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Céréales, des carences en manganèse exceptionnelles

Chaque année, nous insistons sur l’apparition des carences en manganèse et les moyens d’y remédier. Ce qui surprend pour cette campagne, c’est l’apparition très précoce de ces carences et leur intensité.

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En effet, des symptômes ont été observés dès le stade 3 feuilles des céréales, et certaines parcelles sont fortement touchées, voire détruites. Cette carence, généralement observée plutôt sur orge, concerne cette année l’ensemble des céréales.

Ce début de campagne est marqué par une pluviométrie très inférieure à la normale (65 % de la normale en Bretagne du 15/10 au 31/12/2015), ce qui a conduit au maintien de sols très aérés et peu rappuyés. Ces conditions sont très favorables à l’apparition de la carence en manganèse. De plus, le fort développement végétatif constaté actuellement a vraisemblablement conduit à une demande plus précoce.

Rappelons qu’il est indispensable d’intervenir très rapidement lorsque le constat est fait. Seul l’apport de manganèse peut limiter, voire supprimer les dégâts, si les apports sont réalisés sur des plantes ayant suffisamment de surface foliaire pour absorber le manganèse.

Cette carence est de plus en plus fréquente, en particulier dans les terres légères (soufflées, aérées) ou dans les sols acides dont le pH a été trop augmenté.

Des symptômes caractéristiques sur les plantes

Une bonne observation des symptômes doit suffire à caractériser la carence.

• Les vieilles feuilles sont les premières touchées, et sont le plus souvent entièrement desséchées. Attention, il s’agit bien de dessèchement, si les vieilles feuilles jaunissent, d’autres pistes doivent être explorées (carence en azote, piétin échaudage, ravageurs…).
Cette année, de l’oïdium est parfois observé dans les parcelles concernées par la carence. Cette maladie ne peut pas être responsable de tels symptômes et de la disparition des plantes.

• Lorsque la carence est précoce (donc grave), toutes les feuilles sont peu à peu atteintes et les plantes peuvent disparaître. C’est ce qu’il est observé cette année dans les situations où la carence n’a pas été contrôlée.

• Parfois, les plantes ont un port affaissé, flétri, mou. Elles s’écrasent au sol.


Des plantes sont entièrement desséchées, d’autres sont en cours de destruction. Il est urgent d’intervenir ! Triticale Orval – 28 01 2016 – Colpo (Morbihan)


Dessèchement caractéristique des vieilles feuilles. Triticale Vuka – 29 01 2016 – Melrand (Morbihan)

Une carence fréquemment observée en sols soufflés ou avec des pH trop élevés

Comme toutes les carences, les plantes atteintes sont le plus souvent réparties en foyers irréguliers. Cette année, il est fréquent d’observer des parcelles entièrement touchées, ce qui est assez inhabituel.

• Les zones où le sol est soufflé, aéré sont plus touchées. En effet, le manganèse a la particularité de changer rapidement de biodisponibilité en fonction des conditions d’aération du sol. Dans les sols aérés, le manganèse peut s’oxyder et devient alors non disponible pour les plantes.

• Les symptômes peuvent être aussi localisés en bandes liées au travail du sol et/ou aux passages de roues. La végétation est souvent plus verte sur les zones tassées (tournières, passages de roues).

Signalons également que les sols dont les pH eau sont trop élevés (pH eau > 7) conduisent également à des blocages de manganèse. Ils accentuent l’apparition rapide de la carence.

L’analyse de terre est peu prédictive compte tenu du changement rapide de biodisponibilité du manganèse dans le sol. Ce sont surtout les conditions d’aération du sol qui conditionnent l’apparition de la carence.

Attention, le roulage du sol peut parfois atténuer la carence, mais ne la supprime pas.


Présence de foyers, symptômes moins marqués dans les zones rappuyées : c’est une carence en manganèse ! Orge – 29 01 2016 – Langonnet (Morbihan)

Apporter 500 g de manganèse dès que possible et renouveler l’apport

Les applications foliaires sont efficaces si on intervient rapidement dès l’apparition des symptômes. Tous les produits sont équivalents, à condition d’apporter par passage, la dose de 500 g/ha de manganèse minimum. Il est préférable d’épandre des engrais foliaires contenant uniquement du manganèse.

Concernant la dose et les dates d’apport :
• 500 g/ha de manganèse métal au début de l’apparition des symptômes qui peut être dès le stade 3 feuilles (dans les cas les plus graves).
• Renouveler l’apport 3 semaines à un mois après le premier apport si le doute subsiste, ou lorsque la carence est de forte intensité.
• En cas de carence grave, trois apports peuvent être nécessaires, le troisième sera réalisé courant montaison.

 

Sabine BATTEGAY, Eric MASSON, Michel MOQUET, Benjamin POINTEREAU (Arvalis – Institut du végétal)

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