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Blé tendre, la période de risque vis-à-vis des ravageurs de fin de cycle commence

Pucerons et cécidomyies sont actuellement présents dans les parcelles de blé tendre dont les stades s’échelonnent entre dernière feuille dégainée et gonflement, voire début épiaison pour les plus précoces. Rappels des informations techniques à connaître pour raisonner la protection des parcelles.

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Le puceron des épis (Sitobion avenae)

Depuis l’automne, les pucerons n’ont jamais quitté les parcelles, en raison d’un automne et d’un hiver très doux. En sortie d’hiver, les conséquences de leur présence se sont vite montrées : des symptômes plus ou moins marqués de jaunisse nanisante de l’orge (JNO) sont apparus dans de nombreuses parcelles d’orge et de blé tendre. Depuis le printemps, nous observons des pucerons sur feuille ou sur tiges. Seule l’espèce Sitobion avenae est présente sur épis et peut engendrer des pertes de rendement (jusqu’à 30 q/ha !) par diminution des PMG et du nombre de grains par épi en cas de forte attaque.

Figure 1 : quelques éléments de reconnaissance du puceron sur épi

En cas de présence sur épi, intervenir à partir de l’épiaison

Que les pucerons soient déjà présents sur feuilles ou non, la lutte commence par une observation attentive des parcelles pour décider de l’opportunité d’un traitement. Cette observation, qui débute à l’épiaison et se poursuit jusqu’au stade grain laiteux-pâteux, doit être régulière (au minimum deux fois par semaine) car la croissance des populations peut être rapide.

Le pourcentage d’épis colonisés est un indicateur simple et pertinent pour décider d’une intervention : un épi sur deux est colonisé avec la présence d’au moins 1 puceron entre le stade épiaison et grain laiteux du blé tendre

Un traitement au seuil est efficace avec la plupart des produits (pyréthrinoïdes). Si le seuil est à nouveau dépassé au-delà de 10 jours après le premier traitement, un nouveau traitement s’impose si le stade grain pâteux n’est pas dépassé.

Attention aux délais avant récolte (DAR) en cas de traitement tardif, ils sont variables entre produits.

D’une façon globale, les attaques tardives sont les moins nuisibles mais c’est surtout le nombre maximum de pucerons par épis qui détermine la gravité de l’attaque.

A noter que pour les parcelles présentant aujourd’hui de la JNO, que ce soit sur blé tendre ou orge d’hiver, il est possible d’utiliser les semences récoltées en semences de ferme. Malgré la présence du virus dans la plante, il n’y a pas de transmission du virus à la semence.

La cécidomyie orange (Sitodiplosis mosellana)

Les cécidomyies se développent entre l’épiaison et la floraison des céréales à paille et de préférence lorsque le vent est inférieur à 7 km/h en soirée et des temps lourds (humidité et température supérieure à 15°C).

Il existe deux espèces de cécidomyies qui peuvent s’attaquer aux fleurs de blé : Contarinia tritici (cécidomyie jaune) et Sitodiplosis mosellana (cécidomyie orange).

Figure 2 : quelques éléments de reconnaissance des espèces de cécidomyies

La nuisibilité des cécidomyies est non négligeable et peut atteindre 1 q/ha en présence d’une larve par épi.

Piéger pour décider

Pour les variétés sensibles, le seuil d’intervention est basé sur un nombre de captures d’adultes par jour. Chaque soirée de captures est indépendante de la précédente. Le piégeage est alors représentatif de la population : s’il y a beaucoup de captures un soir, cela correspond à une activité importante ce soir-là.

Comment utiliser les cuvettes jaunes dans le blé :
• 2 cuvettes par parcelle à partir du stade gaine éclatée.
• Haut de la cuvette à positionner à la base des épis.
• Relevé tous les 2 jours, le matin (ou soir), jusqu’à l’apparition des cécidomyies.
• Dès l’apparition des captures, relevé journalier le matin (ou soir).
• Si 10 cécidomyies orange en moyenne / cuvette / 24H : observer le soir.
• Si cécidomyies en position de ponte (conditions : temps orageux, chaud, vent faible) : traitement le soir même (efficacité par contact).

Les traitements insecticides peuvent être réalisé si :
• Variété entre le stade épiaison à floraison.
• Climat en soirée : vent < 7 km/h et temps lourd et orageux.
• Observation en soirée de la présence de cécidomyies en activité de ponte et qui s’envolent lorsqu’on agite l’épi OU plus de 10 cécidomyies observées en vol dans le champ du regard.

La résistance variétale à la cécidomyie orange offre une bonne protection

Dans les situations à forte infestation par les cécidomyies orange, l’utilisation de variétés tolérantes est de loin la solution la plus efficace. Elle est à privilégier notamment dans les parcelles ayant subi des attaques par le passé ou limitrophes de parcelles touchées. Les cécidomyies orange ne se déplacent pas sur de grandes distances mais peuvent, en se laissant porter par les vents, parcourir plusieurs centaines de mètres.

Atention : même sur une variété résistante, les cécidomyies peuvent pondre. Mais la plante produit une toxine qui va faire mourir les jeunes larves.

Remarque : le caractère résistant de ces variétés ne présage pas leur comportement face à l’autre cécidomyie du blé : la cécidomyie jaune.

 

Delphine Cast, Elodie Jouanneau (Arvalis – Institut du végétal)

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