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Blé, les besoins en azote croissent mais il ne pleut pas

Les blés entrent aujourd’hui dans une étape importante de leur cycle avec un accroissement progressif des besoins en azote. Les seconds apports d’azote s’effectuent dans les situations les plus précoces dans un contexte de sécheresse peu favorable à leur efficacité. Dans les situations plus tardives, attendre une prévision pluvieuse.

–stop–

Ensuite, viendra le temps de l’apport entre 2 nœuds et gonflement, gage de teneur en protéines mais aussi de rendement … mais pas d’urgence en la matière.

S’adapter au climat de l’instant pour le deuxième apport d’azote, dans les situations tardives

Le stade épi 1 cm est un repère agronomique simple et pratique, en particulier pour caler un apport d’azote. Il correspond habituellement à deux évènements concomitants pour la plante : l’allongement des entre-nœuds et la différenciation de l’épi. Cependant, dans certains cas particuliers, l’allongement des entre-nœuds peut se réaliser alors que l’épi n’est pas encore différencié. C’est en particulier ce qui arrive cette année dans les situations de semis précoce avec des densités de plantes et de talles élevées.

Observé à la loupe binoculaire, l’épi présente des épillets non encore différenciés (photo 1) contrairement à un stade épi 1cm classique (photo 2)

Photo 1 : stade double ride. (épi 1cm « anormalement » précoce)

Photo 2 : stade de glumes différenciées (épi 1cm « classique »)

Echelle : 0,5 mm

Echelle : 0,5 mm


Pour les situations plus tardives, rencontrées en particulier sur la Plateaux de Côte d’Or, l’arrivée du stade épi 1 cm n’est pas prévue avant le 25 mars.

Dans ces conditions, pas d’urgence pour réaliser le second apport d’azote :

  • Pas vraiment de pluies prévues au cours des jours à venir pour valoriser un apport d’engrais.
  • Appliquer dans les conditions de sec et de vent d’est actuelles de l’azote liquide c’est prendre le risque de voir se volatiliser une partie de l’apport.
  • Si le sec perdure, fractionner en deux un apport d’azote liquide, un peu avant épi 1 cm puis après.

Comment observer le stade épi 1 cm ?

Sur 20 plantes successives sur le rang :

– Sectionner le maître brin et fendre la tige dans le sens de la longueur.

– Mesurer avec un décimètre la distance (en mm) entre le sommet de l’épi et le plateau de tallage défini par le point d’insertion de la première feuille, juste au-dessus du niveau d’insertion des premières racines ou des bourgeons racinaires.

– Réaliser la moyenne des mesures en mm.

Le stade est atteint quand la distance moyenne du sommet de l’épi au plateau de tallage est supérieure ou égale à 10 mm

 

Un troisième, voire un quatrième apport d’azote pour les protéines et le rendement

A partir du stade épi 1 cm, les besoins en azote du blé augmentent rapidement pour accompagner une évolution de la biomasse, au cours de deux mois à venir, de 1.5 t/ha à environ 10 t/ha. Entre le stade 2 nœuds et le gonflement, l’engrais est généralement bien valorisé, donc le blé peut absorber jusqu’à 7 kg d’azote par hectare et par jour !

Afin d’accompagner cette croissance de la plante ainsi que de sécuriser la teneur en protéines des futurs grains, un à deux apports d’azote sont bénéfiques entre le stade 2 nœuds et le gonflement. A partir du stade 2 nœuds, et pas avant, les fleurs (soit les futurs grains) s’installent dans les épillets et jusqu’au gonflement, les feuilles s’enrichissent en azote, sources des futures protéines qui seront transférées dans les grains.


Figure 1 : effet du positionnement du troisième apport d’azote sur le rendement et la teneur en protéines



Source : Blé Objectif Protéines 21


cliquer sur l’image pour l’agrandir

Quelle dose d’azote apporter entre 2 nœuds et gonflement ?

Les stratégies sont multiples :

  • La quantité réservée au stade épi 1 cm prise sur la dose totale calculée a priori.
  • La quantité recommandée par un outil de pilotage de la fertilisation azotée qui, dans le meilleur des cas, pourra emmener la dose totale au-delà de ce qui avait été calculé a priori.
  • Pour des doses prévues ou recommandées supérieures à 60 un./ha, fractionner en 2 apports sur la période 2 nœuds à gonflement. C’est aussi une méthode pour répartir les risques.

A quel moment fertiliser ?

Afin d’assurer le meilleur compromis rendement x teneur en protéines, si on devait retenir un stade, ce serait le stade dernière feuille pointante. En pratique, c’est avant période pluvieuse prévue, le moins tôt possible, soit sûrement après le stade 2 nœuds.

Dans la majorité des situations de Côte d’Or, la date médiane d’arrivée du stade 2 nœuds c’est le 20 avril pour les situations précoces jusqu’au 30 avril pour les plus tardives.

En 2015, dans la mesure où la majorité des parcelles vont faire leur stade à épi 1 cm à une date proche de la médiane de ces 20 dernières années, force est d’imaginer une date du troisième apport :

  • Entre le 25 avril et le 5 mai 2015 pour les situations précoces de plaines.
  • Entre le 30 avril et le 10 mai 2015 pour les situations tardives de plateaux.

Au cours de ces périodes, la probabilité de cumuler 15 mm dans les 15 jours pour valoriser l’azote est élevée, alors que c’est beaucoup moins vrai avant le 15 avril.


Figure 2 : probabilité d’observer plus de 15 mm dans les 15 jours suivants jusqu’au 31 mai



 

Avec quelle forme d’azote ?

Ce troisième apport se révèle être très efficace car il intervient après la régression des talles inutiles. Le transfert d’azote vers les feuilles du haut, les épis, puis les grains est plus rapide. Le résultat sera d’autant plus facilement acquis que la forme de l’engrais sera bien valorisée. De ce point de vue là, l’ammonitrate est la forme d’engrais la plus efficace pour le ou les apport(s) réalisés entre 2 nœuds et gonflement du blé.


Article rédigé avec les partenaires de « Blé Objectif Protéines 21 » (BOP) : C.BOULLY (Bourgogne du Sud), M.MIMEAU (Dijon Céréales), M.PAGEOT (Ets Bresson), L.PELCE (Arvalis), A.PETIT (SeineYonne), et D.RONGET (CA 21).

Luc PELCE (ARVALIS – Institut du végétal)

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