Les conditions climatiques rendent difficiles l’implantation des céréales. Les semis tardifs sont exposés à des risques climatiques, mais peuvent encore être réalisés.
–stop–
La pluviométrie de cet automne est très élevée sur Rhône-Alpes (figure 1). Le sud de la région est particulièrement arrosé, avec des cumuls dépassant les 400 mm depuis début octobre sur le département de la Drôme par exemple.
Bien que la période sans pluie de la deuxième quinzaine d’octobre ait été favorable à la réalisation des semis, tout n’a pu être fait. Les nouvelles séquences pluvieuses de début novembre ne facilitent pas l’accès aux parcelles alors qu’il reste une bonne part de céréales à implanter. C’est le cas pour le blé dur, notamment dans le sud de la région, pour lequel 30 à 50 % de la sole n’est pas encore semée.
Figure 1 : cumul de pluie depuis début octobre
Indépendamment des conditions d’implantation qui peuvent être très moyennes à cause des cumuls d’eau récents, les semis tardifs induisent un certain nombre de risques climatiques pour les cultures :
• Une levée lente
La température est le principal moteur de la germination et de la levée : il faut en moyenne 150 degrés-jours en base 0 pour faire lever une céréale à paille (éventuellement plus pour des semis profonds ou des surfaces très motteuses). Cette phase peut facilement dépasser un mois pendant les périodes les plus froides de l’hiver.
• Excès d’eau pendant la germination
La germination est très sensible à l’ennoiement intégral, ou même à l’hydromorphie très marquée. Un semis tardif expose donc évidemment la culture à ce genre d’accident pendant une durée plus longue.
• Froid avant le stade tallage
La résistance au froid des cultures augmente progressivement au fur et à mesure de la vernalisation. Des plantules au stade coléoptile ou 1 feuille n’ont donc pas eu le temps de s’endurcir, et sont fragiles vis-à-vis d’une chute brutale des températures. Les semis tardifs s’exposent donc à des pertes de pied par gel des plantules. Dans le cas des sols soufflants, le déchaussement peut également être très préjudiciable ; il intervient souvent avant le stade tallage, lorsque le système racinaire est encore peu développé.
• Forte réduction du tallage
Si l’hiver est froid, la culture aura peu d’opportunités de taller avant le début de la montaison. Dans ces cas, le tallage se prolonge souvent après épi 1 cm et le taux de montée des tiges est correct, mais le peuplement épi peut quand même être affecté.
• Décalage de cycle
Le retard au semis ne sera en aucun cas comblé à la montaison et au remplissage (à variété égale) ; tout au plus, il sera réduit à une semaine ou 10 jours à épiaison, mais ceci peut être suffisant pour conduire à de fortes pénalités si le printemps est sec ou chaud. De plus, chaque phase d’élaboration du rendement sera raccourcie, limitant la mise en place de chaque composante.
A l’inverse, deux types d’accidents climatiques deviennent très improbables pour des semis tardifs :
• Gel hiver, selon le scénario de février 2012
Les cultures semées tardivement vont progressivement vernaliser pendant l’hiver, avec un niveau de résistance au froid croissant jusque février.
• Gel début montaison
Le décalage de cycle à épi 1 cm sera fort, sans doute équivalent à 2 semaines. Ce retard conduira le début de la montaison vers des périodes normalement plus douces.
Le potentiel de rendement sera affecté : un retard de 4 à 5 semaines par rapport à la date idéale peut entraîner une diminution du potentiel de 5 à 10 q/ha en fonction des conditions rencontrées en fin de cycle.
Pour le blé tendre, les semis sont encore possibles : les besoins de vernalisation seront respectés pour le panel de variétés habituellement utilisé dans la région. Si les semis n’ont pu se réaliser d’ici le 20 décembre, il faudra se poser la question du choix variétal.
Le blé dur a des besoins de vernalisation minimes, on peut donc l’implanter tardivement quelle que soit la variété. Il en est de même pour la majorité des blés tendres améliorants.
Il faut néanmoins prendre quelques précautions :
• La réalisation d’un lit de semences correct est la condition sine qua non pour envisager un semis afin d’assurer une qualité d’enracinement optimale. Mieux vaut retarder un semis que de le réaliser dans de mauvaises conditions.
• Les céréales à paille sont moins sensibles que d’autres cultures aux conditions froides à l’implantation, et peuvent mettre plusieurs semaines à lever sans trop de dommages, leur enracinement se met également en place sur une longue durée,
• La densité de semis sera adaptée à la tardiveté du semis : on sèmera de 350 grains/m² en sols favorables à 420 grains/m² en sols caillouteux ou humides. Ces densités pourront être majorées de 15-20 % si les conditions de semis sont vraiment très dégradées.
• Les graines seront positionnées à 3 cm de profondeur maxi, pour ne pas allonger encore la période semis – levée en semant trop profondément.
• Ne pas désherber en prélevée, on ajustera les interventions au vu des levées d’adventices.