Les clients historiques du blé français pour la campagne 2018/19 devraient importer près de 40 millions de tonnes, soit un niveau constant par rapport à la campagne précédente. Même si les besoins sont bien là et que la mer Noire aurait un disponible exportable en-deçà de celui de la campagne 2017/18, la concurrence devrait rester importante sur cette partie du globe.
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Pour la campagne qui s’ouvre, la France devra se battre pour espérer exporter entre 8 et 10 Mt vers ses clients historiques (figure 1).
Figure 1 : prévisions des importations de blé tendre chez les clients historiques du blé français
Source : France Export Céréales
L’Egypte, premier importateur mondial, devrait une nouvelle fois importer près de 12,5 Mt. Les origines russes, ukrainiennes et roumaines, compétitives et favorisées par leur proximité géographique, devraient capter la plus grosse partie des besoins. La France pourrait néanmoins saisir des opportunités au cours de la campagne et y exporter quelques Panamax (bateau de 60 000 tonnes).
L’Algérie devrait importer un volume stable de blé tendre pour approvisionner ses moulins, étant donné que ses importations ne dépendent que très peu de la production locale qui est majoritairement autoconsommée.
Ainsi, les prévisions d’achats pour la campagne 2018/19 devrait être de l’ordre de 6,6 Mt dont une importante partie devrait provenir des ports français, potentiellement autour des 4,5 Mt.
En effet, les pays de la mer Noire ne sont présents qu’au niveau des importations de blé fourrager puisque le taux de grains punaisés/piqués dans le cahier des charges actuel de l’OAIC les empêche de pénétrer le marché du blé meunier.
Reste à surveiller sur la seconde partie de campagne les blés argentins. Il est encore tôt pour présager d’un chiffre de production pour 2018, mais il se pourrait, au regard des surfaces semées, que la production atteigne un niveau record. Si c’est le cas, l’Argentine pourrait être très agressive à l’export dès le mois de janvier afin d’éviter d’engranger trop de stocks.
Au Maroc, grâce à des pluies en quantité et bien réparties dans l’espace et dans le temps, la récolte 2018 de blé tendre est estimée autour des 4,8 Mt. Mais la collecte reste relativement faible, en dessous de 2 Mt. En plus, la qualité n’est pas au rendez-vous, les blés manquent de protéines. Ainsi, les meuniers marocains vont devoir s’approvisionner sur le marché international. Les besoins pour la campagne 2018/19 sont estimés entre 3 et 3,5 Mt.
Pour protéger sa récolte nationale, le Maroc bloque pour le moment les importations à l’aide de droits de douanes dissuasifs. Il a été annoncé que les frontières seraient a priori ouvertes à partir de novembre. A l’aube de cette nouvelle campagne, la France a tout à gagner et nous espérons qu’elle retrouve une présence supérieure à 40 % dans les livres marocains. Mais pour cela, elle devra être présente dès le début de la campagne avec des prix et des qualités permettant de concurrencer notamment l’Ukraine. L’an passé, les blés ukrainiens ont séduit de plus en plus les industriels locaux.
L’Afrique de l’Ouest devrait importer un peu plus de 9 Mt de blé tendre. Sur ce volume, la France y exportait traditionnellement entre 2 et 2,5 Mt. Cependant, elle a perdu d’importantes parts de marché suite à la mauvaise récolte 2016, notamment au profit des blés de la mer Noire. Ainsi sur les deux dernières campagnes, la France n’a pu su retrouver ses parts de marché.
Pour 2018/19, la concurrence va continuer d’être importante sur ces pays, même si la pression russe devrait se relâcher au regard de leurs prévisions d’exportations en baisse. Si la très bonne production argentine se confirme, on pourrait également les retrouver sur cette zone.
Par Antoine Jeandey
Journaliste professionnel depuis 1987. Rédacteur en chef de WikiAgri depuis sa création, en janvier 2012. Par ailleurs élu, adjoint au maire de Chaudon (commune rurale d'Eure-et-Loir, 1700 habitants). Co-auteur (avec Camille Beaurain) de "Tu m'as laissée en vie - Suicide paysan, veuve à 24 ans" paru au Cherche Midi éditeur. 
