La FAO évalue à 784 MT de blé la production mondiale de blé pour la campagne 2022-2023. Elle progresserait de 1,1 % sur un an. Seule une production mondiale massive de maïs permettrait de détendre les prix des céréales. Or aux Etats-Unis, la céréale est concurrencée par la soja moins coûteux à produire.
La Food Alimentation Organisation (FAO) est relativement optimiste. L’organisation des Nations Unie n’a révisé qu’à la marge ses prévisions de production de blé pour la prochaine campagne 2022-2023 en prenant en compte le retrait contraint de l’Ukraine en guerre contre la Russie. L’institution table sur une production mondiale de blé de 784 millions de tonnes. Elle progresserait ainsi de 1,1 % sur un an.
Cette nouvelle estimation repose sur une production de blé ukrainienne inférieure à la moyenne quinquennale. Des cultures ont été détruites et des champs sont impraticables.
« Au moins 20 pour cent de la superficie ensemencée en hiver pourraient ne pas être récoltées en raison de la destruction directe, d’un accès limité ou d’un manque de ressources pour récolter les cultures », écrit la FAO.
La prévision de la FAO prend en compte le bon état des cultures des céréales à la sortie de l’hiver en Russie. L’organisation anticipe ainsi une production russe de blé supérieure à la moyenne quinquennale.
Mais le site sevecon.ru rapporte les difficultés rencontrées par les agriculteurs russes pour semer leurs cultures de printemps.
Il manque un tiers de la quantité nécessaire de semences de maïs hybrides pour emblaver leurs champs. La guerre en Ukraine en a gelé les importations.
Au ministère russe de l’agriculture, on mesure l’urgence de lancer une filière semencière pour rendre le pays plus autonome.
En cette fin de campagne 2021-2022, la paralysie d’une grande partie du trafic maritime dans la Mer Noire et les prix très élevés, voire inabordables du blé, affecteront les échanges commerciaux de la céréale, selon toujours la FAO. 189 Mt de blé seraient exportées d’ici la fin du mois de juin soit 5 Mt de moins qu’escompté par la FAO dans son bulletin conjoncturel le mois passé. Des pays exportateurs ne compenseront qu’en partie le retrait de l’Ukraine de la scène internationale.
Dans l’état actuel des choses, l’équilibre des marchés des céréales tient à un fil. Il n’existe aucune marge pour compenser le moindre accident climatique qui générerait une baisse significative de la production de céréales disponible à l’export.
Même si la guerre en Ukraine cesse rapidement, la remise en état des ports de la Mer Noire nécessitera de longs mois. En attendant, l’équivalent de 7 millions de tonnes de céréales et d’oléoprotéagineux ne sont plus exportées chaque mois
Actuellement, les expéditions ukrainiennes de céréales ne se font actuellement que par voies ferroviaires ou par camions, selon Sergey Feofilov directeur de l’agence de conseil UkrAgroConsult. Elles portent sur des volumes bien plus faibles.
« Le mois passé, seules 800 000 t de grains auraient été chargées vers la Roumanie, la Slovaquie, la Pologne et la Hongrie », affirme le ministre ukrainien de l’Agriculture.
D’ici la prochaine récolte, le prix de la tonne de blé pourrait s’assagir et se stabiliser autour de 300 € la tonne, selon Laurent Berthelier, directeur trading et trituration de Feed Alliance. Le 7 avril dernier, il intervenait à la Journée des matières premières 2022 organisée par l’Aftaa.
Le soja concurrence le maïs
Mais la planète a besoin de maïs. Aussi, les cours des céréales évolueront avant tout en fonction des quantités de maïs qui seront récoltées au cours des douze prochains dans l’hémisphère sud puis dans l’hémisphère nord.
Pourtant les farmers étasuniens seraient tentés de semer du soja aux dépens du maïs, moins exigeant en azote pour se développer. A la fin du mois de mars, l’USDA, l’institut de statistiques américain estimait qu’entre 35 et 36 millions d’hectares de soja pourraient être plantés ce printemps.
Dans le même temps, le prix attractif du bioéthanol de maïs et l’absence de l’Ukraine à l’export pourraient inciter ces mêmes farmers à revoir leurs choix lorsqu’ils s’apprêteront à semer leurs champs.
Or selon le ministre ukrainien de l’agriculture, Mykola Solskyi, la superficie de maïs cultivée cette année serait réduite d’un tiers comparée à celle de l’an passé. Les soldats russes auraient détruit une partie des semences maïs disponibles et des infrastructures logistiques nécessaires à la production.
Légende photo: champ de maïs et de soja aux Etats-Unis (@Oleksandr)