mds d’€!

Au cours des douze derniers mois, le solde commercial agricole et agro-alimentaire de 10,4 Mds d’€ masque une forte détérioration de la compétitivité de la France. Sur douze mois, l’excédent commercial des céréales, des produits laitiers, des animaux vifs et des boissons est de 33,2 Mds d’€. Mais les autres filières agricoles et agroalimentaires sont déficitaires de près 22,8 Mds d’€!

Entre les mois de novembre 2021 et novembre 2022, le solde commercial agricole et agroalimentaire français pris dans son ensemble est de 10,4 Mds d’€. Le seuil de 10 milliards d’euros a été franchi il y a trois mois. Mais les échanges commerciaux de céréales, de produits laitiers, d’animaux vifs et de boissons sont excédentaires de 33,2 Mds d’€ tandis que ceux des autres filières sont déficitaires de 22,8 Mds d’€!

Ce déficit commercial de 22,8 Mds d’€ est éloquent! Jamais la France n’a cumulé autant de filières déficitaires à l’export : fruits et légumes, -3,6 Mds d’€ ; viandes et préparations, -265 Mds d’€ (-116 % sur un an) ; huile et tourteaux -2,8 Mds d’€ ; préparations à base de fruits -3,6 Mds d’€.

A ces déficits, il faut ajouter ceux de la pèche de -5,7 Mds d’€ et du tabac d’1 Mds d’€.

L’ensemble traduit la vulnérabilité économique de notre pays alors qu’un conflit à la frontière de l’Union européenne menace la sécurité alimentaire et la souveraineté alimentaire d’une grande partie de la planète.

Pourtant, la France n’a jamais autant exporté de produits agricoles et agro-alimentaires. Au cours des douze derniers mois, 82,9 Mds d’€ de produits ont ainsi été vendus (+ 20 %) mais 72,4 Mds d’€ ont été importés (+19 %).

Toutes destinations confondues, les exportations de produits bruts (22,1 Mds d’€ en valeur) ont augmenté de 38 % mais celles de produits transformés (60,9 Mds d’€) de seulement 15%. A contrario, les importations de produits bruts (17,4 Mds d’€) n’ont crû que de 12 % alors que les achats de produits transformés (55 Mds d’€) ont progressé de 21 %. 

Quatre filières génèrent à elles seules un excédent commercial de 33,2 Mds d’€.

Il s’agit des vins et de boissons (16,1 Mds d’€ ; + 11 % sur un an), des céréales 10,6 Mds d’€ (+ 66 %); des produits laitiers 2,4 Mds d’€ (- 20 %) et des animaux vifs 1,8 Mds d’€ (+ 7,8 %).

Mais le solde commercial de la France avec ses partenaires européens est déficitaire de 650 millions d’euros. La détérioration des termes de l’échange de notre pays confirme son mauvais positionnement commercial au sein de l’Union européenne.

Le déficit commercial avec les Vingt-sept a presque doublé malgré des exportations (45,7 Mds d’€) en hausse de 23 %. Les ventes de céréales (5,9 Mds d’€ ; +59 %) et de produits laitiers (4,8 Mds d’€ ; +18 % en valeur) ont nettement progressé. Il en est de même s des préparations à base de viande (4,1 Mds d’€ ; + 28 %).

Mais dans le même temps, les importations (46,3 Mds d’€) ont crû de 17 %. Ce sont essentiellement des produits laitiers et des produits à base de viande.

A cela s’ajoute les achats d’huile et de tourteaux de 3 Mds d’€ (+45 %).

Autrement dit, la France est un pays producteur de commodités. Elle est le grenier à blé et la cave à vin de l’Union européenne. Elle possède aussi le plus important troupeau de bovins viande des Vingt-sept pays membres. Mais elle importe massivement les produits transformés, dotés d’une plus forte valeur ajoutée, qu’elle ne fabrique pas (ou plus) sur son sol faute de compétitivité!

Alors que le prix du lait payé aux éleveurs français est un des plus faibles de l’Union européenne, le solde des échanges commerciaux des produits laitiers, toutes destinations confondues, a baissé sur douze mois de 19 %! Autrement dit, le lait payé 600 € les 1000 litres au Nord de l’Union européenne n’empêche pas l’industrie de ces pays d’être compétitive puisque dans le même temps, les importations ont fortement progressé!

Sur le marché européen, le solde des échanges commerciaux de produits laitiers français déficitaire de 500 millions d’euros !

Par ailleurs, l’inflation des prix des produits agricoles pousse les consommateurs à se rabattre sur des denrées d’entrée de gamme. En conséquence, la montée en gamme de l’industrie agroalimentaire souhaitée par le gouvernement français en 2017 est un échec. Les consommateurs français ne mangent pas tous les jours du foie gras en période d’inflation!

C’est avec les pays tiers que la France dégage son excédent commercial de 10,7 Mds d’€ grâce aux ventes d’alcools et de boisons (13,56 Mds d’€) et de céréales 5 Mds d’€.

Légende du diagramme:
1 échanges commerciaux agricoles et agro-alimentaires

2 exportations de céréales

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