Trois exploitations agricoles d’Arvalis Institut du Végétal, sont des champs d’expérimentation de la certification Haute Valeur Environnementale (HVE). A partir des retours d’expériences des audits réalisés sur ces fermes, Jonathan Marks-Perreau, ingénieur environnement à Arvalis, va pouvoir promulguer les conseils utiles auprès des agriculteurs pour y parvenir.
Le premier enjeu de la certification HVE est l’accès aux aides éco-schèmes du premier pilier de la PAC (75 €/ha) à percevoir après 2023. A ce jour, seule l’exploitation expérimentale de Boigneville d’Arvalis, située dans l’Essonne, est certifiée HVE niveau 3. Spécialisée en production végétale, elle est une référence pour tous les céréaliers qui vont entreprendre la démarche de certification. Les deux autres exploitations de polyculture élevage, situées dans la Meuse et en Loire-Atlantique, vont passer l’audit de certification dans les prochains mois.
La certification HVE niveau 3 repose sur une série de calculs d’indicateurs. Certains sont comparés à des référentiels. Il s’agira par exemple de quantifier les quantités d’engrais azotés épandus puis de calculer le bilan azote de l’exploitation. L’indice de fréquence de traitement sera aussi évalué.
Le dispositif de certification HVE en place ne permet pas aux agriculteurs d’être automnes pour être certifiés et par conséquent, pour percevoir les futures aides éco-schèmes.
Pour toucher les paiements verts, il suffisait de remplir la déclaration PAC et déclarer satisfaire les conditions requises.
La certification HVE va faciliter l’accès aux aides éco-schèmes. L’accompagnement par un organisme tiers et la réalisation de l’audit reviendra au bas mot entre 1500 € et 2 000 € pour l’accès au niveau 3, mais le coût du premier rapport d’audit serait pris en charge par le plan de relance.
Selon Jonathan, l’enjeu en vaut cependant la chandelle. « Les agriculteurs ne doivent pas hésiter à solliciter leur chambre d’agriculture ou d’autres structures habilitées (1) pour être accompagnés et être certifiés. L’organisme retenu fera les calculs des critères nécessaires pour être certifié puis il réalisera un rapport qui sera remis à l’auditeur avant l’audit » explique l’ingénieur. Dans un premier temps, un rapport préliminaire fera un état des lieux de la situation et promulguera éventuellement les conseils à suivre pour être certifié.
La certification repose sur les pratiques culturales et la gestion des éléments semi-naturels adoptées sur l’exploitation auditée. Parfois, certaines sont en œuvre depuis des années. Citons par exemple l’implantation de haies.
Mais si la certification requiert des investissements, une partie de leur montant peut être financée par le plan de relance de l’économie française du gouvernement. Par exemple, les aides prendraient en partie en charges l’implantation de haies et d’alignements d’arbres ou encore, le renouvellement de matériels. Les exploitations certifiées HVE bénéficieront aussi de crédits d’impôts.
La certification acquise sera valable trois ans. Son renouvellement se fera en deux temps.
Deux ans après avoir été certifié, un audit intermédiaire sera réalisé pour faire un état de la situation depuis sa certification. Et les améliorations prodi- guées, à apporter d’ici la troisième année, ouvriront la voie pour obtenir de nouveau le sésame pour les trois années supplémentaires.
La ferme expérimentale de Boigneville est certifiée HVE niveau 3 par la voie A car elle satisfait l’ensemble de critères environnementaux requis.
Ces derniers sont répartis en quatre items (cf. encadré) et pour chacun d’eux, l’exploitation a obtenu une note supérieure à 10, condition sine qua none pour être certifiée.
Certains items valorisent des pratiques agricoles engagées depuis des années à des fins à la fois économiques et écologiques. Par exemple, une rotation diversifiée limite les prises de risques économiques et réduit le développement d’agresseurs et d’agents pathogènes.
Indépendamment de la certification, il est dans l’intérêt de n’importe quel agriculteur d’optimiser ses apports en azote. C’est bon pour le portefeuille et c’est bon pour l’environnement.
De même cultiver une prairie de luzerne rend l’exploitation plus autonome en azote, favorise la biodiversité et contribue à stocker du carbone organique dans le sol.
Les items reprennent aussi certains critères requis pour percevoir les aides PAC : un minimum de rotation, 5 % de la SAU en IAE etc. Globalement les exploitations situées dans des paysages très ouverts (absence de haies et de bosquets) seront moins avantagées que celles situées dans des paysages plus diversifiés comme par exemple les secteurs bocagers, car la part d’IAE y est plus importante. Toutefois, les situations défavorables peuvent compensées du fait de la présence de bandes enherbées le long des cours d’eau et par la mise en place de jachères fixes et mellifères.
La certification HVE, et par conséquent les aides éco-schèmes associées, valorisent des pratiques innovantes. Citons par exemple l’utilisation d’outils d’aides à la décision pour ajuster les apports d’engrais ou réduire la pression sur la ressource en eau. Dans ce dernier exemple, les agriculteurs irrigants qui utilisent un outil d’aide à la décision pour ajuster au mieux les apports d’eau aux conditions pédo- climatiques et aux besoins des plantes auront moins de peine à obtenir au moins une note de 10 sur l’item « Gestion de la ressource en eau ».
Mais obtenir au moins une note de 10 à l’item « Stratégie phytosanitaire », qui met en valeur la réduction de l’usage les produits phytosanitaires sur l’exploitation, est le défi le plus difficile à relever. A Boigneville, comme dans toutes les autres fermes.
Tout d’abord parce que, pour engranger des points, l’IFT (indice de fréquence de traitement) de l’exploitation doit faire partie des 70 % d’exploitations régionales les plus vertueuses.
Mais les bénéfices de certaines cultures ou pratiques agricoles sont transversaux. Les cultures de luzerne ou les jachères contribuent à la fois à gagner des points à l’item « stratégie phytosanitaire », « Gestion de la fertilisation » et à l’item « biodiversité ».
La certification HVE incite à modifier la conduite des exploitations et de leurs parcelles. Réduire l’IFT conduit à développer des techniques de désherbages mécaniques mais aussi à opter pour des variétés résistantes. Pour limiter les contaminations de produits phytosanitaires dues à la dérive pulvérisation, l’agriculteur devra s’équiper de buses à injection d’air, une mesure du reste qui permet d’avoir des points à l’item « stratégie phytosanitaire ».
(1) https://hve- asso.com/annuaire- des- organismes- daccompagnement/
Objectif : Favoriser la biodiversité sur l’exploitation par la présence d’habitats favorables (IAE) et diversifier les ressources alimentaires (diversité de culture notamment).
Objectif : favoriser la réduction de l’usage des produits phytosanitaires sur l’exploitation et éviter les fuites dans le milieu.
Objectif : réduire l’utilisation des intrants azotés et éviter les fuites dans le milieu. 4 – Gestion de la ressource en eau :
Objectif : Optimiser l’irrigation sur l’exploitation.
Dossier réalisé par Frédéric Hénin
Il n'y a pas de commentaires pour le moment. Soyez le premier à participer !
L’agriculture de conservation des sols c’est aussi l’agriculture de conservation de l’eau, du climat et de la biodiversité : https://www.instagram.com/tv/CYOLzIHoEwR/