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Blé tendre, un bilan 2017-2018 décevant pour les exportations vers les pays tiers

A contrario des exportations de blé tendre vers l’Union Européenne, celles vers les pays tiers ont été décevantes pour l’origine française avec à peine un peu plus de 8 millions de tonnes (Mt) en 2017/18, contre 12 Mt en moyenne triennale. Pourtant, la situation était bien différente de celle de la campagne précédente où les volumes avaient fortement été réduits et la qualité impactée. La récolte 2017 a été bonne en qualité et en quantité.

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Un volume record chez nos concurrents et une parité monétaire défavorable à l’origine française

La raison est plutôt à aller chercher sur le marché international où nos principaux concurrents ont tapé très fort. A commencer par la Russie qui a produit plus de 85 Mt et exporté près de 40 Mt… soit 30 % de plus que l’année précédente. L’Ukraine et les pays de l’Est européen ont également réalisé une très belle performance. L’Argentine, arrivée en seconde partie de campagne, devrait exporter près de 13 Mt, un volume également record pour le pays.

Qui plus est, le taux de parité euro/dollar a été peu favorable pour l’origine française sur une bonne partie de la campagne, alors même que les monnaies russe, ukrainienne et argentine évoluaient en sens inverse, pénalisant ainsi la compétitivité de l’origine française.

Ainsi, les volumes disponibles au niveau mondial ont mis à mal la compétitivité des blés français qui ont eu du mal à s’imposer chez ses clients traditionnels, à l’exception de l’Algérie.

Maroc, la concurrence ukrainienne est rude

Le Maroc a importé 3 Mt de blé tendre sur la campagne 2017/18, soit sensiblement moins que la moyenne triennale à 3,8 Mt, les opérateurs ayant renoncé à constituer des stocks très importants en fin de campagne. La France, qui représentait traditionnellement 50 % des importations du royaume, aura exporté 900 kt. Pour la seconde année consécutive, c’est l’Ukraine qui ravit la première place avec 1 Mt exportées.

En termes de qualité, l’Ukraine se place sur le même segment que le blé tendre français (figure 2), servant de base à la maquette des meuniers marocains (figure 1).

Les autres origines, comme les blés américains ou russes ne rentrent pas directement en concurrence avec les blés français puisqu’ils servent de blé améliorant grâce à leur niveau de protéines plus élevé.

Figure 1 : maquette type des meuniers marocains

(Source : France Export Céréales)

Algérie, le blé français retrouve des couleurs

Après une campagne 2016/17 en demi-teinte, le blé français retrouve des couleurs en Algérie. Près de 4,4 Mt ont été exportées vers cette destination en 2017/18, un chiffre équivalent à la moyenne quinquennale.

La concurrence est surtout venue de l’Argentine, pays qui revient en force sur le devant de la scène internationale après quelques années de disette suite à la libéralisation des importations. Les pays de la mer Noire ne sont présents qu’au niveau des importations de blé fourrager puisque le taux de grains punaisés/piqués dans le cahier des charges actuel de l’OAIC les empêche de pénétrer le marché du blé meunier.

Figure 2 : évolution des parts de marché des blés russes chez les clients traditionnels des blés français durant les trois dernières campagnes

(Source : France Export Céréales)

Egypte, domination sans conteste des origines mer Noire

Un seul bateau de blé français de 60 kt aura été livré au tout début de la campagne en Egypte. L’origine française n’aura pas réussi à concurrencer les blés de la mer Noire et notamment ceux de la Russie qui ont été tout au long de la campagne moins chers et mieux adaptés au cahier des charge que les blés français. Le marché égyptien est en effet à leurs portes. Qui plus est, le comportement des autorités égyptiennes en matière phytosanitaire n’a pas motivé les opérateurs travaillant avec l’origine française.

Sur les 12 Mt de blé tendre importées par l’Egypte, 8,6 Mt proviennent de la Russie, 1,6 Mt de l’Ukraine et 1 Mt de la Roumanie.

Afrique de l’Ouest, la mer Noire s’installe au détriment du blé français

Sur ses marchés africains, la France peine à retrouver le chemin de ses clients. Et pour cause, les origines russes et ukrainiennes, qui sont entrées en force lors de la campagne 2016/17, ont su séduire les meuniers subsahariens. Leur qualité, avec des protéines élevées, aux alentours de 12,5 % et une humidité basse, en font de sérieux concurrents. La France reste cependant présente et toujours appréciée pour sa qualité et son accompagnement à l’export.

Arabie Saoudite, la bonne qualité française à l’honneur

Grâce à la bonne qualité de la récolte 2017 et un taux de protéines élevé, la France a pu répondre aux appels d’offre de la Sago, l’acheteur d’Etat saoudien, qui exige dans son cahier des charges un taux de protéines supérieur à 12,5 %. Comme l’Allemagne et la Pologne, traditionnels fournisseurs de blé tendre de l’Arabie Saoudite, ont eu des récoltes 2017 moins bonnes que d’ordinaire en qualité, la France a saisi l’occasion et exporté plus de 600 kt sur la campagne 2017/18.

Ainsi la France a représenté près de 20 % des importations du pays, un niveau jamais atteint pour cette destination.
 

Margaux Verdier (France Export Céréales)

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